Commentaire: Ce printemps, les joueurs de foot ne pourront plus se planquer

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CommentaireCe printemps, les joueurs de foot ne pourront plus se planquer

Comme Xavi à Barcelone, Tuchel au Bayern, ou encore Klopp à Liverpool, une nouvelle mode gagne l’Europe. Et si annoncer le départ du coach avant la fin de la saison était le meilleur moyen de mettre les joueurs face à leurs responsabilités?

Florian Müller
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Florian Müller
Thomas Tuchel va pouvoir se mettre un brin en retrait. Pas forcément une bonne affaire pour les joueurs qui se cachaient derrière lui.

Thomas Tuchel va pouvoir se mettre un brin en retrait. Pas forcément une bonne affaire pour les joueurs qui se cachaient derrière lui.

AFP

Ce printemps, le football européen va servir de laboratoire. Et l’expérience s’annonce passionnante. Pour la première fois de l’histoire – en tout cas récente – les coaches de trois des plus grands clubs européens ont annoncé leur départ pour la fin de la saison. Xavi au FC Barcelone, Thomas Tuchel au Bayern Munich et Jürgen Klopp à Liverpool.

Les trois contextes sont largement différents et pas vraiment comparables. Reste un point commun: à chaque fois, la manœuvre permet de distancier le devenir du coach du devenir du club. Dans le même mouvement, ce sont les joueurs qui se retrouvent à porter, un poil malgré eux, le poids de leur destin.

On a souvent vu des entraîneurs se faire virer sur-le-champ, faute de résultats. L’impitoyable loi du totomat. Ou claquer la porte pour signifier un ras-le-bol, sinon un ras-la-casquette. Mais jamais encore des entraîneurs virés, ou ouvertement fatigués dans le cas de Klopp, et malgré tout maintenus en poste, qui plus est sans successeur désigné. 

Ici, il faut lire tout sauf un choix par défaut. Non, il s’agit de faire passer un message.

Comprenez, en d’autres termes: chers joueurs, plus moyen de vous planquer, on ne va pas changer de coach à chaque fois que vous merdez, maintenant va falloir assumer.

Chers joueurs, plus moyen de vous planquer, on ne va pas changer de coach à chaque fois que vous merdez, maintenant va falloir assumer.

Le communiqué du directeur général du Bayern, Jan-Christian Dreesen, vient appuyer cette lecture. «Nous avons pris la décision de mettre fin à notre relation de travail d’un commun accord au cours de l’été. D'ici là, chaque individu du club est expressément appelé à donner le maximum possible en Ligue des champions et en Bundesliga. Je tiens explicitement l’équipe responsable à cet égard.» Klartext, comme on dit en Bavière.

L’idée est de déplacer l’attention, mieux la pression, de l’entraîneur vers les joueurs. Fini le paratonnerre qui encaisse les coups, face aux médias et au public. Le bouc émissaire du manque d'implication d’un collectif, où, rappelons-le à toutes fins utiles, chacun est responsable de sa propre motivation. 

Si la méthode porte ses fruits, elle pourrait bien faire des émules. Et pourquoi pas jusqu’au FC Sion, un club toujours ouvert à des méthodes de management expérimentales et où les bienfaits de la stabilité ne sont jamais vraiment appelés à durer.

Voilà pourquoi les prochains mois s'annoncent passionnants: ce printemps, un nouveau paradigme pourrait s’installer durablement sur la planète football.

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