ConflitAprès une centaine de jours de conflit, la Russie contrôle 20% de l’Ukraine
Le 24 février, la Russie attaquait l’Ukraine. Après cent jours de conflit, Kiev reconnaît que Moscou occupe désormais un cinquième de son territoire et réclame davantage d’armes aux Occidentaux.
L’armée russe resserre, ce jeudi, son emprise dans l’est de l’Ukraine, son objectif prioritaire, au 99e jour d’une guerre qui lui a permis de mettre la main sur 20%, du pays selon Kiev. Après l’échec de leur offensive-éclair pour faire tomber le gouvernement de Kiev, les forces russes se concentrent sur la conquête du reste du Donbass, dans l’Est, où se joue désormais une guerre d’usure, notamment autour de la ville stratégique de Severodonetsk.
Et la tactique du rouleau compresseur appliquée par Moscou, pour grignoter lentement le Donbass, semble porter ses fruits. «La situation la plus difficile» concerne Lougansk, l’une des deux régions du Donbass, où «l’ennemi essaye de déloger nos troupes de leurs positions», a souligné le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny.
Severodonetsk, capitale administrative de la région, est désormais «occupée à 80%» par les forces russes et les combats font rage dans les rues, a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, dans la nuit de mercredi à jeudi.
Retranchés comme à Marioupol
Selon Kiev, les forces ukrainiennes y sont notamment retranchées dans une zone industrielle bombardée par les Russes, comme à la toute fin du long siège de la ville stratégique de Marioupol, largement détruite et conquise par les Russes, fin avril. Ces derniers jours, les dirigeants ukrainiens ont accusé Moscou de vouloir faire de Severodonetsk un «nouveau Marioupol». La pression russe reste également importante sur Donetsk, l’autre région du Donbass.
Trois mois après le début de l’invasion, les forces russes contrôlent actuellement «environ 20%» du territoire ukrainien, soit près de 125’000 km2, a déclaré, jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un message au Parlement luxembourgeois. Avant l’invasion, les forces russes ou prorusses y contrôlaient 43’000 km2, depuis l’annexion de la Crimée et la prise d’un tiers du Donbass, en 2014.
Le général ukrainien Valeri Zaloujny a plaidé pour la livraison, le plus rapidement possible à son pays, d’armes «du type de celles de l’OTAN». «Cela sauverait des vies», a-t-il souligné. Kiev attend notamment des livraisons de systèmes de lance-missiles plus puissants, promis par le président américain Joe Biden, en espérant que cela change le rapport de force militaire sur le terrain.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces russes ont bombardé plusieurs lignes de chemin de fer dans la région de Lviv (ouest), une région où arrivent notamment les armes livrées à l’Ukraine par les pays occidentaux, une aide dénoncée par Moscou.
Visite africaine à Moscou pour «contribuer à l’accalmie»
Les Occidentaux essaient aussi de débloquer les ports ukrainiens de la mer Noire, notamment celui d’Odessa, principale porte de sortie de la production agricole du pays, pour relancer les exportations de céréales, dont l’Ukraine est l’une des grandes productrices mondiales. Au moins 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ne peuvent être exportées à cause d’un blocus russe, faisant planer le risque d’une crise alimentaire mondiale.
Le président sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), se rend en Russie pour s’entretenir, vendredi, avec son homologue russe Vladimir Poutine, qui l’a invité à Sotchi. L’UA espère ainsi «contribuer à l’accalmie dans la guerre en Ukraine, et à la libération des stocks de céréales et de fertilisants, dont le blocage affecte particulièrement les pays africains».