FranceSœur André, nouvelle doyenne de l’humanité
C’est dans le sud de la France que réside la nouvelle doyenne de l’humanité. Désormais aveugle, sœur André a travaillé jusqu’à 108 ans, au service des autres.
Sœur André, 118 ans, a délivré un petit précis d’humilité, mardi à Toulon, dans le sud de la France, en accueillant son nouveau titre de doyenne de l’humanité: «Une fierté», mais aussi un regret, ne pas pouvoir «rendre aux autres» tout ce qu’ils lui donnent. Elle est arrivée telle une star, dans la tisanerie de sa maison de retraite, entourée du maire et d’une nuée de journalistes.
«Vous êtes une fierté, une référence pour le monde entier», lui a glissé l’édile, Hubert Falco. Avant de parler, sœur André s’est assurée qu’il avait bien rangé dans son tiroir les chocolats et autres confiseries qu’il lui avait apportés.
«Que les gens s’entraident et s’aiment»
Depuis lundi et l’annonce du décès de la Japonaise Kane Tanaka à 119 ans, la nouvelle a fait le tour du monde : sœur André, née Lucile Randon le 11 février 1904, à Alès, dans le sud de la France, est la probable nouvelle doyenne de l’humanité. «On dit que le travail tue, moi c’est le travail qui m’a fait vivre, j’ai travaillé jusqu’à 108 ans», estime sœur André, qui s’est longuement occupée d’autres pensionnaires plus jeunes qu’elle.
Son message: «Que les gens s’entraident et s’aiment au lieu de se haïr. Si on partageait tout ça, ça irait beaucoup mieux!» Son secret de longévité ? «Oh ça alors, c’est le bon Dieu qui le sait!»
Pour ses proches à la maison de retraite, ce sont son attention aux autres et sa foi qui la maintiennent, alors qu’elle est désormais clouée dans un fauteuil roulant et aveugle. Elle porte en elle «sa mission de servitrice des autres», explique sœur Thérèse, bientôt 89 ans, certaine que «sa foi profonde l’aide». Tous les matins, elle la conduit pour la messe à la chapelle du rez-de-chaussée.
«Quitte à rester sur terre»
Son quotidien est marqué par la prière, les repas et les visites des autres pensionnaires ou employés, qu’elle attend impatiemment. Sans compter l’abondant courrier auquel elle souhaite répondre, à quelques exceptions près. Car elle a déjà fait la Une, en tant que doyenne des Européens. Et l’an dernier, elle a traversé le Covid sans aucune difficulté, devenant un symbole d’espoir qui a suscité un flot de lettres du monde entier. En revanche, aux demandes de mèches de cheveux, de recherches ADN ou autres, elle fait savoir que c’est non!
Souvent sœur André dit que Dieu l’a oubliée, qu’elle aimerait «se retirer de cette affaire». «Vous savez, ce n’est pas beau d’être vieux, parce que j’aimais m’occuper des autres, faire danser les enfants et, aujourd’hui, je ne peux plus», a-t-elle expliqué mardi.
Record à battre
En même temps, elle blague sur le record à battre, celui de Jeanne Calment, morte à 122 ans à Arles, dans le sud de la France, en 1997. Jeanne Calment reste la personne ayant vécu le plus longtemps dans l’histoire de l’humanité et dont l’état civil a été vérifié.
«Sœur André a toujours été ambiguë», rapporte David Tavella, l’animateur et communicant de la maison de retraite, son fidèle confident: d’un côté elle souffre, mais de l’autre, «elle prie énormément et elle passe au-dessus de tout». Alors, sur ce record, elle se dit: «C’est à ma portée, quitte à rester sur terre, autant y arriver».
Nouvelle étape
Le Guinness Book doit valider cette nouvelle étape. Aucun organisme officiel ne décerne le «titre» de doyen et il est déjà arrivé que des personnes encore plus âgées tentent de se faire connaître, avec toute la difficulté de valider des états civils du début du XXe.
Mais pour Laurent Toussaint, spécialiste français des records de longévité, qui participe à la base internationale IDL, en lien avec l’Institut français des études démographiques (Ined), aucun doute: «Sœur André devient bien la doyenne, et de loin, puisque la troisième, une Polonaise, a 115 ans».