NatationRoman Mityukov a transformé son chocolat en bronze!
Après tant de déceptions, le nageur genevois réalise l’exploit aux Mondiaux de Fukuoka en terminant 3e derrière le Hongrois Hubert Kos et l’Américain Ryan Murphy avec un nouveau record suisse à la clé.
S’il n’aime pas trop se mettre sur le devant de la scène et se laisser submerger par les émotions, Il y a eu forcément un petit sourire au moment de rejoindre le podium pour aller chercher cette médaille tant espérée. Quatrième à trois reprises l’an passé lors des championnats d’Europe à Rome, Roman Mityukov avait mis du temps à digérer ce «chocolat» amer. Il en avait même fait des cauchemars. Mais le grand espoir genevois s’est rattrapé avec brio lors des Mondiaux à Fukuoka.
Au Japon, le médaillé de bronze du 200 m dos des Européens de Budapest (2021) a terminé troisième derrière le Hongrois Hubert Kos vainqueur surprise de l’épreuve devant le champion du monde sortant américain Ryan Murphy. Avec un temps canon de 1’55’’34 soit 88 centièmes de seconde de mieux que son propre record de Suisse qu’il avait réalisé le 12 août 2022 à Rome.
Cinquième médaillé
Quel bel exploit pour l’Helvète qui devient à 22 ans le cinquième suisse à revenir au pays avec une médaille mondiale autour du cou après Dano Halsall (1986, 50 m libre, argent à Madrid), Marie-Thérèse Armentero (1986, 50 m libre, bronze à Madrid), Flavia Rigamonti (2001, 2005, 2007, 1500 m libre, argent à Fukuoka, Montréal et Melbourne) et Jérémy Desplanches (2019, 200 m 4 nages, argent à Gwangju).
Déjà très à l’aise le matin en demi-finale avec le meilleur chrono des huit finalistes (1’ 55”85) devant les deux Hongrois Benedek Kovacs et Hubert Kos, tous les signaux étaient au vert pour Roman Mityukov. Ne restait plus qu’à confirmer et ne pas dégringoler à la 4e place, comme l’an passé à Rome. «Le relais qui a suivi ma demi-finale m’a beaucoup aidé à penser à autre chose, expliquait cet étudiant en droit à la sortie du bassin. Je ne vous cache pas que cette désillusion romaine m’avait vraiment traumatisé. Comme j’étais seul, je n’arrivais plus à me sortir ce cauchemar de la tête. Mais là si j’ai eu de la peine à fermer l’œil de la nuit j’avais vraiment envie de nager ce 200 m dos et d’en découdre. Cette médaille me fait tellement de bien…»
Après 100 premiers mètres difficiles où il n’était pointé qu’au 7e rang, ce diesel genevois a finalement grignoté petit à petit son retard pour faire la différence dans la dernière ligne droite. «Là encore, après mon échec de l’an passé, où j’avais commencé fort avant de péter sur la fin, j’ai changé ma stratégie de course en travaillant mes retours, précise le Genevois. Lors de ce dernier sprint j’ai pensé à tout ce que j’avais fait pour en arriver là, à toutes ces séries si dures où j’avais pris cher, où j’étais seul où c’était dur physiquement et mentalement, et, surtout, je me suis dit que je n’avais pas envie de revivre mon traumatisme de Rome. Alors j’ai serré les dents avec cet espoir de voir le 3 sur le tableau d’affichage!»
Si, sur le podium, il a eu de la peine à réaliser son exploit, les félicitations de sa maman qui lui a sauté au cou lui ont fait chaud au cœur, forcément. «Elle m’a dit qu’elle était très fière de moi et que je méritais cette médaille, que j’avais beaucoup travaillé pour ça et je pense qu’elle a raison, a rapporté le jeune champion, qui a déjà son ticket olympique en poche. C’est important que mes parents, qui me voient souvent très fatigué et avec des petits coups de mou, me soutiennent. Cela prouve qu’ils croient en moi et là j’ai envie de dire que c’est pour eux cette médaille!»
De ce moment-là, il en avait tellement rêvé.