Session du ParlementLe Conseil des États prêt à soutenir la société civile iranienne
Les sénateurs ont accepté une motion qui demandait que Berne soutienne la société civile iranienne dans sa lutte pour les droits humains. Mais la Chambre des cantons a refusé toute sanction.
- par
- Christine Talos
Le Conseil fédéral devra prendre des mesures «dans la mesure où elles sont raisonnables et appropriées» pour soutenir la société civile iranienne dans sa lutte pour les droits des femmes et les droits humains. Le Conseil des États a accepté jeudi par 29 voix contre 8 une motion en ce sens de la commission de politique extérieure du National (CPE-N) approuvée par la Chambre du peuple en février dernier.
La situation est catastrophique pour les femmes en Iran, a reconnu Daniel Jositsch (PS/ZH) au nom de la commission. Et de rappeler que la Suisse devait adopter une position claire après le décès il y a un an de Mahsa Amini, cette jeune femme arrêtée pour avoir mal porté le voile et dont la mort a lancé le mouvement de contestation en Iran.
Pas de sanction
Les sénateurs ont toutefois amendé le texte initial. La CPE-N voulait en effet d’abord que Berne reprenne entièrement les sanctions décidées par l’UE contre les membres du régime de Téhéran en raison des violations des droits de l’homme commises dans le pays.
Mais la majorité a préféré que la Suisse œuvre pour la défense des droits de l’homme dans le cadre de ses mandats de puissance protectrice. «La Suisse peut tout à fait exercer sa mission de bons offices et rappeler, en même temps, ce qu’est le respect des droits fondamentaux et du droit des femmes», a plaidé en vain Carlo Sommaruga (PS/GE).
Accès à privilégier
Le Conseil fédéral lui aussi préférait le texte sans sanctions. «La violation des droits humains est inadmissible», a reconnu le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis. Mais la Suisse ne reste pas «les bras croisés», a-t-il souligné. «J’ai rencontré, pas plus tard que le 20 septembre à New York, mon homologue iranien et lui ai exprimé clairement nos attentes en matière de ces droits, en me concentrant sur l’évolution inquiétante des exécutions», a-t-il expliqué.
«La Suisse est un des rares pays occidentaux à avoir un tel accès aux autorités iraniennes», a-t-il rappelé. «Il faut donc continuer à tirer profit des accès que lui confère son rôle en Iran pour faire valoir directement ses attentes sur le respect des droits de l’homme aux autorités», a-t-il estimé. Ignazio Cassis a aussi rejeté toute aide directe à des organisations non gouvernementales sur place. «Cela les exposerait à des risques considérables de représailles», selon lui. La motion amendée repart au National.