Football: Jérémy Frick: «On n’a pas perdu notre football»

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FootballJérémy Frick: «On n’a pas perdu notre football»

Le gardien No 2 du Servette FC, blessé, ne sera pas sur le terrain dimanche à Bâle. Mais il est bien placé pour évoquer le trou noir connu par les Genevois, qui restent sur trois défaites en Super League.

Simon Meier
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Simon Meier
Jérémy Frick ici lors d’une rencontre à Bâle à l’automne dernier.

Jérémy Frick ici lors d’une rencontre à Bâle à l’automne dernier.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Si vous deviez expliquer, désolé pour la mission, ce qui s’est passé entre le Servette qui semblait fondre sur Young Boys fin mars et celui qui vient d’enchaîner trois défaites en une semaine, que diriez-vous?

Certaines situations sont dures à expliquer. En début de saison, on ne s’expliquait pas pourquoi on n’avait pas de réussite et plus tard, certains se sont demandé pourquoi on en avait. Là, c’est reparti dans l’autre sens. C’est dû à beaucoup de petites choses. L’élimination en Europe nous a peut-être un peu sortis de notre chemin, celui qu’on s’était construit.

A-t-on minimisé, au moment de saluer votre joli parcours, la déception qu’a constitué cette élimination aux penalties en République tchèque, peu avant la pause internationale?

Non, je ne pense pas. C’était le destin, c’était comme ça. Bien sûr qu’on y pense, quand on voit jouer Plzen contre la Fiorentina en quart de finale jeudi soir. Mais ce n’est pas pour ça qu’on a de moins bons résultats en ce moment.

Alors pourquoi?

Plein de petites choses. On est sur la dernière ligne droite, on a disputé passablement de matches (ndlr: celui de dimanche à Bâle est le 50e), davantage que toutes les autres équipes de Super League, qui connaissent aussi mieux notre façon de jouer. Et surtout, il y a ce manque de réussite. Si on regarde les matches contre Stade-Lausanne (ndlr: 1-2 le 3 avril) et Zurich (0-1 le 6), on voit que cette baraka qu’on avait nous a quittés. Ce n’étaient pas des matches atroces à regarder. On a juste manqué de réussite et on travaille pour la retrouver.

Cette pause internationale a-t-elle cassé un rythme sur le plan physique ou donné trop de temps à l’équipe pour réfléchir à ce qu’elle était en train de réaliser?

Une pause, ça tombe toujours mal quand ça va bien et toujours bien quand ça va mal. On a redémarré sur un mauvais résultat à Winterthour (ndlr: défaite 1-0 le 30 mars), puis un autre et peut-être qu’un petit doute s’est installé. Il y a peut-être aussi eu une fatigue, plutôt mentale que dans les jambes. Parce que la saison est longue. Mais il ne faut pas toujours chercher trop d’explication aux résultats. Pendant cette mauvaise période, si en plus on jouait mal, là on pourrait se poser des questions. Mais on met l’intensité, on fait les efforts. Le match contre Stade-Lausanne, ou celui contre Zurich, si on le gagne, on ne dit pas que ça va mal. Servette n’a pas changé de visage. C’est juste un moment où on a perdu la baraka et il faut inverser la tendance pour la retrouver.

De l’extérieur, on a l’impression que Servette a perdu sa légèreté, s’est crispé au moment où l’idée du titre devenait réaliste et où YB flanchait. Est-ce le cas?

Comme si on avait été plus bloqués par la peur de gagner que par la peur de perdre?

Oui, c’est ça…

Non, je ne crois pas. Peut-être que certains l’ont vécu, mais je n’ai pas ressenti ça dans le vestiaire. C’est un peu une histoire de football de talus, ça. Ou alors dans un sport individuel, en golf, en tennis. Mais en tant que groupe, cela fait un moment qu’on sait que c’est peut-être faisable, que le titre est une possibilité. On regarde le classement mais on n’y pense pas trop, il reste encore beaucoup de matches à jouer (ndlr: sept). Je ne crois pas qu’on a subi la pression, on est une équipe expérimentée. La pression, tu te la mets quand il reste deux matches, si jamais. Des fois, quand ça ne marche pas, il ne faut pas chercher midi à 14 heures. Il faut accepter les choses et travailler pour s’en sortir. Si on cherche trop les explications, on en vient vite à se demander si Neptune était aligné. L’équipe est là. Elle vient de perdre trois matches, à nous de faire en sorte que cela n’arrive pas une quatrième fois.

Des habitudes ont-elles été changées, cette semaine à l’entraînement, afin de casser la routine?

Non, pas spécialement. Il faut dire que nous n’avions pas eu beaucoup de semaines complètes à l’entraînement, cette saison. C’en était une et le temps nous a permis de travailler un peu plus en profondeur, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps. On a eu l’occasion de peaufiner certaines choses, mais dans la continuité de ce qui a déjà été fait. Il n’y a eu aucun chamboulement. Il y a eu beaucoup de jeu à l’entraînement, beaucoup de frappes – c’est sur l’une d’elles que je me suis blessé, en retombant mal sur la hanche. C’était une fenêtre de travail normale.

Vu la situation et ce que vous percevez du vestiaire, quelles bonnes raisons avez-vous de penser que Servette peut rebondir dimanche à Bâle?

Servette doit rebondir, tout a été mis en place pour. Même si ce n’est plus le grand FC Bâle en ce moment, il y aura du monde au stade, plus de 20’000 personnes je pense, c’est un match que tout le monde a envie de jouer. On a toujours su rebondir cette saison et il faut aussi remettre un peu l’église au milieu du village. On est une très bonne équipe, qui a beaucoup de qualités. On n’a pas perdu notre football. Il peut se passer beaucoup de choses dans un match, un carton rouge, un penalty. Mais on a toutes les cartes en main pour le jouer. L’équipe est à 100%.

A vous entendre, le vestiaire n’est donc pas abattu, après ce mini trou noir?

Non. On ne se projette pas, on reste concentrés sur ce qu’on est en train de faire et sur ce qui a été fait. Le passé, c’est une belle saison européenne, une qualification pour la demi-finale de la Coupe de Suisse (ndlr: le 28 avril à Winterthour) et un championnat engageant, où on est dans la lutte depuis un bon moment. Le présent, c’est qu’on est 2e de cette Super League, pas 7e ou 8e. On se concentre sur ce qu’on fait, prêts à vivre ce match de dimanche à 100% – même si je ne le jouerai pas -, sans se demander ce qui se passera si on gagne. J’invite aussi les supporters à vivre ça comme ça, à regarder ce que nous faisons sans se préoccuper des autres. Je sais que c’est facile à dire, mais ce sera tellement plus simple d’apprécier les matches, un but, un arrêt, un tacle.

Servette champion, on y croit encore?

Je crois que oui, bien sûr. Sinon, on ne ferait pas tout ce qu’on fait chaque semaine. J’encourage évidemment les supporters à y croire et à venir au stade nous soutenir. Dans cette dernière ligne droite, plutôt que d’être abattu, il faut penser à ces gens qui terminent la Course de l’Escalade, qui s’arrachent et accélèrent encore sur les 100 derniers mètres parce que le public est là. Il faut y croire, parce que ça donne de la force. Mais y croire de façon positive. Il n’y a pas à dire que c’est foutu, comme il n’y a pas à dire que c’est maintenant ou jamais. Ce qu’il y a à dire, c’est que Servette fait une belle saison, qu’on est bien placé et qu’on va tout donner jusqu’au bout.

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