SOS Méditerranée: Jusqu’à un an de prison requis contre les militants de Génération identitaire

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SOS MéditerranéeJusqu’à un an de prison requis contre les militants de Génération identitaire

Ils avaient fait irruption dans des locaux de l’ONG qui secourt des migrants en mer et avaient diffusé les images sur les réseaux. 

Le groupe d’extrême droite a été dissous en mars 2021.

Le groupe d’extrême droite a été dissous en mars 2021. 

AFP

Pour la première fois des membres de Génération identitaire, groupuscule d’extrême droite habitué des actions coup de poing, risquent d’être condamnés à de la prison ferme, pour l’intrusion violente d’un «commando» de 22 militants au siège marseillais de SOS Méditerranée, association d’aide aux migrants.

Dénonçant une action «violente», «préparée avec minutie» et «diffusée sur les réseaux sociaux», le procureur de la République Ahmed Chafaï a requis lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille un an de prison ferme à l’encontre de Romain Espino, ex-porte parole du mouvement, considéré comme le «donneur d’ordre» de l’opération. Pour dix autres prévenus, le procureur a requis des peines allant de quatre à six mois de prison ferme, assorties de prison avec sursis. Les douze autres membres du commando, dont Anaïs Renon, poursuivie pour avoir filmé l’opération depuis l’extérieur et en avoir diffusé les images sur les réseaux sociaux, ont vu requérir contre eux des peines de prison avec sursis.

Liberté d’expression

«Vous avez deux conceptions inconciliables: celle de SOS Méditerranée, qui soutient qu’on doit sauver des personnes en danger de mort car c’est un devoir humanitaire, et celle de Génération Identitaire qui considère que SOS est complice des passeurs», a relevé le procureur. «Certes, toute personne a droit à exprimer ses opinions, mais on ne peut pas soutenir, dans notre société où cette liberté d’expression est respectée, que Génération Identitaire a été empêchée de manifester.»

Le 5 octobre 2018, 22 membres de ce groupuscule d’extrême droite – finalement dissous en mars 2021 par le gouvernement – étaient entrés au siège marseillais de SOS Méditerranée pour y déployer une banderole et allumer des fumigènes. Les sept employés de l’association présents, dont certains se sont cachés dans un bureau, tandis que d’autres étaient expulsés manu militari des locaux, selon leur récit, se sont déclarés traumatisés par cette opération, évoquant «un avant et un après» et la nécessité de soins psychologiques.

Mépris face au tribunal 

Face à eux, les prévenus, dont le procureur a regretté l’attitude «de mépris» face au tribunal et aux victimes, ont défendu plusieurs jours durant à la barre «une action politique», «non-violente», «une opération réussie» qui visait à faire «passer un message, celui de la complicité de SOS Méditerranée avec les trafiquants d’êtres humains». La moitié seulement de ces jeunes hommes et femmes âgés de 18 à 33 ans au moment des faits s’était présentée devant le tribunal, et ce de manière très sporadique. Lundi, aucun d’entre eux n’était là pour entendre le réquisitoire.

Un de leurs avocats, Me Lambert, a dénoncé lundi des réquisitions «aux proportions démesurées par rapport à la réalité des faits tels qu’ils peuvent être objectivés, (...) à savoir un happening politique qui se pratique par tout le spectre politique fréquemment». L’avocat a mis en avant la «dizaine d’actions semblables de Génération identitaire qui n’ont pas donné lieu à des condamnations pour violences». Pour Me Lambert, «qu’il y ait eu à leur entrée une confusion, une stupéfaction, voire des bousculades, c’est quelque chose de plausible, (...) mais des violences au sens commun, non».

SOS Méditerranée, ONG basée à Marseille, porte toujours secours, désormais via son navire Ocean Viking, à des migrants tentant de rejoindre l’Europe sur des bateaux de fortune en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus meurtrière au monde.


(AFP)

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