Guerre en UkraineLa Suisse a déjà gelé pour 7,5 milliards de francs d’avoirs russes
Dans un point presse consacré à la situation en Ukraine, l’ambassadeur Erwin Bollinger a expliqué qu’aucun autre pays n’avait bloqué autant de fonds russes. Près de 30’000 Ukrainiens ont demandé un statut de protection S à ce jour.
- par
- Christine Talos
La Suisse a déjà bloqué 7,5 milliards de francs de fonds russes, a indiqué jeudi l’ambassadeur Erwin Bollinger, responsable du centre de prestations Relations économiques bilatérales et délégué du Conseil fédéral aux accords commerciaux au SECO, lors d’un point presse à Berne consacré à la guerre en Ukraine. «C’est autant voire plus qu’aucun autre pays au monde», a-t-il poursuivi en citant l’exemple des Pays-Bas qui n’ont bloqué eux que quelque 500 millions.
La majeure partie de cette somme est constituée de fonds bloqués auprès de banques. Les offices du registre foncier de quatre cantons ont en outre bloqué onze biens immobiliers, selon le SECO.
Mais Erwin Bollinger a indiqué que toutes les personnes russes qui ont de l’argent en Suisse ne sont pas sanctionnées. Les sanctions ne concernent qu’une partie des Russes et des entreprises liées à Moscou, a-t-il précisé. Il a ajouté que jusqu’ici, le Conseil fédéral avait repris presque toutes les sanctions de l’Union européenne et continuera de le faire. Quant à savoir si le gouvernement adoptera à son tour le 5e paquet de sanctions de l’UE qui devrait inclure l’importation de charbon en provenance de Moscou, l’ambassadeur s’est contenté d’indiquer que le paquet était «examiné».
Le SECO se défend
On le sait, le PS a porté plainte contre le Secrétariat d’État à l’Économie (SECO) qu’il accuse d’appliquer de manière hésitante les sanctions de l’UE. La gauche parle aussi de pagaille dans la coordination avec les cantons qui attendent des instructions du SECO, alors que celui-ci prévoit que la mise en œuvre est du devoir des cantons. Mais jeudi, le SECO s’est défendu. Les procédures fonctionnent bien et un aide-mémoire à l’attention des cantons a été rédigé, a-t-il souligné. «Les cantons savent désormais ce qu’ils doivent annoncer et comment», selon Lukas Regli, du SECO. Les banques savent aussi ce qu’elles doivent bloquer, selon lui.
Sur le front des réfugiés en provenance d’Ukraine, 29’000 personnes ont jusqu’ici demandé physiquement le statut de protection S et 6000 l’ont fait via internet. Quelque 21’000 ont obtenu le précieux sésame. En tout, les autorités estiment que 30’000 personnes en quête de protection arrivent chaque mois en Suisse.
40% des réfugiés chez des familles d’accueil
Il resterait par ailleurs quelque 5000 places libres dans les cantons et 40% des réfugiés sont hébergés à l’heure actuelle dans des familles d’accueil. Ils ne se sont pas tous annoncés auprès des autorités cantonales, a regretté Gaby Szöllösy, secrétaire générale de la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales. Elle a du coup appelé les privés qui accueillent des Ukrainiens à prendre contact avec les autorités cantonales.
Mais la collaboration des cantons avec l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) se déroule bien, selon sa directrice Miriam Behrens. Il y a toutefois parfois des problèmes. «La plupart du temps, ce sont les attentes des familles d’accueil vis-à-vis des réfugiés qui posent problème, mais le manque de place et la cohabitation dans un espace restreint peuvent également conduire à des soucis», a-t-elle déclaré.
On l’a appris mercredi: la Confédération peut désormais convoquer la protection civile. C’est la 2e fois qu’elle le fait en l’espace de deux ans, après la pandémie. «La protection civile est principalement convoquée pour la mise en place d’abris d’urgence», a rappelé Michaela Schärer, directrice de l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP). Une centaine de civilistes sont jusqu’ici affectés dans le domaine de l’asile.