EspagneEnquête sur la pédocriminalité: l’Église peu enthousiaste
Le Défenseur des droits regrette le manque de participation de l’Église catholique espagnole à enquêter sur les violences sexuelles commises sur des mineurs.
Il y a peu d’«enthousiasme» au sein de l’Église catholique espagnole pour se pencher sur les violences sexuelles commises sur des mineurs en son sein, a souligné mardi le Défenseur des droits, responsable de la commission d’enquête indépendante mise en place dans le pays sur ce sujet. «Je n’ai pas noté un très grand enthousiasme au sein de nombreux cercles de l’Église» qui a refusé de participer à cette commission, a déclaré, lors d’un débat, Angel Gabilondo. «Nous avons parlé, et j’ai parlé avec la Conférence épiscopale depuis le début, je les ai même encouragés à participer. La Conférence épiscopale a alors dit qu’il leur était difficile d’y prendre part. Dans tous les cas, ils pourront collaborer», a-t-il expliqué.
Depuis la mise en place en juillet de cette commission, elle a entendu 230 victimes de violences sexuelles. À l’issue de ces travaux, elle communiquera ses conclusions à la Chambre des députés. «Cela ne veut pas dire qu’il n’y a que 230 personnes qui soient entrées en contact avec nous. Il s’agit de 230 personnes qui ont clairement donné leur nom et prénom et qui, selon nous, réunissent toutes les conditions requises pour être considérées comme des victimes», a-t-il indiqué.
Commission d’enquête
Les députés espagnols avaient voté en mars à une large majorité la création de cette commission chargée de mener à bien la première enquête officielle dans le pays sur la pédocriminalité dans l’Église. Elle devait initialement également compter dans ses rangs des représentants du clergé mais l’Église a refusé d’y participer, estimant qu’il fallait enquêter sur la pédocriminalité au sein de l’ensemble de la société et pas uniquement au sein de l’institution catholique.
À la différence d’autres pays comme l’Allemagne, l’Australie, les États-Unis, la France ou l’Irlande, aucune enquête d’ampleur n’avait été menée jusqu’ici sur les violences sexuelles contre les mineurs au sein de l’Église espagnole. L’Église espagnole a chargé de son côté un cabinet d’avocats d’un audit visant à faire toute la lumière sur ces violences sexuelles.
Faute de données officielles, le quotidien «El País» avait lancé sa propre enquête en 2018, recensant presque 1600 victimes depuis les années 1930. L’Église a, elle, indiqué en mars avoir recensé depuis 2020 plus de 500 cas.