FootballLa synthèse de République tchèque-Suisse: instable et improductif
Ce qu’il faut retenir de la défaite 2-1 de la Suisse pour son premier match de Ligue des nations jeudi. Avec un nouveau format.
- par
- Valentin Schnorhk Prague
Il y aurait beaucoup à ergoter de cette défaite 2-1 de la Suisse en République tchèque jeudi. La Ligue des nations est bien mal entamée, et lorsqu’on sait à quel point l’ASF en fait une compétition non-négligeable, cela suggère d’interpréter ce résultat avec une certaine exigence.
Et puis, surtout, la performance impose d’être passée au crible, tant la Coupe du monde se rapproche. Mais la formation de Murat Yakin a une chance: elle a trois matches – au Portugal, puis contre l’Espagne et le Portugal à Genève – pour se rattraper et faire oublier cette soirée ratée. LeMatin.ch livre son regard sur ce revers, dans un nouveau format. Un peu plus nerveux.
Les trois enseignements
Puisque Murat Yakin en avait fait un leitmotiv dès sa nomination, il impose de le mettre en avant: la Suisse n’est pas plus fiable défensivement en 2022 qu’en 2021. L’animation sans ballon ne permet pas de neutraliser l’adversaire.
Pire, jeudi, les imprécisions techniques, les incompréhensions tactiques et les replis négligés ont mis en exergue un comportement global qui ne doit évidemment pas plaire au sélectionneur. Le problème, c’est que la prestation de Prague suit celle de Wembley contre l’Angleterre (défaite 2-1, en étant dominé en seconde période) et celle de Zurich face au Kosovo (en étant régulièrement mis sous pression).
La Suisse ne presse pas vraiment, propose un bloc médian avec peu de déclencheurs efficaces pour neutraliser l’adversaire et se retrouve friable lorsqu’elle doit défendre proche de son but. On est bien loin de ce que Yakin avait annoncé. Régression?À en croire Breel Embolo, la Suisse est en mutation: «Nous avons voulu essayer certaines choses», dira l’attaquant en zone mixte. Sauf que cela a mené l’équipe nationale à manquer d’idées avec ballon face aux Tchèques: il n’y a eu vraiment qu’une seule filière qui a semé la panique dans la défense adverse. À savoir en faisant combiner décrochages et appels en profondeur pour s’inscrire dans la verticalité.
Un football plus direct, qui s’exprime mieux sur les transitions. Mais c’est oublier que la Suisse de ces dernières années a toujours eu le souci de trouver les solutions sur des actions placées, parfois prolongées. Et force est d’admettre que lorsqu’il a fallu déstabiliser la République tchèque, le manque d’inspiration s’est révélé criant jeudi.Il y a un peu moins d’un an, une scène avait été révélatrice des dynamiques de l’équipe de Suisse d’alors. Dans l’élan de la victoire contre la France à l’Euro, Granit Xhaka s’était empressé d’aller prendre Vladimir Petkovic dans ses bras. Il faut dire que l’ancien sélectionneur avait donné les clés du jeu à son capitaine, capable d’interpréter et de transmettre avec fidélité ses idées.
Le Xhaka vu jeudi semblait déresponsabilisé. Quelques indications, bien sûr. Mais surtout une difficulté à prendre le jeu à son compte, à l’organiser. Est-ce une méforme passagère? Ou le problème serait-il un peu plus profond? On sait que Yakin a cherché à tempérer le caractère de son capitaine. L’a-t-il muselé? En le plaçant dans une position un peu plus haute que Freuler, Xhaka a en tout cas vu son influence sur le jeu réduite. Au point de livrer une prestation totalement insipide. Et la structure globale s’en est ressentie.
Le meilleur Suisse: Breel Embolo
Lui le premier a su reconnaître ses occasions manquées. Et surtout celle de la 10e minute, alors que le score était encore nul et vierge. Mais force est d’admettre que, dans le dernier tiers, il est celui qui peut faire des différences. Jeudi, sans être brillant, il a pu être régulièrement touché pour ensuite créer des décalages. Son profil reste déséquilibrant pour l’équipe adverse. Même si cela impose de le mettre dans les meilleures conditions.
Le moins bon Suisse: Nico Elvedi
Très vite, le défenseur du Borussia Mönchengladbach a paru être à la limite. Pas juste dans ses interventions, il a vite terni son «œuvre» par son indécision sur le premier but tchèque. Avant d’être plus d’une fois surpris par les mouvements adverses, et même éliminé par Jankto, sur l’action du 2-1. Son comparse Fabian Schär n’a pas été mieux non plus. Un manque de sérénité qui dit beaucoup de l’importance de Manuel Akanji pour la défense centrale helvétique. Lorsqu’il n’est pas blessé, comme à Prague.
La décla’
Le fait tactique
C’était un choix: un 4-4-2, avec Djibril Sow sur le côté droit du milieu de terrain. Observé à l’entraînement durant la semaine, on l’envisageait plutôt pour un match où la possession serait surtout adverse, soit contre le Portugal ou l’Espagne. Yakin a opté pour cette solution déjà à Prague. Et en revenant dessus après moins d’une demi-heure. Parce qu’il n’apportait rien de plus avec ballon qu’un 4-3-3 (Sow pouvant se projeter à l’intérieur dans les deux versions), mais aussi parce que sur les actions construites du 3-4-3 tchèque, la Suisse était dans l’incapacité de contrôler à la fois l’axe et les côtés. Ce fut un peu mieux ensuite, lorsque Freuler s’est chargé de suivre à la trace Kuchta.
La statistique
4, comme le nombre de dribbles tentés par l’ensemble de l’équipe de Suisse sur les 97 minutes disputées jeudi. Rodriguez, Xhaka, Vargas et Embolo s’y sont essayés. Seuls les deux premiers ont réussi leur tentative. Il va sans dire que c’est le plus faible total de l’équipe de Suisse recensé depuis que Murat Yakin est en poste. Et que cela traduit un manque certain de créativité.
L’avenir en une question
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