Covid-19 - Et si la Suisse suivait l’exemple de l’Espagne?

À mi-janvier, alors que le variant Omicron touche encore un très grand nombre de personnes, il y aurait deux façons de voir l’avenir. D’un côté, l’Autriche annonce qu’elle va mettre ses menaces à exécution en exigeant la vaccination obligatoire dès les mois de février. Le débat a fait rage la semaine dernière chez nos voisins. Finalement, les personnes qui refuseront de se faire vacciner sans raison médicale vont se retrouver avec des amendes de 600 euros, jusqu’à 3600 euros en cas de récidive.

De l’autre, en Espagne, c’est une tout autre optique. En fin de semaine dernière le chef du gouvernement Pedro Sanchez a annoncé que son pays voulait en finir avec la pandémie et passer à la gestion d’une situation endémique après cette vague. Le gouvernement veut rompre avec l’obsession du comptage quotidien des cas d’infection et traiter dans un avenir proche le Sars-CoV-2 comme une grippe saisonnière avec une surveillance sélective.

5 des 17 régions espagnoles ont commencé à mettre en place cette stratégie de façon pilote. Certains estiment que c’est trop tôt, que les Espagnols sont trop impatients, qu’ils veulent forcer la main du destin et qu’ils sont dans un excès de confiance. Mais leur confiance repose sur leur taux de vaccination très élevé: 93% des plus de 12 ans ont déjà reçu deux doses, soit 38 millions de personnes, et 17 millions ont fait la vaccination de rappel.

En Suisse, Valérie D’Acremont, infectiologue à Unisanté et professeure à l’Université de Lausanne, estime que la Suisse doit s’inspirer de ce qui se passe en Espagne. Dans une interview publiée ce lundi dans divers quotidiens, elle pense qu’il faut «un changement de stratégie de surveillance». Elle envisage la fin du comptage quotidien des cas et plaide pour la mise en place un d’un «système plus simple en parallèle du système actuel afin d’être prêt à basculer rapidement lorsqu’on est certain qu’il fonctionne».

Elle propose que la Suisse utilise et renforce le système «Sentinelle», qui surveille l’évolution de la grippe. Cependant, elle craint aussi des réticences: «Simplifier un dispositif demande souvent plus de courage politique que de le renforcer.» Il faudra voir cette semaine du côté de Berne, si cette vague d’optimisme qui nous vient de Madrid trouvera des échos favorables. Alain Berset a déjà évoqué ce passage de la situation de pandémie à celle d’endémie. Reste à savoir quand.