Hockey sur glaceDerek Cormier: «On m’a reconnu dès mon arrivée à Sierre»
Le Canadien de 50 ans est de retour à Sierre pour la première fois depuis 2013. Il sera honoré par le club samedi soir (18 heures) avant le match contre Viège. Interview.
- par
- Ruben Steiger - Sierre
Le rendez-vous est fixé à 15h30 devant la patinoire de Graben. Quand on arrive, Derek Cormier est déjà là. Comme sur la glace à l’époque, il possède toujours un petit temps d’avance. Le Canadien, véritable légende du HC Sierre, a effectué, avec sa femme et sa fille, son retour en Suisse durant le mois de décembre afin de rendre visite à son fils Cole, attaquant du HC Lugano (lire encadré ci-dessous).
Forcément, un passage par Sierre s’avérait obligatoire. Derek est arrivé dans la Cité du Soleil mercredi et repartira pour le Canada le 27 décembre. Entre-temps, il sera honoré par son club ce samedi, à l’occasion du derby contre Viège. Jeudi, le meilleur pointeur de l’histoire des Rouge et Jaune a franchi les portes de Graben pour la première fois depuis le 4 janvier 2013.
«C’est fou, mais presque rien n’a changé en 10 ans, rigole-t-il. Ces tribunes et cette glace font immédiatement remonter de nombreux souvenirs dans ma mémoire.» Impossible de trouver meilleur lieu que la vétuste enceinte sierroise pour une grande interview de l’ancien numéro 19 du club valaisan.
Si je vous dis 22 décembre 2012, ça vous rappelle quelque chose?
C’était juste avant les fêtes donc ça doit probablement être le jour où j’ai été cédé par Sierre à Olten.
Presque. C’était la date de votre dernier match avec le HC Sierre…
Je ne me souvenais pas du jour exact (rires). Mais en revanche, je garde encore de nombreux souvenirs de cette période. J’avais fait mes valises pendant les fêtes et j’avais joué avec Olten quelques jours plus tard (ndlr: le 28 décembre). Avec ma famille, on vivait à Venthône et je jouais à Sierre depuis plus de 10 ans, donc ce déménagement abrupt a été difficile. Mais on savait que le club allait mal et qu'il fallait agir en professionnel. À savoir, aller dans un autre club pour faire son travail. Je n’étais plus revenu à Sierre depuis plus de 10 ans. Ni même en Europe. On a souvent souhaité le faire, mais le temps passe vite et l’occasion ne s’est jamais présentée. Pouvoir retrouver Sierre représente une grande source de bonheur.
Que représente cette ville pour vous?
Au Canada, tout le monde me demandait pourquoi je venais passer la semaine de Noël à Sierre. La réponse est simple: c’est la deuxième maison de ma famille. On a passé tellement de bons moments ici, on a rencontré de très belles personnes et mes enfants ont grandi à Sierre. On voulait retrouver tout cela pendant quelques jours. Presque rien n’a changé en 10 ans, mais c’est ce qui fait le charme et l’authenticité de cette région.
En débarquant à Sierre mercredi, quelle a été votre première pensée?
J’ai une belle anecdote à vous raconter par rapport à cela. Pour venir depuis Lugano, on est passés par Brigue avec le train. Là-bas, le ciel était couvert de nuages. Cependant, plus on approchait de Sierre et plus la météo s’améliorait. Et finalement, on a été accueillis par les rayons du soleil. Le mythe comme quoi Sierre est la Cité du Soleil a encore de beaux jours devant lui (rires).
À l’époque, vous étiez une véritable star dans la ville et tout le monde vous reconnaissait. Est-ce toujours le cas?
On m’a reconnu dès mon arrivée. Après avoir déposé nos bagages dans notre appartement, j’ai décidé de sortir pour aller rendre visite à un ami de l’époque. Je ne devais marcher que 5 petites minutes et la probabilité que je croise quelqu’un était faible. Je suis sorti dans la rue et j’ai immédiatement entendu un «Salut Derek!» C’est fou et cela démontre à quel point Sierre reste une grande ville de hockey.
Vous repartez le 27 décembre. Quel sera votre programme d’ici là?
On va assister au derby entre Sierre et Viège samedi soir. Le hasard fait bien les choses, je n’aurais pas pu rêver mieux comme match pour mon retour à Graben. Ensuite, on va simplement passer Noël en famille, revoir des amis de l’époque, manger de bons repas et boire du très bon vin. Malheureusement, on va manquer de temps pour revoir tout le monde. Mais puisque Cole joue en Suisse, on bénéficiera de plus d’occasions de revenir, que ce soit à Lugano pour lui rendre visite ou à Sierre pour se remémorer de bons souvenirs.
Vous serez honoré par le HC Sierre, ce samedi, avant le match contre Viège. Vous vous attendez à quoi?
Je suis impatient et je compte les heures. Je vais vivre un moment très fort en émotions. Rien que d’être dans cette patinoire à l’heure actuelle me fait chaud au cœur. Quand je vois cette glace, je n’ai qu’une seule envie: rechausser les patins. Pour samedi, je suis surtout heureux de revoir de vieilles connaissances.
Vous avez joué à Sierre de 2002 à 2012. Que représente ce club pour vous?
C’est presque impossible de mettre des mots là-dessus. Dès que je suis arrivé, j’ai su que je voulais rester ici pour longtemps. Les gens nous ont accueillis comme si on était des leurs. On s’est immédiatement sentis comme à la maison. J’ai trouvé chez les Valaisans une personnalité similaire à celle des habitants du Nouveau-Brunswick, d’où je suis originaire.
Et aujourd’hui, quel est votre rapport avec le HC Sierre?
Je suis encore le club et je regarde régulièrement les résultats. Ce sujet arrive régulièrement sur la table lors de mes conversations familiales ou amicales.
Vous arrivez à ressortir un seul souvenir marquant de vos 10 ans en Valais?
L'entièreté des moments vécus avec ma famille. L’aventure, tant humaine que sportive, restera inoubliable. Que ce soit les bons moments avec les trois finales consécutives ou les plus difficiles. Car on sait que le public sierrois est exigeant et ce n’était pas toujours simple à vivre.
Et votre plus grand regret?
La manière dont tout cela s’est terminé, avec la faillite du club à la fin de ma dernière saison. Le public de Graben ne méritait pas cela. C’est évident que j’aurais voulu remporter un titre de champion de Ligue Nationale B, mais je ne considère pas cela comme un regret. On a disputé trois belles finales de play-off et dans le sport, il ne peut y avoir qu’un seul gagnant. En 2004, on était très proches car on perd en prolongation du match décisif à Bienne sur un but qui a fait la polémique. On ne saura jamais si le puck est bel et bien entré. J’en ai d’ailleurs discuté plusieurs fois avec Stéphane Rochette (ndlr: l’arbitre de la partie) puisque son fils a joué avec le mien aux Remparts de Québec entre 2019 et 2021.
Est-ce que vous avez encore des contacts avec d’anciens coéquipiers?
Je communique régulièrement avec Lee Jinman. Concernant les joueurs suisses, je reçois parfois des téléphones de leur part lorsqu’ils sont en soirée et ça me fait rire à chaque fois.
Votre duo avec Lee Jinman a terrorisé les défenses de 2e division pendant de longues années. Quelle relation avez-vous en 2023?
Ça peut paraître fou mais après notre retraite sportive, on n’a plus eu de contacts pendant plusieurs années. Probablement car on a vécu une fin de carrière abrupte. Cette phase compliquée derrière nous, on a repris contact et on s’est revus quelques fois. Mais le Canada est immense et il habite à plus de 16 heures de route de chez moi. J'aimerais qu’on se voit plus souvent car à l’époque, on était inséparables. On vivait dans le même immeuble et nos familles étaient très proches.
Vous êtes actuellement entraîneur de l’équipe de l’Université de Moncton. Quels sont vos objectifs dans cette nouvelle carrière?
Je ne m’en fixe pas vraiment. Je profite du moment présent. J’apprécie cette fonction car je me sens proche du jeu. Je suis entraîneur principal depuis 2022 et je sens que je prends de l’expérience dans ce métier. Si une opportunité devait se présenter en Europe, j’y réfléchirais. D’autant plus avec la présence de mon fils en Suisse.
Et si le HC Sierre vous appelle un jour pour entraîner l’équipe, vous diriez quoi?
(Rires) Dans un monde parfait, j’aimerais entraîner ce club un jour. Mais je n’y pense pas trop, tant que l’opportunité ne se présente pas. Peu importe que je revienne ou non, je ne souhaite que du positif au HC Sierre. Ce qui est fait actuellement avec la mise en place du nouveau projet et le bon travail d’Yves Sarault, avec qui je m’entends bien, est magnifique à suivre. La région et les supporters méritent quelque chose de bien.