Elections: Au Kazakhstan, des législatives plus ouvertes en apparence

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ÉlectionsAu Kazakhstan, des législatives plus ouvertes en apparence

Les élections législatives interviennent à la suite de la réforme constitutionnelle de 2022 impulsée par le président Tokaïev, au pouvoir depuis 2019.

Kassym-Jomart Tokaïev a d’ores et déjà prévenu que «les personnes semant la discorde dans le pays seront sévèrement punies».

Kassym-Jomart Tokaïev a d’ores et déjà prévenu que «les personnes semant la discorde dans le pays seront sévèrement punies».

AFP

Le Kazakhstan vote dimanche lors de législatives anticipées qui pourraient voir des candidats indépendants être élus députés, signe d’une timide ouverture démocratique malgré les réflexes autoritaires persistants dans le plus grand pays d’Asie centrale.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (02h00 en Suisse), ont constaté des journalistes de l’AFP à Astana et Almaty, les deux principales villes du Kazakhstan. Les quelque douze millions d’électeurs ont jusqu’à 20h00 locales pour voter.

Nouveautés

Parmi les nouveautés de ce scrutin, les candidats non affiliés à des partis peuvent se présenter, une première depuis 2004. Le seuil pour entrer à la Majilis (chambre basse du Parlement comptant 98 élus) a été abaissé à 5% et un quota de 30% pour les femmes, les jeunes et les personnes souffrant de handicap a été introduit.

Ces changements ont quelque peu ravivé le paysage politique ankylosé de cette ex-république soviétique frontalière de la Russie et de la Chine, encore marquée par les émeutes meurtrières de janvier 2022. Sous la précédente législature, seuls trois partis étaient représentés et tous soutenaient le président Kassym-Jomart Tokaïev, facilement réélu avec plus de 80% des voix en novembre lors d’un scrutin sans réelle concurrence.

«Le système électoral a changé et donne l’impression du choix. Mais en réalité, le président et son administration gardent entre leurs mains le décompte des voix», tempère pour l’AFP le politologue Dimach Aljanov. «Dans un pays autoritaire, les élections sont faites pour garder le pouvoir, pas pour le remplacer», relève Dimach Aljanov.

Corruption et inflation

Ces élections, qui concernent aussi les Parlements locaux, interviennent à la suite de la réforme constitutionnelle de 2022 impulsée par Kassym-Jomart Tokaïev, au pouvoir depuis 2019. Le dirigeant âgé de 69 ans affiche sa volonté de «réinitialiser les institutions étatiques» et «poursuivre la modernisation» entamée l’an dernier dans ce pays riche en ressources naturelles.

Car les fortes inégalités et la corruption n’ont pas disparu et l’inflation, supérieure à 20%, ronge le pouvoir d’achat des près de 20 millions de Kazakhs. Kassym-Jomart Tokaïev a aussi rompu avec son mentor et prédécesseur, l’omnipotent Noursoultan Nazarbaïev, au pouvoir pendant trois décennies, après les émeutes de janvier 2022. Ces manifestations contre la vie chère avaient embrasé le pays, avec comme épicentre Almaty. Leur répression a fait officiellement 238 morts.

Après une campagne présidentielle atone en novembre, Almaty a semblé timidement s’éveiller pour ces élections qui coïncident avec l’arrivée du printemps dans cette ville nichée au pied d’imposantes montagnes. «J’ai 20 ans, c’est la première fois que je vois des nouveaux partis et des candidats indépendants lors d’élections parlementaires, pour moi c’est nouveau», dit à l’AFP Adia Aboubakir, graphiste.

Envie «d’y croire»

Sur les vitres des restaurants, les barrières de chantier ou les lampadaires, les affiches électorales ont fleuri de façon anarchique. Et les slogans souvent abscons, comme «l’ordre se trouve là où est la vérité», «avec moi, il n’y a pas de bazar» ou encore «je n’abandonne pas le peuple» accompagnent des programmes peu clairs.

Au total, sept partis participent à ce scrutin, dont deux nouveaux enregistrés en peu de temps. Mais plusieurs formations d’opposition et des candidats indépendants restent interdits. «J’aimerais croire que ma voix puisse changer quelque chose, même si beaucoup ne croient pas à cette modernisation du système électoral», dit Akbota Silem, journaliste de 21 ans.

L’analyste politique Andreï Tchebotarev estime qu’«à l’issue de ces élections, quatre ou cinq partis devraient être représentés au Parlement». «Cela est bénéfique pour le pouvoir, car des partis loyaux (envers le président) seront présents au Parlement et Amanat, le parti présidentiel, conservera la majorité de sièges», explique-t-il à l’AFP.

«D’un autre côté, la diversité des partis aura un impact sur l’acceptation du résultat des élections, tant pour la population qu’au niveau international», conclut Andreï Tchebotarev. Malgré cette relative ouverture, Kassym-Jomart Tokaïev a d’ores et déjà prévenu que «les personnes semant la discorde dans le pays seront sévèrement punies».

(AFP)

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