Politique: Les Chiliens votent sur la nouvelle Constitution

Publié

PolitiqueLes Chiliens votent sur la nouvelle Constitution

Les Chiliens doivent approuver ou rejeter une proposition de nouvelle Constitution ce dimanche, afin de remplacer l’actuelle Constitution rédigée sous Pinochet.

Si le rejet l’emporte, le président Gabriel Boric a annoncé qu’il demanderait au Parlement de lancer un nouveau processus constitutionnel repartant de «zéro», avec l’élection d’une nouvelle assemblée constituante pour rédiger un nouveau texte. (Image d’illustration)

Si le rejet l’emporte, le président Gabriel Boric a annoncé qu’il demanderait au Parlement de lancer un nouveau processus constitutionnel repartant de «zéro», avec l’élection d’une nouvelle assemblée constituante pour rédiger un nouveau texte. (Image d’illustration)

AFP

Les 15 millions d’électeurs chiliens votaient dimanche dans le cadre du référendum sur la nouvelle Constitution destinée, si les électeurs l’approuvent, à remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet.

De longues files d’attente s’étaient étirées devant les bureaux de vote avant même leur ouverture à 8 heures (14 heures heure suisse) pour ce scrutin qui doit décider si les Chiliens veulent ou non un important changement de société. Le vote doit s’achever à 18 heures (minuit heure suisse).

Victoire du non?

Alors que les derniers sondages ont sans exception prédit la victoire du non, le président de gauche Gabriel Boric a été parmi les premiers à aller voter, avec son père et son frère, dans la ville de Punta Arenas, à l’extrême sud du pays, face au détroit de Magellan.

«Au Chili, nous devons résoudre nos différences avec plus de démocratie, jamais avec moins. Je suis très fier que nous soyons arrivés jusqu’ici», a-t-il twitté à cette occasion.

«Demandes insatisfaites»

L’ancienne présidente Michelle Bachelet, qui vient de quitter son poste de haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme et demeure très populaire dans le pays, a estimé que si la nouvelle Constitution était rejetée «les demandes de Chiliens resteront insatisfaites».

Le vote de dimanche devrait soit finaliser, en cas de oui, soit suspendre, si le non l’emporte, le processus de nouvelle Constitution entamé après le violent soulèvement populaire de 2019 réclamant plus de justice sociale.

«J’ai peu dormi»

Des citoyens se sont réveillés très tôt pour pouvoir voter dès l’ouverture des bureaux de vote à travers le pays. «Ce référendum m’a beaucoup angoissée, du coup j’ai peu dormi et je suis arrivée très tôt, tant mieux!», a dit Rosa Gonzalez à Quilicura, dans la banlieue de Santiago.

L’actuelle Constitution, rédigée sous la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), est toujours, malgré plusieurs réformes successives, considérée comme un frein à toute réforme sociale de fond.

Décennies de stabilité

Base néolibérale d’un modèle qui a permis des décennies de stabilité et de croissance économique, elle a aussi engendré une société profondément inégalitaire.

La proposition entend garantir aux citoyens chiliens le droit à l’éducation, à la santé publique, à une retraite ainsi qu’à un logement décent.

Elle entend consacrer le droit à l’avortement, un sujet qui fait débat dans ce pays où l’IVG n’est autorisée que depuis 2017 en cas de viol ou de danger pour la mère ou l’enfant, ainsi que des droits environnementaux ou encore la reconnaissance des peuples autochtones.

«Vote conservateur»

Malgré la démonstration de force des partisans du «oui», qui ont réuni plus de 250’000 personnes jeudi soir à Santiago lors de la clôture de la campagne officielle – contre à peine 400 pour les soutiens du «non» –, les sondages prédisent, sans exception, la victoire du «je rejette» la proposition de nouvelle Constitution.

«Beaucoup de jeunes vont aller voter, surtout dans la capitale, et ces jeunes sont pour le changement. Mais cela ne signifie pas» que le vote d’approbation va l’emporter car il est donné perdant «dans le sud et le nord du pays», indique à l’AFP Marta Lagos, sociologue et fondatrice de l’institut de sondage Mori.

Graves problèmes de violence

Ces deux régions connaissent de graves problèmes de violence et d’insécurité. Dans le Sud, en raison de conflits autour de terres revendiquées par des groupes radicaux indigènes Mapuche et, dans le Nord, en raison de l’afflux migratoire, des problèmes de pauvreté et de trafic d’êtres humains.

Selon Marta Lagos, les partisans du «non» forment un groupe «très hétérogène» avec une forte fibre «populiste» alimentée par la «peur» de se voir dépossédés. Au contraire, le camp du «oui» a été capable de comprendre comment «les nouveaux droits sociaux seront répartis», dit-elle.

«Il y a bien sûr toujours une possibilité que tous les sondages se trompent» et que le vote dans la capitale «puisse compenser celui dans le nord et le sud» du pays, mais «je pense que cette probabilité ne dépasse pas 5», assure-t-elle.

(AFP)

Ton opinion

0 commentaires