ColombieManifestations monstres contre le président Gustavo Petro
Plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté à travers la Colombie pour protester contre le président de gauche, Gustavo Petro.
Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche dans les grandes villes de Colombie pour protester contre le président de gauche Gustavo Petro, une mobilisation sans précédent dans la rue depuis son élection en 2022.
«Petro, dehors!» ont scandé les cortèges, qui ont rassemblé l’opposition de droite, les forces politiques centristes, d’anciens alliés libéraux mais également de nombreuses organisations professionnelles et citoyens non affiliés.
Gustavo Petro est arrivé au pouvoir en août 2022, devenant le premier homme de gauche à gouverner un pays traditionnellement dirigé par des élites conservatrices. Mais sa popularité est au plus bas, avec un taux de désapprobation de 60%, selon l’institut de sondage Invamer.
500’000 manifestants
Près de 500’000 personnes auraient participé aux manifestations selon les chiffres cumulés et communiqués par les mairies de Cali (sud-ouest), Bogota, Barranquilla (nord), Carthagène (nord) et Medellín (nord-ouest), deuxième ville du pays où le maire conservateur, Federico Gutierrez, s’est félicité, photos à l’appui sur son compte X, d’une participation «historique» et «impressionnante».
Rien qu’à Medellín, 350’000 personnes ont manifesté, selon le Médiateur public de la ville. Le président Petro a pour sa part évalué le nombre de manifestants à «plus ou moins 250’000 personnes dans le pays». S’il a reconnu que les manifestations avaient été «fortes» à Medellín, Bogota et Bucaramanga (nord), il a affirmé qu’elles avaient été «faibles» partout ailleurs.
Malgré le mauvais temps, plusieurs dizaines de milliers de manifestants, sous les parapluies et slalomant entre les flaques d’eau, ont marché dans la capitale vers la Place Bolivar, traditionnel épicentre des manifestations colombiennes, noire de monde en fin de matinée, a constaté l’AFP.
«Marche des blouses blanches»
De nombreux professionnels de santé, arborant leur tenue de travail, étaient présents dans les manifestations pour «la marche des blouses blanches», à l’appel de plusieurs dizaines d’associations de médecins, pour protester contre la réforme avortée du système de santé.
«La santé n’est pas un jeu, c’est un droit», a-t-on pu lire sur des pancartes et des casquettes à Bogota, en référence au récent revers politique de Gustavo Petro, dont les projets pour le système de santé ont été mis en échec au Congrès début avril. Selon ce projet, désormais définitivement enterré, le gouvernement entendait évincer une partie des acteurs privés du système.
Ces derniers jours, le gouvernement est cependant intervenu dans plusieurs entités qui servent d’intermédiaires entre l’État et les hôpitaux (EPS), afin de contrôler leurs budgets, provoquant l’ire d’une partie du milieu médical.
Mais la santé n’est pas le seul motif de mécontentement: la réforme des retraites, le spectre (régulièrement agité par Petro) d’une révision constitutionnelle, l’insécurité et la crise énergétique sont au cœur des préoccupations des Colombiens.
La situation du pays «s’aggrave»
De nombreuses pancartes enjoignent le président à «respecter la Constitution», après que ce dernier a laissé planer le doute sur la convocation d’une Assemblée constituante, fustigée comme une menace de «coup d’État» par ses opposants ou une possible tentative de se maintenir au pouvoir après la fin de son mandat en 2026.
Gustavo Petro avait publié vendredi une vidéo humoristique ironisant sur les manifestants de «la classe dominante». Des déclarations qui agacent Betty Ospina, 67 ans, femme au foyer: «il est temps de s’unir pour qu’il comprenne que nous ne sommes pas des riches, mais que nous sommes la classe moyenne qui travaille».
Plusieurs anciens alliés du président ont participé à la marche de ce jour, à l’instar de l’ex-ministre de l’Éducation de Gustavo Petro et centriste de gauche, Alejandro Gaviria.