Crise ukrainienneMoscou et Washington campent sur leurs positions à Genève
Dès l’ouverture du sommet russo-américain de Genève, le ton a été donné. Sergueï Lavrov ne s’attend pas à une percée, Antony Blinken a promis une réponse sévère en cas d’agression de l’Ukraine.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a donné le ton, vendredi, à Genève, au début de discussions jugées cruciales pour désamorcer la crise ukrainienne, en affirmant à son homologue américain, qu’il ne s’attendait pas «à une percée».
Assis face à lui, Antony Blinken a promis une réponse «unie, rapide et sévère» de Washington et de ses alliés en cas d’invasion de l’Ukraine, mais il a aussi assuré que les États-Unis continuaient de chercher une solution diplomatique. La réunion, qui se tient dans l’un des palaces du bord du lac Léman, ne devrait durer que deux heures, avant que les deux hommes ne parlent séparément à la presse.
Craintes d’invasion de l’Ukraine
Sergueï Lavrov et Antony Blinken, qui se connaissent bien, se sont serré la main vers 11h, avant de rentrer dans le vif du sujet, avant même que les journalistes ne soient escortés hors de la salle de réunion.
Cette réunion est le dernier pas de deux d’un intense ballet diplomatique, Washington soupçonnant Moscou de vouloir envahir l’Ukraine, ce que le Kremlin dément tout en maintenant 100’000 soldats le long de la frontière avec son voisin.
Pour Moscou, «l’OTAN doit sortir de la Roumanie et de la Bulgarie»
Devant les drapeaux des deux pays, les deux diplomates chevronnés et leurs équipes se sont retrouvés dans une salle de conférences de l’hôtel du Président Wilson, assis à deux longues tables – sept personnes de chaque côté –, couvertes de nappes blanches et décorées de petits bouquets d’orchidées mauves. Une couleur douce qui contraste avec la dureté du ton entre les deux capitales, qui augure mal des progrès qui peuvent être réalisés lors de la réunion de Genève.
Moins de 20 minutes avant le début de la réunion, la Russie a fait savoir, à Moscou, qu’elle voulait le retrait des troupes étrangères de l’OTAN de Roumanie et Bulgarie, dans le cadre d’un traité qu’elle réclame pour une désescalade de la crise ukrainienne.
Les Occidentaux se serrent les coudes
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé à Genève après une rapide tournée à Kiev, pour assurer le président ukrainien du soutien des Occidentaux, puis à Berlin, avec l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, pour réaffirmer la solidité du front allié.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le premier ministre britannique, Boris Johnson, ont fait écho aux menaces de représailles américaines, en prévenant que la Russie devait s’attendre à des coûts «considérables et graves» en cas d’agression militaire de l’Ukraine. La numéro deux du département d’État américain, Wendy Sherman, a encore tweeté dans la nuit que l’Amérique et ses alliés avaient tendu la main, mais que «jusqu’à présent, nos gestes de bonne volonté ont été repoussés».
Son homologue russe, Sergueï Riabkov, a lancé en anglais aux journalistes présents dans la salle de réunion que «la Russie n’avait peur de personne, pas même des États-Unis», quand un reporter lui a demandé ce que craignait la Russie. «La tentative américaine de faire augmenter les tensions, hier et avant-hier, ne crée pas l’ambiance nécessaire» pour les pourparlers, a-t-il dit en russe cette fois, avant d’ajouter: «Nous allons essayer de faire changer de ton aux Américains, de les exhorter à travailler selon notre agenda, sur les garanties de sécurité.»