Mer MéditerranéeGiorgia Meloni veut cadenasser l’Italie face aux migrants venant d’Afrique
Pour la Première ministre, il est temps d’arrêter les trafiquants «qui décident qui peut entrer» en Italie. Rome envisage même d’interdire le passage des navires humanitaires dans les eaux italiennes.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, s’est engagée, mardi, à bloquer les arrivées de migrants en provenance d’Afrique. La cheffe du parti post-fasciste Fratelli d’Italia a déclaré que son gouvernement, le plus à droite du pays depuis la Seconde Guerre mondiale, voulait «arrêter les départs illégaux d’Afrique et mettre un terme à la traite d’êtres humains». Dans son discours de politique générale, mardi, au Parlement, elle a insisté sur le fait qu’il était temps d’arrêter les trafiquants «qui décident qui peut entrer» en Italie.
Son nouveau ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a déclaré qu’il pourrait empêcher les navires des ONG, avec les migrants secourus à bord, de se rendre en Italie, relançant une politique controversée amorcée en 2019 par Matteo Salvini, chef de la Ligue antimigrants et vice-Premier ministre dans le gouvernement Meloni.
Alarm Phone, une ONG qui gère une ligne téléphonique d’assistance pour les migrants en difficulté demandant des secours, a prévenu, mardi, que deux navires transportant plus de 1300 personnes à eux deux avaient rencontré des problèmes pendant la traversée. Selon l’ONG, les deux bateaux seraient partis ensemble des côtes libyennes. «On nous a dit que l’un transporte environ 700 personnes, le second environ 650. Il semblerait qu’une personne soit morte et que les moteurs ne fonctionnent plus», a précisé Alarm Phone, estimant qu'«une énorme opération de sauvetage est nécessaire».
«Navires pas conformes à l’esprit des règles européennes et italiennes»
L’Italie, depuis longtemps en première ligne face aux arrivées de migrants, accueille chaque année des dizaines de milliers de personnes ayant entrepris la traversée la plus meurtrière du monde. Deux navires d’ONG de secours aux migrants, opérant actuellement en Méditerranée, le «Humanity 1», de SOS Humanité, et l’«Ocean Viking», de SOS Méditerranée, transportaient mardi environ 300 personnes à eux deux après plusieurs sauvetages en mer.
Le ministre de l’Intérieur, ex-chef de cabinet de Salvini quand il était lui-même ministre de l’Intérieur, a déclaré, mardi, que ces navires n’étaient «pas conformes à l’esprit des règles européennes et italiennes» en matière de sécurité des frontières, et qu’il envisageait d’interdire leur entrée dans les eaux italiennes. Le leader de la Ligue, qui détient le portefeuille des Transports et, à ce titre, a autorité sur les garde-côtes, pourrait unir ses forces à celles de Matteo Piantedosi pour mettre un terme aux opérations de sauvetage, considérées par l’extrême droite comme un «facteur d’attraction».
Rome promet de respecter le droit d’asile, les ONG en doutent
Giorgia Meloni a souligné que le droit d’asile pour ceux qui fuient la guerre et les persécutions serait respecté. Mais les associations humanitaires affirment que ce n’est pas le cas, à cause d’un accord conclu entre l’Italie et la Libye, sous l’égide de l’Union européenne, en vertu duquel les garde-côtes libyens interceptent les migrants en mer et les renvoient de force dans ce pays déchiré par la guerre civile.
Le nouveau gouvernement italien a jusqu’à la semaine prochaine pour décider de supprimer cet accord ou alors de le laisser se renouveler automatiquement pour trois années supplémentaires.