AsieLa Corée du Nord prévient du lancement imminent d’un satellite
Pyongyang a prévenu Tokyo d’une troisième tentative de lancement, entre mercredi et le 1er décembre, d’un satellite militaire.
La Corée du Nord a informé le Japon de son intention de lancer un satellite dès mercredi selon Tokyo, défiant ainsi les avertissements de Séoul et les résolutions des Nations unies interdisant à Pyongyang d’utiliser des technologies de missiles balistiques.
Cette possible nouvelle tentative de lancement, qui pourrait intervenir entre mercredi et le 1er décembre selon l’agence des garde-côtes japonais, serait la troisième, après deux échecs de mise en orbite d’un satellite militaire en mai et en août derniers.
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a annoncé mardi matin avoir donné instruction à ses ministres et aux agences gouvernementales «de faire le maximum pour recueillir des informations et les transmettre à la population japonaise, de demander l’annulation du lancement en coopération avec les pays concernés et de faire le maximum pour se préparer à des situations imprévisibles». Toute utilisation de la technologie des missiles balistiques constituerait une violation des résolutions des Nations unies, a-t-il averti, ajoutant que le Japon coordonnait sa réponse avec la Corée du Sud et les États-Unis, ses partenaires dans le cadre d’un accord de défense trilatéral.
Lundi, l’armée sud-coréenne avait mis en garde la Corée du Nord pour qu’elle cesse «immédiatement» ses préparatifs pour le lancement d’un satellite espion, prévenant Pyongyang qu’elle prendrait «les mesures nécessaires» le cas échéant. Et début novembre, les services de renseignement de Séoul avaient estimé que Pyongyang en était aux dernières étapes des préparatifs de sa troisième tentative.
Rapprochement avec Moscou
Le ministre sud-coréen de la Défense, Shin Won-sik, avait affirmé dimanche que le décollage pourrait avoir lieu dès cette semaine. «Nous conseillons fermement à la Corée du Nord (…) de suspendre immédiatement les préparatifs en cours pour le lancement d’un satellite espion militaire», a mis en garde lundi Kang Hopil, directeur des opérations de l’état-major interarmées. «Si la Corée du Nord procède au lancement d’un satellite de reconnaissance militaire malgré notre avertissement, notre armée prendra les mesures nécessaires pour garantir la vie et la sécurité de la population», a-t-il ajouté.
Après une deuxième tentative ratée en août, Pyongyang avait annoncé qu’il procéderait au troisième lancement en octobre, mais celui-ci ne s’était pas produit.
La Corée du Nord, dont le récent rapprochement avec la Russie inquiète les États-Unis et ses alliés sud-coréen et japonais, fournit par ailleurs selon Séoul des armes à Moscou en échange de technologies spatiales russes visant à mettre en orbite un satellite d’espionnage militaire. Début novembre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait dénoncé les liens militaires «croissants et dangereux» entre Pyongyang et Moscou, à l’issue d’une visite en Corée du Sud.
Les analystes estiment qu’il existe une coïncidence technologique importante entre les capacités de lancement spatial et le développement de missiles balistiques, dont Pyongyang a été interdit en vertu de multiples sanctions de l’ONU.
La Corée du Nord a procédé cette année à un nombre record d’essais d’armes, en dépit des sanctions internationales et des mises en garde des États-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés. Elle a également déclaré «irréversible» son statut de puissance nucléaire. La semaine dernière, elle a déclaré avoir effectué avec succès des essais au sol d’un «nouveau type» de moteur à combustible solide pour ses missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) interdits, les qualifiant d’étape cruciale dans «le contexte grave et instable en matière de sécurité».