Wimbledon: Nadal est en demie contre Kyrgios, mais pourra-t-il la jouer?

Rafael Nadal continue d’écrire l’histoire du tennis aux dépens de son corps. L’homme aux 22 titres du Grand Chelem et aux nerfs du pied gauche endormis a remporté un improbable marathon (4 heures 21) face à Taylor Fritz malgré une blessure aux abdominaux 3-6 7-5 3-6 7-5 7-6 (10/4).

S’il fallait résumer le sublime (ou l’absurde) de son exploit, on gardera l’image de son père Sebastian lui hurlant depuis la tribune qu’il était temps d’abandonner. À cet instant, le milieu de la deuxième manche, «Rafa» ne pouvait presque plus servir et son déplacement latéral était hésitant comme jamais. Personne, à cet instant, ne pouvait raisonnablement envisager ce qui allait suivre.

Tout résumer ici n’aurait pas de sens. Mais pour faire simple: Rafael Nadal défia l’autorité paternelle, parti aux vestiaires se faire soigner et, à son retour, le bras de Taylor Fritz commença à trembler. L’Américain avait une petite demi-heure pour boucler la deuxième manche avant que les anti-douleurs ne fassent de l’effet. Il la traversa à se décomposer. Si bien que «Rafa» se retrouva à un set partout alors qu’il venait sans doute de jouer le pire set de son histoire en Grand Chelem.

La suite sera moins absurde tennistiquement. Car en immense champion (et avec l’effet des médicaments), Rafael Nadal commença à trouver une manière de frapper en rythme pour ménager (un peu) son corps. Et petit à petit, cette recherche de l’économie d’énergie lui offrit une forme de sécurité dans ses coups de fond. Certes, le Majorquin continuait de servir en timing (20-25 km/h en dessous de ses moyennes habituelles). Mais le pire était passé. Et même si Taylor Fritz s’accrocha, l’emprise historique de «Rafa» se faisait à nouveau sentir sur le Centre Court. Elle se concrétisa dans ce super tie-break du cinquième set qu’il domina en monarque absolu.

Sportivement, Rafael Nadal se retrouve donc en demi-finale de Wimbledon face à Nick Kyrgios (lire ci-dessous) et son rêve de Grand Chelem calendaire est intact. Mais à quel prix? Médicalement, quel est le sens de ce nouveau miracle? À voir la tête de son clan, la réponse nous reconduit vers l’absurde. «Je suis inquiet pour lui», concluait Feliciano Lopez au micro de la BBC. «J’adore jouer ce genre de matches mais quelque chose ne va vraiment pas au niveau de mes abdominaux, expliquait le principal intéressé juste après la balle de match. J’ai dû trouver un moyen de servir autrement et j’ai souvent hésité à abandonner. Mais le court, l’énergie des lieux…»

Le court, l’énergie des lieux, les anti-douleurs, tout ce qui aura disparu jeudi matin au réveil. Dans quel état sera Rafael Nadal à cet instant? A-t-il une chance de tenir sa place, vendredi après-midi en demi-finale contre Nick Kyrgios? Ce sera le feuilleton des deux prochains jours à Wimbledon.