Football – Analyse: Casanova, première approche refoulée

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FootballAnalyse: Casanova, première approche refoulée

Le Lausanne-Sport défait 1-0 par Servette, le nouvel entraîneur n’a pas réussi sa première en Super League. Malgré un plan de match résolument défensif.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk
Les premiers choix d’Alain Casanova n’ont pas payé samedi.

Les premiers choix d’Alain Casanova n’ont pas payé samedi.

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À situation d’urgence, réponse d’urgence. Arrivé jeudi dernier au Lausanne-Sport, Alain Casanova a paré au plus pressé pour tenter de stopper l’hémorragie d’une équipe qui restait sur une défaite 5-1 contre Saint-Gall. Alors, le derby contre Servette ne promettait rien d’autre que de l’attentisme.

«Quand vous avez encaissé 42 buts en 19 matches, cela correspond à 2 ou 3 buts par match. Il faut donc être capable de mieux défendre, d’être plus solide au niveau collectif», mentionnait le technicien français après la rencontre, pour justifier son approche. Qui, à défaut d’empêcher la défaite 1-0, a au moins eu le mérite de neutraliser la grande partie d’une rencontre bien terne. Décryptage de ses premiers choix.

Le système

Ce ne sont que des pions sur un tableau. Cela ne traduit pas forcément des intentions, même si on est mis sur la piste. Les premières minutes disputées à la Praille samedi ont révélé un Lausanne avec, avant tout, une ligne de cinq défenseurs. Trois axiaux donc (Koné-Grippo-Monteiro), ainsi que Chafik et Brown sur les côtés. Mais c’est le positionnement des cinq autres joueurs qui fut plus révélateur des idées vaudoises.

Si Adrien Trébel et Trazié Thomas avaient comme prévu la responsabilité de protéger l’axe, Hicham Mahou et Zeki Amdouni devaient occuper les côtés, pendant que Rodrigo Pollero restait en pointe. D’abord à hauteur de ce dernier, Amdouni et Mahou ont très vite reculé pour former une ligne de quatre avec la paire de milieux de terrain. Le 5-2-3 désiré était plutôt un 5-4-1 subi. Question d’animation, surtout, on le verra.

Il n’empêche, la ligne défensive à cinq avait un intérêt certain: celui de densifier les côtés. Et notamment de prévenir l’apport des ailiers servettiens, Miroslav Stevanovic et Kastriot Imeri. Avec la responsabilité pour Brown et Chafik de les serrer de près. Quitte à suivre leurs décrochages. Charge ensuite à Amdouni et Mahou de prévenir les montées des latéraux genevois (Diallo et Clichy). L’objectif étant de bloquer les ailes, face à une équipe qui y recoure régulièrement lorsqu’elle est contrainte de faire le jeu. À considérer les performances des éléments offensifs grenat, cela a plutôt fonctionné.

La hauteur de bloc

Sauf que Lausanne a perdu, à force de laisser Servette installer plusieurs temps forts dans son camp. Le 5-4-1 s’est vite retrouvé acculé, le LS ne parvenant pas à s’éviter un bloc bas. Ce n’était pas l’intention, pourtant. «Nous sommes partis avec l’idée d’un bloc médian, assurait Alain Casanova. Cela a été plutôt bien pendant une heure.» Considération flatteuse. Les automatismes défensifs n’empêchaient pas la progression genevoise.

14e minute: Sasso peut avancer tranquillement avec le ballon. Pollero ne le freine pas, le bloc lausannois recule dans un 5-4-1 en bloc bas perceptible.

14e minute: Sasso peut avancer tranquillement avec le ballon. Pollero ne le freine pas, le bloc lausannois recule dans un 5-4-1 en bloc bas perceptible.

Cela a tenu avant tout à la liberté accordée aux défenseurs grenat. Notamment à Vincent Sasso et Gaël Clichy. Le premier, unique buteur de la rencontre, a régulièrement pu avancer balle au pied sans que Pollero (ou Mahou) ne vienne empêcher sa conduite. Le premier rideau défensif vaudois ne freinant pas la remontée servettienne, le bloc-équipe était contraint de reculer. Et donc d’accepter de subir.

Et puis, quand Lausanne opposait un bloc relativement haut au départ des actions, Sasso pouvait régulièrement solliciter Clichy. La ligne de passe était laissée ouverte par Mahou (sauf à une reprise en première période, où une passe manquée de Sasso aurait pu coûter cher). De plus, l’ailier français ne profitait pas du temps de passe pour sortir sur Clichy. Lequel pouvait donc aisément faire avancer le jeu.

Le 1-0 en a découlé. Sauf que, mené au score, le LS n’a pas su réagir en réajustant la hauteur de son bloc. Les changements effectués par Casanova n’ont d’ailleurs été d’aucune aide à ce niveau-là. Question d’automatismes, là encore. Là où Lausanne aurait été bien inspiré d’aller chercher plus haut Servette, il s’en est tenu à un attentisme qui l’a rendu passif défensivement. Même si les Vaudois ont été proches d’obtenir un penalty sur une demi-action en fin de rencontre.

Les transitions offensives

Le plan de match lausannois n’a donc pas du tout varié sous l’effet du score. Il tenait sur ce bloc médian, voire bas, et des projections à la récupération. «Nous devons être plus forts dans les pressions défensives, afin d’avoir des récupérations plus hautes, qui permettront de lancer des transitions offensives de qualité», constatait le nouvel entraîneur du LS à l’analyse.

Logiquement, Lausanne a eu des séquences de transition. Sauf que celles-ci ont été rarement bien jouées. Une seule fait figure de bon exemple: celle qui a mené à la tête de Pollero sur un centre de Thomas à la 45e. Notamment parce qu’elle a donné lieu à plusieurs appels, dans des zones différentes, et avec des soutiens immédiats.

Pour le reste, les erreurs techniques, le manque de solutions, la pauvreté des appels et les choix des passeurs n’ont pas facilité le déploiement de transitions dangereuses. Les situations d’infériorité numérique face aux défenseurs servettiens se sont répétées. Dans ces conditions, difficile de se créer des occasions.

Pire encore, c’est notamment cette mauvaise gestion des transitions qui a, d’une certaine façon, conduit à la défaite lausannoise. Principalement en première période, Servette a eu très peu de peine à installer de longues séquences de possession dans le camp vaudois. Sa structure (avec beaucoup de monde dans la zone du ballon) l’y a aidé. Mais l’incapacité lausannoise à sortir de la zone de pression, surtout en raison d’un déficit d’appels dans l’espace, en est aussi une raison. Comme sur le ballon perdu par Koné après une passe de Mahou à la 40e minute. Alain Casanova a une approche à peaufiner.

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