Famille royaleLe prince Andrew n’ira pas au tribunal mais reste un paria
Le fils de la reine Elizabeth a évité un procès en versant des millions de francs à la femme qui l’accuse d’avoir abusé d’elle quand elle avait 17 ans.
Le prince Andrew est parvenu à un accord à l’amiable avec Virginia Giuffre, l’Américaine qui l’accuse de l’avoir agressée sexuellement en 2001, s’évitant ainsi un procès au civil retentissant et embarrassant pour la famille royale britannique.
«Virginia Giuffre et le prince Andrew sont parvenus à un accord à l’amiable», peut-on lire dans une lettre versée mardi par l’avocat de Mme Giuffre, David Boies, au nom des deux parties, qui précisent leur intention de mettre fin à l’affaire dans les 30 jours.
Le deuxième fils de la reine Elizabeth II, 61 ans, était poursuivi par l’Américaine de 38 ans, une ancienne victime du multimillionnaire américain Jeffrey Epstein, pour des abus sexuels quand elle avait 17 ans. Il a toujours contesté les faits mais l’affaire avait de nouveau braqué les projecteurs sur ses liens avec ce sulfureux financier rattrapé pour le trafic sexuel de nombreuses jeunes filles, et qui avait été retrouvé mort pendu dans sa cellule de Manhattan à l’été 2019.
12 millions de livres sterling
L’affaire était devenue de plus en plus gênante pour la famille royale britannique et un procès, même au civil, aurait eu un énorme retentissement, même si le prince Andrew s’était retiré de la vie publique depuis une interview calamiteuse à la BBC en 2019 où il tentait de se défendre. Lors de cette interview, Andrew affirmait ne pas se souvenir de la jeune fille, malgré un cliché le montrant se tenant par la taille avec Virginia Giuffre, tout sourire, avec Ghislaine Maxwell en arrière-plan.
Les termes financiers exacts de l’accord n’ont pas été dévoilés, mais selon le document judiciaire, le duc d’York «a l’intention de faire un don important à l’organisation de Virginia Giuffre qui soutient les droits des victimes» d’agressions sexuelles. Virginia Giuffre, qui vit désormais en Australie, a fondé l’organisation «Speak Out, Act, Reclaim» l’année dernière. Selon des informations de la presse britannique, la somme versée à la plaignante pourrait atteindre jusqu’à 7,5 millions de livres sterling (9,4 millions de francs) à Andrew, avec plusieurs millions de livres de frais juridiques. Le tout pouvant coûter plus de 12 millions de livres (15 millions de francs) au prince.
Selon le «Daily Mail», les fonds proviendraient de son domaine privé du duché de Lancaster, qui a récemment augmenté de 1,9 million de francs pour atteindre plus de 29 millions. La vente du chalet de Verbier du prince aurait également permis de parvenir à cet accord financier. Selon le journal britannique, la reine Elizabeth serait prête à payer une partie de la facture.
Le prince «salue le courage» de Virginia Giuffre
«Le prince Andrew n’a jamais eu l’intention de dénigrer Mme Giuffre, et il reconnaît qu’elle a souffert à la fois en tant que victime établie d’abus et à la suite d’attaques publiques injustes», stipule le document judiciaire versé mardi au dossier du juge new-yorkais Lewis Kaplan.
Selon les avocats, le prince Andrew «regrette ses liens avec Epstein et salue le courage de Mme Giuffre et des autres victimes qui ont pris la parole pour se défendre». Dans cette note d’une page, il n’est jamais fait mention des accusations de l’Américaine contre le prince Andrew, ni des dénégations de ce dernier.
Virginia Giuffre a accusé le prince d’agressions sexuelles à Londres, New York et aux îles Vierges américaines, dans les résidences du couple formé par Jeffrey Epstein et la mondaine britannique Ghislaine Maxwell, en 2001, quand elle avait 17 ans. En décembre 2021, Ghislaine Maxwell, 60 ans, a été reconnue coupable devant un tribunal fédéral de New York de trafic sexuel de mineures au bénéfice de son ancien compagnon. Sa peine n’a pas encore été fixée.
Le moins aimé de la famille royale
Cet accord financier n’y change rien: longtemps décrit comme le fils favori d’Elizabeth II, le prince Andrew est devenu un paria dans la famille royale britannique. Il n’a plus été vu en public depuis des mois. Il n’est aperçu désormais que de loin au volant de sa Range Rover dans le parc de Windsor, où il occupe un manoir proche du château où réside sa mère. Il ne figurait même pas sur la photo de mariage de sa fille Beatrice en 2020. Il est le membre le moins aimé de la famille royale, à seulement 12% d’opinions favorables
Charles lui a demandé de devenir invisible
Le mois dernier, la reine de 95 ans lui avait retiré ses titres militaires ainsi que ses parrainages caritatifs et avait exclu qu’il reprenne un jour des engagements publics au sein de la famille royale, en raison du procès civil dont il était menacé à l’automne. Il n’est depuis plus autorisé à utiliser son titre d’Altesse royale. La perte de ses décorations militaires, a été une humiliation de plus pour cet ancien pilote d’hélicoptère qui dans le passé avait été décrit comme un héros de la guerre des Malouines en 1982.
Son frère Charles, héritier de la Couronne, lui aurait demandé de devenir invisible, selon les tabloïds britanniques, furieux du procès attendu à New York, dont la menace disparaît avec l’accord amiable annoncé mardi. Jusqu’à cet accord, il était prévu que le prince soit interrogé sous serment par les avocats de Virginia Giuffre le 10 mars à Londres.
Selon une source du «Daily Mail», ce règlement pourrait permettre à Andrew d’assister au service commémoratif de son père fin mars en tant que membre de la famille royale à titre privé. Mais il était peu probable qu’il puisse assister à l’une des célébrations du jubilé de platine de la reine.
Un «sale type» selon une masseuse
Dans cette perspective, deux masseuses avaient raconté ces derniers jours leur expérience avec le prince dans la presse tabloïde britannique, l’une d’elles, Emma Gruenbaum, le décrivant dans le «Sun» comme un «sale type» qui avait eu des propos et gestes déplacés lorsqu’elle était venue le masser à Windsor en 2005.
Né le 19 février 1960 à Buckingham Palace, dix ans après sa sœur la princesse Anne, le prince Andrew est le troisième des quatre enfants de la reine Elizabeth II et du prince Philip. Jeune homme, Andrew, célibataire joyeux multiplie les conquêtes, avant d’épouser en 1986 la flamboyante Sarah Ferguson. La reine lui octroie alors le titre de duc d’York.
Deux filles naissent de cette union: les princesses Beatrice (1988) et Eugenie (1990), mais le mariage est éclaboussé par des écarts de conduite. En 1992, «Fergie» est photographiée seins nus au bord d’une piscine dans le sud de la France, son conseiller financier lui léchant les orteils. Malgré leur divorce en 1996, Andrew et Sarah sont restés bons amis.
Une soirée «prostituées et proxénètes»
Après leur séparation, le prince Andrew se fait remarquer aux côtés de femmes peu vêtues en vacances en Thaïlande, ou participant à une soirée sur le thème «prostituées et proxénètes» aux États-Unis avec Ghislaine Maxwell.
Après 22 ans dans la Marine, il devient le représentant spécial du Royaume-Uni pour le commerce international, mais est critiqué pour ses dépenses fastueuses aux frais du contribuable. Ses relations avec des familles de dictateurs, dont celle du Libyen Mouammar Kadhafi, sont aussi vues d’un mauvais œil.
Le prince a reconnu que sa relation avec Jeffrey Epstein, condamné en 2008 pour avoir conduit des adolescentes à se prostituer, était «mal avisée».