FootballEt si l’Europa League avait tout changé pour Djibril Sow?
Vainqueur de la deuxième Coupe d’Europe avec l’Eintracht Francfort, le milieu zurichois pourrait rester en place cet été. Avec l’ambition d’être un élément sur lequel compter en équipe de Suisse.
- par
- Valentin Schnorhk Bad Ragaz
Le cercle est fermé. Depuis dix jours, Djibril Sow a gagné son accès à cette petite table des Suisses vainqueurs de Coupes d’Europe. Bien sûr, pas avec le même service que Stéphane Chapuisat (Borussia Dortmund, en 1997), Ciriaco Sforza (Bayern Munich, 2001) et Xherdan Shaqiri (Bayern 2013 et Liverpool 2019), lesquels ont eu le droit de toucher la Ligue des champions. Mais tout de même: seuls Sforza (Bayern en 1996) et Stéphane Henchoz (Liverpool en 2001) avaient remporté l’Europa League, jadis dénommée Coupe de l’UEFA, avant le Zurichois, qui l’a soulevée avec l’Eintracht Francfort le 19 mai.
C’est donc tout juste auréolé de cette superbe victoire que le milieu de terrain a rejoint l’équipe de Suisse en cette fin de semaine. Avec la nécessité de relancer la machine, puisqu’il ne s’était plus entraîné depuis le succès contre les Rangers: «Il y a de la fatigue, oui, admet-il. Parce que ça a été une grosse saison, qui s’est terminée avec un énorme moment. Il y avait beaucoup d’émotions, il y a eu des célébrations incroyables dans la ville. Personne ne pourra oublier ça, j’ai vu beaucoup de larmes couler sur les joues des gens. Mais il faut maintenant se concentrer sur l’équipe nationale, avec des matches intéressants qui arrivent.»
Ambitieux en sélection
Avec quatre matches de Ligue des nations à venir (en République tchèque, au Portugal et contre l’Espagne et le Portugal à Genève), Djibril Sow peut avoir un rôle à jouer. Il y aura forcément une rotation dans laquelle il sera inclus, même s’il n’est généralement pas le titulaire à mi-terrain. Mais avec l’euphorie de la victoire en Europa League, et surtout le rôle capital qu’il a assumé toute la saison en club («Je suis devenu encore plus un leader cette saison»), Murat Yakin peut avoir la certitude qu’il peut compter sur lui dans des matches de haut niveau.
«Il faut savoir être patient, et faire en sorte de toujours rendre les choix du sélectionneur plus compliqués à effectuer», se veut modeste Sow. Lequel n’a, cela dit, jamais crevé l’écran en équipe nationale. Que ce soit à côté de Granit Xhaka, ou à sa place, il a toujours eu de la peine à s’exprimer au mieux. Faut-il lui trouver un rôle sur mesure?
Dans le cadre d’un entraînement ouvert au public à Bad Ragaz (SG) samedi, Murat Yakin a laissé transparaître une idée différente: associé aux titulaires habituels, Sow (26 sélections) était utilisé comme milieu droit dans le 4-4-2 imaginé par le sélectionneur. Avec un rôle surtout défensif et plutôt axial, bien sûr, mais tout à fait capable de se projeter en transition. Et si c’était la solution pour tirer tout le potentiel du Zurichois de 25 ans?
La Ligue des champions fait réfléchir
Parce qu’il est sans doute l’heure pour ce dernier de reproduire sous le maillot national les performances réalisées en Bundesliga. En Allemagne, Sow est un joueur qui compte. Il est par exemple un des milieux de terrain les plus actifs défensivement (interceptions, pressions sur le porteur adverse) du championnat. Et il attise des convoitises. Son nom avait par exemple été lié dernièrement à Leipzig: «Je sais que l’Eintracht est un club spécial, donc pour que je parte, ce doit vraiment être parce qu’une opportunité exceptionnelle se présente», explique l’ancien joueur de Young Boys, qui est sous contrat jusqu’en 2024.
Il faut dire que la réflexion a pris une autre dimension, depuis la victoire en Europa League. Cette dernière qualifie directement Francfort pour la Ligue des champions: «Ça change beaucoup de choses, parce que ce sera la première participation de l’histoire du club, et j’ai envie qu’on puisse faire de belles choses en Ligue des champions. Je me réjouis.» De quoi clarifier un peu son avenir. Et en profiter pour soigner son statut en sélection.