CyclismeNon, Chris Froome n'est pas tout à fait fini
Le coureur de l'équipe Israel-Premier Tech a réussi, mardi sur le Mercan'Tour, son meilleur résultat depuis sa grave blessure de juin 2019. A 36 ans, il a encore du «vélo» à donner.
- par
- Robin Carrel
Nous sommes le 12 juin 2019. Le «Kényan blanc» est en train de reconnaître le parcours du Critérium du Dauphiné, une compétition qui doit l'amener à un pic de forme en vue du prochain Tour de France. Sur le parcours, il a lâché son guidon dans une descente pour se moucher et une rafale de vent le balaie. Le Britannique a tapé dans un mur de plein fouet, à 54 km/h. Le verdict de la faculté est terrible: fracture ouverte du fémur, fracture du coude, fracture de la hanche, fracture d'une vertèbre, fracture du sternum, plusieurs côtes cassées, perte de connaissance et une hémorragie qui lui fera perdre 2 litres de sang.
Depuis, Froome essaie désespérément de redevenir Froome. Il a longtemps traîné son spleen en queue des pelotons et beaucoup l'accusent de le faire uniquement dans le but de continuer à toucher son salaire mirobolant offert par son équipe depuis début 2021, estimé à près de six millions de francs annuels. Le Britannique, lui, a toujours gardé son sourire en coin, malgré les douleurs, les difficultés et les quolibets. Depuis ce fameux 12 juin 2019, il n'a plus fait mieux qu'une 22e place. C'était sur une étape de plat du Tour des Emirats arabes unis en 2021. «Froomey» a aussi à son «palmarès» une 23e place au classement général du Tour de Slovaquie. Mais ça, c'était avant mardi et une 11e place en France, un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis la bagatelle de 1089 jours.
Car sur la Mercan'Tour Classic Alpes-Maritimes, on a presque cru revoir l'ancien champion, le quadruple vainqueur du Tour de France, double vainqueur de la Vuelta et gagnant du Tour d'Italie 2018. L'heure n'est pas à l'enflammade, mais quand même. Ce qu'il a montré mardi sur les pentes du Col de la Colmiane, de la Couillole et de Valberg dans le Sud-Est de la France, près de son domicile, laisse songer à des jours meilleurs. Son coup de pédale a paru plus «violent» que d’habitude, lui qui était habitué à mouliner.
Le Britannique de 36 ans a donc terminé aux portes du Top 10, mais devant des coureurs du calibre des Français Thibaut Pinot, Geoffrey Bouchard ou encore Warren Barguil. Surtout, c'est lui qui a fait une bonne partie du travail pour ses coéquipiers danois Jakob Fuglsang et canadien Michael Woods, qui ont réussi un magnifique doublé au sommet, devant le «Bleu» David Gaudu.
«J'essaie toujours de retrouver le 'vieux moi', a-t-il souri la ligne d'arrivée passée au micro de Cycling Weekly. Je n'y suis pas encore, mais je m'en suis rapproché. Je suis assez heureux de comment les choses se passent pour le moment. Je peux emmener beaucoup de choses positives de cette course. Depuis le début de saison, je sens une bonne réaction de mon corps aux entraînements, à tout ce que je fais. J’ai l’impression que mes jambes répondent différemment de la saison dernière et que j'ai franchi pas mal de haies. Je progresse. Je sors d'un camp d'entraînement et les jambes sont bonnes. Le prochain pas, ce sera le Critérium du Dauphiné.»
Là où tout est parti en vrille sera peut-être le lieu de son retour au premier plan, trois ans après.