Eaux de FukushimaLa Chine condamne le rejet d’eau mais est-il dangereux?
Si Pyongyang et Pékin dénoncent le rejet d’eau en mer de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, la teneur d’eau tritiée est «bien en dessous de la limite», rassure L’AIEA.
Le Japon a commencé jeudi à rejeter en mer de l’eau issue de sa centrale nucléaire accidentée de Fukushima, malgré les inquiétudes de ses pêcheurs et une vive opposition de Pékin, qui a immédiatement renforcé ses restrictions commerciales vis-à-vis de Tokyo, dénonçant une action «égoïste et irresponsable» de Tokyo et invoquant «la sécurité alimentaire». Dans la foulée, la Corée du Nord a demandé au Japon d’«arrêter immédiatement» le processus qui «menace sérieusement la sécurité et l’avenir de l’humanité», selon un communiqué du ministère publié par l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Mais ce rejet d’eau est-il réellement dangereux?
Concentration de tritium «bien en dessous de la limite»
Le processus sera très progressif et doit durer jusque dans les années 2050. La teneur d’eau tritiée dans les rejets en mer quotidiens n’excédera pas 500 m3, promet Tokyo. L’eau a été filtrée au préalable pour la débarrasser de la plupart de ses substances radioactives, à l’exception du tritium. Le Japon prévoit de rejeter cette eau avec une importante dilution au préalable, de sorte que son niveau de radioactivité ne dépasse pas 1500 becquerels (Bq) par litre.
Ce niveau est 40 fois inférieur à la norme nationale japonaise pour l’eau tritiée alignée sur la norme internationale (60’000 Bq/litre), et il est par ailleurs environ sept fois inférieur au plafond établi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’eau potable (10’000 Bq/litre).
La concentration en tritium de l’eau que le Japon a commencé à rejeter est «bien en dessous de la limite opérationnelle de 1500 becquerels par litre», a indiqué jeudi dans un communiqué l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui supervise l’opération.
Des experts de l’AIEA présents à Fukushima ont prélevé cette semaine des échantillons de l’eau préparée pour le premier déversement et les ont analysés de manière indépendante, a précisé l’instance onusienne. L’AIEA a donné en juillet son feu vert au projet de Tokyo, jugeant qu’il aura un impact radiologique «négligeable sur la population et l’environnement».
Relations sino-japonaises déjà tendues
Le déversement en mer d’eau tritiée est cependant une pratique courante de l’industrie nucléaire dans le monde entier, et le niveau annuel de radioactivité de ces rejets par les centrales nucléaires chinoises est bien supérieur à celui prévu à Fukushima Daiichi, a relevé Tokyo. Selon des analystes, la position intransigeante de Pékin sur l’eau de Fukushima est très probablement liée aux relations sino-japonaises déjà tendues sur de nombreux sujets économiques et géopolitiques.
D’autres gouvernements de pays d’Asie-Pacifique ayant de meilleures relations avec le Japon comme la Corée du Sud, Taïwan, l’Australie ou encore les îles Fidji et les îles Cook, ont ainsi exprimé leur confiance quant à la sécurité du processus du rejet contrôlé par l’AIEA. Des manifestations contre le rejet ont toutefois lieu en Corée du Sud. Plus de dix personnes ont été arrêtées jeudi à Séoul pour avoir tenté de pénétrer dans l’ambassade du Japon, a déclaré la police locale à l’AFP.
Le Japon demande à la Chine de lever ses restrictions commerciales
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a annoncé jeudi à la presse que son gouvernement avait déposé une plainte à la Chine par des canaux diplomatiques en lui demandant de supprimer immédiatement la suspension de ses importations de produits de la mer japonais décidée après le début du rejet en mer d'eaux de la centrale nucléaire de Fukushima.