FranceVol d’un Banksy au Bataclan: huit hommes condamnés
Jeudi, un tribunal parisien a reconnu coupables huit hommes qui avaient participé au vol d’une peinture de l’artiste Banksy.
Huit hommes ont été condamnés jeudi à Paris à des peines allant jusqu’à deux ans de prison ferme pour avoir volé ou transporté jusqu’en Italie une porte de la salle parisienne de concerts du Bataclan ornée d’une œuvre de Banksy, réalisée en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. Un des trois trentenaires ayant reconnu le vol, commis dans la nuit du 25 au 26 janvier 2019, a été condamné à quatre ans de prison dont deux ans ferme, et les deux autres à trois ans de prison dont 18 mois ferme.
Contrairement aux réquisitions du ministère public, qui avait demandé un maintien ou un retour immédiat en détention, ils purgeront la partie ferme de leurs peines sous bracelet électronique. Les trentenaires ont évoqué une opération montée par appât du gain, du fait de la cote exponentielle de Banksy sur le marché de l’art, sans penser au «symbole». L’un a affirmé avoir été «menacé» et forcé à participer.
Un prévenu millionnaire
Un autre prévenu de 41 ans, millionnaire après un gain au loto et amateur de street-art, s’est vu infliger trois ans de prison, dont 20 mois ferme, à purger là aussi sous bracelet électronique. Le tribunal n’a pas suivi l’accusation qui le considérait comme le commanditaire du vol, le condamnant uniquement pour le recel de la porte.
Trois hommes ayant participé au transport de l’œuvre à différentes étapes ont été condamnés à 10 mois de prison ferme, tandis qu’un Italien de 58 ans, propriétaire d’un hôtel des Abruzzes où le Banksy a un temps été stocké, s’est vu infliger une peine de six mois avec sursis.
La «jeune fille triste», revendiquée par le street-artist à l’identité mystérieuse, avait été peinte au pochoir en juin 2018 sur une porte, dans une ruelle par laquelle de nombreux spectateurs ont fui l’attentat ayant touché la salle de spectacle le 13 novembre 2015.
Une bande de «pieds nickelés»
Ce soir-là, les jihadistes avaient visé plusieurs lieux en région parisienne, faisant au total 130 morts. Le procès de ces attaques est actuellement en cours, avec un verdict attendu le 29 juin. Le vol de la porte s’est lui produit le 26 janvier 2019, peu après 4 heures du matin. Trois hommes masqués avaient découpé la porte métallique supportant l’œuvre, l’emportant dans un fourgon blanc aux plaques dissimulées, en huit minutes.
Cette disparition avait suscité une «profonde indignation», selon les mots de l’équipe du Bataclan. Ce «symbole de recueillement et appartenant à tous, riverains, Parisiens, citoyens du monde, nous a été enlevé», avait-elle déploré. Les investigations avaient permis de retrouver la porte métallique en juin 2020 dans une ferme en Italie, sans la vitre de plexiglas qui la protégeait.
L’accusation a dépeint derrière ce vol une «organisation structurée» et y a vu un «comportement de charognard»; la défense a décrit une bande de «pieds nickelés» n’ayant pas mesuré la portée mémorielle de la porte.