Emploi: En Chine, la peur du chômage hante la jeunesse

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EmploiEn Chine, la peur du chômage hante la jeunesse

En juin, 21% des 16-24 ans cherchaient un emploi, selon les données officielles. Les chiffres de juillet n’ont pas été communiqués.

Les chiffres du mois de juin sont critiques. Ils n’incluent pourtant pas encore les plus de 11 millions de nouveaux diplômés cet été.

Les chiffres du mois de juin sont critiques. Ils n’incluent pourtant pas encore les plus de 11 millions de nouveaux diplômés cet été.

AFP

Fraîchement diplômée, qualifiée mais sans emploi: comme nombre de Chinois de sa génération, Zhang désespère de trouver un poste, au moment où le chômage des jeunes en Chine atteint un niveau tel que les autorités ont suspendu la publication des chiffres. Selon les dernières données officielles datant du mois de juin, quelque 21% des 16-24 ans étaient à la recherche d’un emploi dans la deuxième économie mondiale. Un chiffre sous-estimé selon certains analystes mais qui constituait déjà un niveau record, avant même l’arrivée sur le marché du travail cet été de plus de 11 millions de nouveaux diplômés de l’enseignement supérieur.

Le détail pour le mois de juillet n’est pas connu: la Chine a suspendu cette semaine la publication de ses données pour les jeunes, citant la nécessité «d’ajuster» sa méthodologie.

Malgré l’envoi de centaines de CV ces derniers mois, Zhang n’a pas réussi à trouver d’emploi dans son domaine, la psychologie. Ironie du sort: la jeune femme de 23 ans a justement réalisé durant ses études une enquête sur l’anxiété liée à la recherche d’emploi. «Je découvre que la pression est vraiment énorme», confie à l’AFP cette Pékinoise rencontrée samedi dans les allées d’un salon de l’emploi. «Sur dix CV envoyés, je ne reçois qu’une seule réponse», déplore Zhang, qui n’a pas souhaité donner son nom complet par peur de représailles.

Angoisse et regrets

L’humeur des jeunes rencontrés cette semaine par l’AFP confirme la morosité du marché de l’emploi en Chine.  Yang Yao se dit déçu de n’avoir rien trouvé comme offre malgré son expérience dans le secteur des médias.  Seuls des postes peu rémunérés dans la vente et l’administration sont à pourvoir, observe le jeune homme de 21 ans rongé par l’angoisse après plusieurs semaines de recherches infructueuses.

«Tous les soirs, je suis inquiet: si je ne trouve pas de travail comment vais-je faire pour payer mes factures? Je n’en dors pas la nuit», indique à l’AFP Yang Yao, qui regrette d’avoir quitté un emploi près de Shanghai pour se rapprocher de sa famille à Pékin, à 1200 kilomètres plus au nord.

Les «faiblesses» de l’économie «se répercutent sur le marché du travail», relève l’économiste Jing Liu, de la banque HSBC. Après un bref rebond en début d’année consécutif à la levée des restrictions sanitaires qui pénalisaient lourdement l’activité depuis 2020, la croissance chinoise s’essouffle désormais. Du premier au deuxième trimestre 2023, le PIB de la Chine a progressé de seulement 0,8%, au moment où la croissance est fragilisée par une confiance en berne des consommateurs et les déboires de plusieurs promoteurs ultra endettés.

L’immobilier a longtemps été pour la croissance en Chine un moteur-clé, galvanisé par une frénésie d’achat dans la pierre considérée par les Chinois comme un moyen sûr de faire fructifier son épargne. Ce secteur est aujourd’hui déprimé et il n’est pas le seul.

«Pas de limite»

Après trois ans de restrictions sanitaires qui ont échaudé le secteur privé, les entreprises sont aujourd’hui en mode «survie», indique à l’AFP Xie Wei, chargé du recrutement dans une entreprise de télécommunication. Elles sont donc «plus sélectives» lorsqu’il s’agit d’embaucher, insiste M. Xie.

Ce constat n’est toutefois pas représentatif. Au salon de l’emploi visité samedi par l’AFP, plus d’un tiers des stands étaient occupés par des compagnies d’assurance, avides de nouveaux profils. «Davantage de profils intéressants» tentent à présent leur chance dans les assurances après des vagues de licenciements dans d’autres secteurs, remarque Mme Yang, commerciale d’une quarantaine d’années. Dans ce contexte, «on n’a pas de limite en termes de nombre de personnes à recruter», affirme-t-elle à l’AFP. «On peut toujours augmenter nos effectifs».

(AFP)

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