CommentaireL’aide aux médias: un coup de pouce solidaire
Après la votation sur No Billag en 2018, le peuple suisse est appelé une nouvelle fois aux urnes pour trancher une problématique touchant l’aide aux médias. Cette fois, dans le contexte de la pandémie, où ils sont accusés de presque tous les maux.
- par
- Eric Felley
Précisons d’emblée que les sites du matin.ch ou de 20 minutes ne toucheront pas un centime des 30 millions de francs prévus pour soutenir les sites en ligne, dans la loi sur l’aide aux médias. Seuls les sites payants pourront obtenir des aides, selon le texte que le peuple est appelé à voter le 13 février. Les parlementaires en ont décidé ainsi pour ne pas charger davantage le bateau. Le concept de «gratuité» souffre aussi d’une réputation moindre à cause de sa dépendance à la publicité. Cependant, que l’on travaille pour un site payant ou un site gratuit, le métier d’informer obéit aux mêmes règles concernant la vérité des faits et la façon de les commenter.
Actuellement, les médias obtiennent déjà des aides de la Confédération. La modification de la loi les augmente de 130 millions afin de conserver la diversité de l’offre en Suisse: des plus petites publications associatives jusqu’aux journaux à grand tirage du dimanche, en passant par les radios et télévisions régionales. Dans la branche, tout le monde n’a pas la même assise financière. Il est vrai que les grands groupes pourraient s’en passer, mais pour beaucoup d’autres, ces aides signifient la possibilité de continuer leurs activités dans de bonnes conditions de production.
Médias contrôlés?
Cette loi est donc le résultat d’une volonté de solidarité exprimée par le Parlement et le Conseil fédéral en vue de maintenir la diversité médiatique en Suisse. Ceux qui veulent y voir l’émergence de «médias contrôlés» ou le financement d’une pensée unique font bien peu confiance à l’indépendance d’esprit que l’on trouve en Suisse. C’est d’ailleurs cette culture du débat qui permet à des groupes de citoyens de lancer des référendums et des initiatives populaires, qui nous occupent quatre fois par année.
Cette votation intervient après deux ans de pandémie où les médias ont été sous pression et accusés de faire le jeu de l’autorité ou de la «dictature sanitaire». La rudesse du ton des commentaires contre les «merdias» est parfois difficile à supporter, mais elle n’est pas nouvelle. Lors de la votation sur l’initiative No Billag en 2018, la campagne avait atteint des sommets de violence verbale.
Mais, au final, le peuple et les cantons l’avaient refusée par 71,6% des voix. La vision d’une Suisse solidaire s’était imposée contre celle d’une Suisse plus libérale et individualiste. Qu’en reste-t-il quatre ans plus tard? Réponse le 13 février prochain.