Hockey sur glaceNon mais Killian Mottet, t’es pas sérieux?
Le buteur de Fribourg-Gottéron vient de prolonger son contrat jusqu’en 2027. L’occasion de lui poser quelques questions décalées auxquelles il a volontiers répondu. Le tout sans se laisser provoquer. Un beau joueur.
- par
- Cyrill Pasche
Des questions décalées? L’exercice était relativement facile pour Killian Mottet, à qui son entraîneur Christian Dubé doit sans doute répéter avant chaque match: «Surtout, Kiki, tu te laisses pas provoquer!».
Beau joueur, l’international suisse de 31 ans en a tout de même profité pour nous expliquer (très sérieusement) les dessous de sa prolongation de contrat jusqu’en 2027 avec son club formateur et pourquoi il pense que Fribourg-Gottéron va continuer de jouer les premiers rôles à l’avenir:
Pourquoi tu n’as pas sauté sur l’occasion pour signer à Berne – comme Chris DiDomenico – plutôt qu’à Fribourg? Tu imagines le spectacle avec 17’000 spectateurs qui scandent «Kiki! Kiki!»… C’est quand même presque le double qu’à la BCF Arena.
Non non, moi je préfère me faire siffler par plein de gens. Alors à Berne, avec 17’000 personnes, c’est juste parfait quand je débarque avec le maillot de Gottéron. Et puis, Fribourg a toujours été mon option numéro un. C’était toujours très clair dans ma tête. Le club est venu me voir rapidement, en juin, et je dois dire que je me suis senti flatté, honoré. On s’est parlé trois ou quatre fois et tout était déjà réglé. C’est allé vite. Maintenant, l’objectif, c’est de gagner ce titre. Chaque année, on apprend. En 2021 contre Genève en quarts, la saison dernière contre Zurich en demies. J’ai tellement envie de revivre ces émotions incroyables des play-off et d’aller au bout.
Maintenant que tu es tranquille financièrement jusqu’en 2027, n’as-tu pas un peu le sentiment de déjà t’être relâché, inconsciemment?
Au contraire, j’ai encore plus la rage! Là, j’ai cinq ans pour amener ce titre à Fribourg. Je te jure, j’ai encore plus faim qu’avant! D’ailleurs la preuve, le lendemain de ma signature, je n’ai jamais autant transpiré de ma vie à l’entraînement de condition physique. Bon, c’était en pleine canicule et il faisait vraiment chaud à l’extrême dans cette salle de musculation. C’est peut-être aussi un peu pour ça, finalement…
Christoph Bertschy, lui, il a carrément eu droit à un contrat de sept ans. Pourquoi n’es-tu pas allé vers Christian Dubé (GM et coach) en lui demandant non pas sept, mais huit années de contrat, histoire de montrer qui c’est le patron sur la glace?
Christoph a eu sept ans tout simplement parce qu’il est plus jeune que moi (ndlr: 28 ans)! Et puis, je me voyais mal, à 31 ans, leur demander un contrat de huit ans. Mais quoique, j’aurais peut-être dû essayer! On ne sait jamais, ils auraient peut-être dit oui! Dans tous les cas, j’espère bien que ce n’est pas mon dernier contrat avec Gottéron.
À 35-36 ans, quand tu seras dans tes deux dernières années de contrat, tu penses que tu auras encore les jambes pour jouer en attaque? Ou tu te vois plutôt tranquille en défense, à envoyer des slapshot de la ligne bleue?
Le problème, c’est que je ne suis pas le plus fiable défensivement. Du coup, jouer en défense, ça risque d’être un peu compliqué pour moi. Et puis, j’imagine que je ne serai pas forcément la première personne à qui le coach va penser s’il a besoin d’un défenseur.
Tu ne regrettes pas un peu de ne pas déjà avoir 36 ans, plutôt que 31? Comme ça tu serais toi aussi pile dans la tranche d’âge des autres «anciens», les Diaz, Sprunger, Berra, Desharnais, etc, et l’équipe serait encore plus expérimentée…
Haha, ouais, je vois où tu veux en venir… L’âge, c’est qu’un chiffre! Regarde, Laurent Meunier, il a joué jusqu’à quoi? 40 ans, ou plus même? Si t’es au top physiquement, il n’y a pas de soucis même si en Suisse on est déjà considéré comme «vieux» à partir de 30 ans.
Entre nous, quand tu vois les transferts de Zoug et Zurich, tu te dis pas que ça risque quand même d’être chaud pour être champion cette saison avec Fribourg?
Euh… Effectivement, c’est du lourd. C’est des gros morceaux, ces deux équipes-là. Mais… attention… Cela ne veut pas dire que cela va fonctionner pour eux. Donc nous on continue de bosser, on a une équipe homogène qui a l’habitude de jouer ensemble. On sera en haut du classement, je te dis. On a nos chances, comme les autres.
Avec tous ces nouveaux gardiens étrangers, tu n’as pas l’impression que tu vas en marquer beaucoup moins, des buts, la saison prochaine?
Non! Parce qu’ils ne me connaissent pas! Ils ne savent pas où j’ai l’habitude de tirer. Donc ça devrait encore aller, à mon avis. Je me fais pas de soucis, je vais marquer. Par contre, c’est vrai qu’il y a des sacrées pointures qui vont débarquer. C’est clair que ce sera toujours plus dur de marquer des buts dans cette ligue. Et si tout à coup je n’y arrivais plus, j’essaierai de marquer de la main, avec un peu de chance cela peut passer inaperçu (ndlr: en octobre 2018 contre Ambri, à plat ventre à côté du but, il s’était emparé du puck avec son gant avant de le déposer discrètement dans la cage. Une réussite finalement annulée). Tu te souviens de ce but de la main? Il était pas mal celui-là (rire).
Tu penses que toi aussi tu auras un jour droit à ta statue devant la patinoire, comme cela semble déjà promis à l’éternel Julien Sprunger? Et tu penses qu’ils vont aussi retirer ton maillot, s’il reste encore un peu de place d’ici-là dans la patinoire?
La statue, non. Ce sera juste pour Julien. Mon numéro retiré un jour (ndlr: le 71)? Il y a peu de chances, car comme tu l’as dit, il y en a déjà pas mal… J’avoue quand même que ce serait beau. Si on gagne le titre, peut-être que là, oui, j’y aurais éventuellement droit. On verra bien à la fin de ma carrière, le plus tard possible.
Tu as quelque chose à voir dans le fait que Lausanne s’est fait piquer le Mondial 2026 par Fribourg?
Non promis, vraiment, je n’y suis pour rien. Je suis désolé pour Lausanne. Ce n’est pas moi qui gère ce genre de trucs, tu vois. À vrai dire, j’ai à peine suivi ce qui s’est passé. En tout cas, c’est vraiment cool pour Fribourg. En 2026, j’aurai quoi, moi? 35-36 ans? Bon, on sait jamais, je serai peut-être sur la glace avec l’équipe nationale pour ce Championnat du monde. Cela doit être assez fou de jouer un Mondial à domicile, en Suisse (ndlr: il est prévu que l’équipe nationale joue ses matches sur le site principal, à Zurich). Au pire, j’espère qu’ils me fileront au moins des billets pour aller voir des matches.
Dernière question: pourquoi tu ne fais plus tes fameux plongeons sur la glace?
Tout simplement parce que je garde ça pour l’été uniquement, désormais. À Fribourg, je vais beaucoup plonger à la piscine de la Motta, par exemple. Comme ça l’hiver, je ne fais plus que du hockey.
Et merci infiniment, Killian, d’avoir joué le jeu!