FootballLe football suisse pleure Georges Perroud
L’ancien défenseur du FC Sion et de Servette est décédé à l’âge de 82 ans. Il avait donné son nom à un arrêt du Tribunal fédéral, qui, en 1976, avait redonné aux joueurs leur liberté.
- par
- Nicolas Jacquier
Georges Perroud n’est plus. Le Fribourgeois s’est éteint ce mardi à l’Hôpital de Sion à l’âge de 82 ans.
Défenseur, il avait effectué ses débuts avec Cantonal, club neuchâtelois qu’il avait quitté lors de sa relégation en LNB. Après avoir porté de 1965 à 1967 le maillot du FC Sion, avec lequel il avait fêté une première Coupe de Suisse (2-1 contre Servette), il avait ensuite été transféré au… Servette FC pour le montant, considérable à l’époque, de 160’000 francs. Sous les couleurs «grenat», il a notamment remporté la Coupe en 1971 (2-0 contre Lugano) aux côtés de Barlie, Guyot, Nemeth, Desbiolles, Marchi, Bosson, Heutschi et autre Doerfel.
International helvétique jusqu’en 1971, il avait porté à 18 reprises le maillot à croix blanche. Etabli à Savièse à partir de 1984, il s’était ensuite adonné à l’une de ses passions, les échecs, disputant même plusieurs tournois.
Mais Perroud devait surtout demeurer célèbre pour l’arrêt du Tribunal fédéral portant son nom, suite au procès qu’il avait intenté au Servette FC. Une décision tombée le 15 juin 1976, laquelle confirmait le verdict du Tribunal des prud’hommes de décembre 1975, qui, en appel, avait fini par donner raison à l’ancien défenseur des Charmilles.
À l’époque, le club genevois avait été condamné à verser 29’000 francs de dédommagement au Fribourgeois. Considéré comme un joueur «non-amateur», Perroud percevait en 1971 un salaire mensuel de 1500 francs, auquel s’ajoutaient différentes primes, nous apprennent «Les Enfants du Servette». Sorti des terrains, il gagnait sa vie en tant que programmateur informaticien.
À l’origine de ce procès retentissant que Perroud avait intenté à son ancien employeur, la décision de Servette de refuser de libérer son joueur (ce qui devait bloquer la carrière de celui-ci). N’ayant pas obtenu sa lettre de sortie, Perroud n’avait dès lors pas pu exercer son «métier» de footballeur durant 2 ans en vertu des règlements de l’ASF en vigueur. Il avait alors entraîné le FC Versoix pour 150 francs par mois.
La fin du marché aux esclaves
Après avoir fait plier Servette, l’arrêt Perroud devait faire date en modifiant profondément le football helvétique au moment même où celui-ci se tournait vers le semi-professionnalisme.
En entérinant le droit pour les joueurs de choisir librement leur nouveau club à la fin de leur contrat, les juges de Mont Repos avaient donné un immense coup de pied dans la fourmilière. Dans ses considérants, le TF avait estimé que la législation en place dans le football helvétique «viole de manière inadmissible le droit des joueurs d’exercer librement leur activité».
Après cette victoire des joueurs et la suppression des indemnités de transfert pour ceux parvenus en fin de contrat, le défunt quotidien alémanique Sport n’avait pas hésité à titrer: la fin du marché aux esclaves. Jusque-là, les joueurs étaient soumis aux caprices des présidents. Aucun transfert, même celui d’un élément en fin de contrat, ne pouvait se réaliser sans leur accord explicite.
Vingt ans plus tard, l’arrêt Bosman avait eu des répercussions identiques à l’échelle européenne.