Basketball: Humeur: faites le pour vous, pour la Suisse, mais surtout pour Westher

C’est une lettre qui retourne le bide et fend le cœur. Son timing, à quelques jours d’un événement majeur pour le basket suisse, peut interpeller. Mais s’il y en a un qui avait le droit de vider son sac, c’est lui. Dans l’instant, on a essayé un tant soit peu d’effleurer l’état de tristesse de Westher Molteni mais surtout la détresse d’un homme. Paraît-il que des larmes ont imbibé ses yeux lorsqu’il a pris la plume sur ses réseaux sociaux. On veut bien le croire sur parole.

Après une décennie à dédier sa vie au 3x3 et cinq dernières années totalement orientées vers les Jeux olympiques de Paris 2024, Molteni n’est pas monté dans l’avion qui a emmené le groupe helvétique à Debrecen, en Hongrie, théâtre du dernier tournoi de qualifications pour les JO de l’été. Ses deux copains du Team Lausanne, Gilles Martin et Marco Lehmann, oui. Et ils étaient accompagnés de deux athlètes du Team Fribourg, Jonathan Dubas et Natan Jurkovitz.

On en entend déjà certains dire que Molteni a été sacrifié car les personnes au pouvoir sont incompétentes. En attendant ce week-end, il va falloir leur laisser le bénéfice du doute. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il fallait avoir une sacrée paire de c… pour prendre cette décision. La fédération s’est fortement exposée et on espère qu’elle savait dans quoi elle mettait les pieds. Si c’est le cas, on a envie de saluer le courage du sélectionneur Vladimir Ruzicic. Pour lui aussi, ça a dû être un crève-cœur.

Ce qu’il faut moins saluer, c’est a priori la manière avec laquelle les choses ont été annoncées. De ce que l’on a entendu, Ruzicic a donné les noms des quatre heureux élus devant tout le monde. La démarche semble juste. Selon Molteni, il n’a reçu aucune explication, dans un deuxième temps, sur les raisons de sa non sélection. Eu égard aux services rendus à la nation, lui qui a été un pionnier du basket à 3x3 dans notre pays, il aurait clairement dû en être autrement.

Fallait-il les sélectionner coûte que coûte, lui, Martin et Lehmann, pour tout ce qu’ils ont fait pour la discipline en Suisse toutes ces années? C’est LA question qui ouvre la porte à toutes les opinions. Mais on se souvient d’une conversation il y a quelques mois avec un visage bien connu du milieu qui nous disait alors: est-ce que l’on va faire du sport ou de la politique? Ruzicic a choisi la première option. C’est ce que l’on est en droit d’attendre d’un sélectionneur.

Après tout, le quatuor Martin, Lehmann, Dubas et Molteni a eu sa chance de rallier les Jeux, à Hong Kong le mois dernier – il n’était pas sorti des poules pour un point. Molteni est donc le seul à payer les pots cassés de la désillusion chinoise. Fallait-il le garder et enlever Martin ou Lehmann? Les deux derniers cités possèdent des profils irremplaçables, l’un par sa capacité à créer, l’autre par son aptitude à étirer les défenses avec son shoot. Prendre les trois et ajouter Natan Jurkovitz à la place de Dubas? Avouez que le choix est cornélien.

Swiss Basket va désormais devoir vivre et mourir avec le sien. Sur ce coup-là, la fédération est sous pression, pas les joueurs. Sur le papier, cette équipe a de la gueule et semble équilibrée: il y a de la vitesse, du shoot, de la taille et des qualités athlétiques. Martin, Lehmann, Dubas et Jurkovitz ont tout ce qu’il faut pour envoyer la Suisse à Paris. Ils doivent le faire pour eux, pour leur pays, mais on a envie de dire surtout pour Westher. Il le mérite tellement.