CyclismeAu lendemain de son craquage mystère, Evenepoel livre un récital sur la Vuelta
Vendredi, le Belge de l’équipe Soudal-Quick Step a laissé plus de 25 minutes dans l’étape reine du Tour d’Espagne. Samedi, il a retrouvé ses jambes pour s’imposer en solitaire.
- par
- Robin Carrel
Une réaction de champion. Remco Evenepoel, qui a perdu vendredi tout espoir de conserver son titre sur la Vuelta, a retrouvé ses jambes ce samedi pour remporter en solitaire la 14e étape du Tour d'Espagne entre Sauveterre-de-Béarn et Puerto de Belagua. Distancé au classement général, à plus de 27 minutes du leader Sepp Kuss (Jumbo-Visma), «le petit cannibale» a vite rebondi, s'offrant une quatrième victoire d'étape au goût de revanche sur la Vuelta.
Vendredi, dans l'étape reine du Tourmalet, le coureur de la Soudal-Quick Step avait lâché dès le premier col, à 90 km de l'arrivée, dépassé par le trio de leaders de la surpuissante Jumbo-Visma, Sepp Kuss, Primoz Roglic et Jonas Vingegaard, qui figurent depuis aux trois premières places du classement général.
L’addition a été très lourde. Au sommet du mythique col pyrénéen, le coureur de la Soudal-Quick Step a lâché près de 27 minutes et perdu ainsi toute chance de bien figurer au classement général. Pendant ce temps-là, les «Abeilles» de la Jumbo-Visma ont privatisé le podium sur l’étape ainsi qu’au classement général… Des faits que la formation managée par Patrick Lefevere a très peu commentés. Le coureur de 23 ans, lui, ne s’est pas du tout exprimé – et c’est rare – pour expliquer son incroyable contre-performance.
Evenepoel a passé la ligne d’arrivée alors que Vingegaard avait déjà reçu son prix de vainqueur d’étape. Sepp Kuss, le toujours maillot rouge, avait lui aussi enfilé une nouvelle tunique de leader quand le prodige belge a pointé le bout de sa roue avant. Mais le champion du monde 2022 ne s’est pas arrêté devant les micros des journalistes. Tout juste a-t-il lâché un «Désolé!» envers ses fidèles coéquipiers, une fois la ligne passée, avant d’expliquer plus tard dans la soirée sur X que «c’était une de ces journées où mon réservoir était juste vide…»
«Il n’y a pas grand-chose à dire. C’était un mauvais jour pour Remco, a expliqué Klaas Lodewyck, le directeur sportif de l’équipe de la star belge. Il n’est ni blessé, ni malade. Ça peut arriver dans le vélo. Ce n’est pas un sport qu’on peut faire comme sur un simulateur, on est tous des êtres humains. Ce soir (ndlr: vendredi), on va s’asseoir tous ensemble et discuter, pour essayer de comprendre ce qu’il s’est passé et voir quels buts on peut maintenant se fixer.»
En pleurs à l’arrivée
«Hier (ndlr: vendredi), c'était une journée très compliquée, je n'ai pas réussi à bien dormir, j'avais beaucoup de choses en tête, a réagi le principal intéressé au micro d'Eurosport ce samedi. Et ce matin, je me suis réveillé et je me suis dit: «Il faut y aller».»
Revanchard, Evenepoel a attaqué dès les premiers kilomètres de course pour creuser un premier écart avec le peloton. Les favoris ont laissé filé l'échappée à l'approche de la première difficulté du jour, le Col de la Hourcère. C'est au sommet de ce col hors catégorie que Remco Evenepoel et Romain Bardet ont lancé leur numéro, à 91 km de l'arrivée. «On était tous à fond au départ, puis je me suis retrouvé seul avec Romain, on a fait un bel écart dans la descente. Il a très bien coopéré avec moi», a résumé Evenepoel, qui a passé plus de 140 km en tête. Le Français a tenté de le suivre tant qu'il a pu mais a lâché prise à 4 km de a ligne, laissant le Belge s'envoler vers la victoire, la 49e de sa carrière.
En pleurs à l'arrivée, Evenepoel (23 ans) a finalement terminé avec plus de 8 minutes d'avance sur le groupe maillot rouge au sommet du Puerto de Belagua. Le champion du monde du contre-la-montre est également allé chercher le maillot du meilleur grimpeur dans cette étape entre la France et l'Espagne qui comprenait deux cols hors catégorie.
«Je vais me focaliser sur d'autres victoires d'étapes et le maillot de meilleur grimpeur», a-t-il annoncé après son succès, le deuxième depuis le départ de cette Vuelta. Car devant, les jeux semblent quasiment faits tant la Jumbo-Visma écrase la concurrence, avec l'Américain Sepp Kuss toujours en rouge devant le triple vainqueur de l'épreuve Primoz Roglic, également vainqueur du Giro cette saison, et le double vainqueur du Tour de France, Jonas Vingegaard.