ChômageParis baisse d’un quart la durée d’indemnisation
Le gouvernement français a présenté sa réforme de l’assurance chômage et espère «100’000 retours à l’emploi» en plus en 2023. Tous les syndicats jugent cette réforme «inacceptable».
Une baisse de 25% de la durée d’indemnisation pour tous les demandeurs d’emploi ouvrant des droits à partir du 1er février: le gouvernement français a frappé fort, lundi, en présentant sa nouvelle réforme de l’assurance chômage. Un chômeur qui aurait eu droit, par exemple, à douze mois d’indemnisation dans le système actuel n’aura plus droit qu’à neuf mois. Un plancher minimal de six mois sera préservé. Les premiers impacts sont donc attendus à partir du 1er août.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, espère «de 100’000 à 150’000 retours à l’emploi» supplémentaires en 2023, grâce à la réforme. «Nous allons garder un des systèmes les plus généreux d’Europe», a-t-il assuré.
Seniors pénalisés
Mais les syndicats sont furieux. «Tout le monde voit ses droits baisser, c’est un scandale», a dénoncé Michel Beaugas (Force ouvrière) après une ultime réunion au Ministère du travail. Aujourd’hui, la durée d’indemnisation est appliquée selon le principe un jour travaillé, un jour indemnisé, avec un maximum de 24 mois pour les moins de 53 ans, 30 mois pour les 53-54 ans et 36 mois pour les 55 ans ou plus.
Les seniors «vont payer le plus cher», passant de 36 mois à 27, a réagi Denis Gravouil (CGT), craignant qu’ils ne basculent vers le RSA (revenu de solidarité active). Le leitmotiv de l’exécutif est que l’assurance chômage soit «plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé».
Rouge ou vert
Des «mécanismes de protection», sous la forme de «compléments de droits» des demandeurs d’emploi, sont prévus en cas de mauvaise conjoncture, a expliqué Olivier Dussopt. Lorsque les demandeurs d’emploi arriveront en fin de droit, si l’état du marché du travail est «rouge» – un taux de chômage au-dessus de 9% ou en progression de 0,8 point sur un trimestre –, alors leur durée d’indemnisation reviendra au niveau d’aujourd’hui. Le taux de chômage est actuellement de 7,3% et le ministre s’attend à ce qu’il soit «semblable» en février.
Si, pendant trois trimestres de suite, le taux de chômage revient sous les 9% et ne connaît pas de progression supérieure à 0,8 point, la situation repassera au «vert» et la durée d’indemnisation sera donc de nouveau réduite de 25 pour cent.
Taux de 5% visé en 2027
L’exécutif justifie sa réforme par les difficultés de recrutement des entreprises, et en fait une première pierre de sa stratégie pour atteindre le plein-emploi en 2027, soit un taux de chômage d’environ cinq pour cent.
Pour le syndicaliste Jean-François Foucard (CFE-CGC), «le but est de faire des économies bassement économiques». «C’est encore une trappe à précarisation», a renchéri son «confrère» Éric Courpotin (CFTC), pour qui il aurait fallu travailler sur les frais liés au travail: déplacement, garde d’enfants, logement… C’est aussi ce que pense en partie, côté patronal, Michel Picon (U2P, artisans et commerçants), mais il s’est dit «somme toute favorable» à la réforme car, selon lui, plus on reste au chômage, plus c’est dur de retrouver un emploi.