Football: Commentaire: pour ne pas se saborder, Sion doit oublier la Coupe

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FootballCommentaire: pour ne pas se saborder, Sion doit oublier la Coupe

Au moment où sa demi-finale contre Lugano occupe bien des esprits en Valais, le club de Tourbillon doit se recentrer sur le seul championnat. Voilà qui suppose un changement d’approche.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Après sa défaite contre le FC Thoune de Marc Gutlub, jubilant après avoir ouvert le score, les joueurs du FC Sion se retrouvent un peu dans le flou, on reconnaît ici Hefti et le capitaine Ziegler.

Après sa défaite contre le FC Thoune de Marc Gutlub, jubilant après avoir ouvert le score, les joueurs du FC Sion se retrouvent un peu dans le flou, on reconnaît ici Hefti et le capitaine Ziegler.

Pascal Muller/freshfocus

Si ses joueurs n’avaient pas complètement foiré l’autre jour leur rendez-vous au sommet (défaite 2-1 à domicile), le FC Sion aurait porté son avance sur Thoune à huit points et passerait ces jours-ci une pause internationale des plus relaxantes, avec des Valaisans que l’on aurait pu retrouver les doigts de pied en éventail, l’esprit léger. Un matelas de huit points, c’était l’assurance de pouvoir voir venir et surtout de se rapprocher de la Super League d’une manière sans doute décisive. En lieu et place, le club de Tourbillon n’en compte plus que deux et l’on peut aisément imaginer combien la période actuelle doit être pesante.

Sion est certes toujours leader de Challenge League mais la grande peur - celle de se retrouver pomme avec le bour - s’est désormais invitée dans la course à la promotion.

Parmi les différentes raisons justifiant ce coup d’arrêt inopiné (survenant après un premier coup de frein intervenu une semaine plus tôt à Neuchâtel, où le visiteur avait chanceusement réussi à sauver un point contre Xamax), il y en a une qui s’impose prioritairement à nos yeux. On veut parler ici de la Coupe de Suisse, laquelle est en train de faire de l’ombre au championnat. Tant celle-ci est dévoreuse d’énergie, sur le plan physique d’abord, mais surtout en regard de l’investissement mental que l’on peut y laisser. Surtout quand on connaît la dévorante passion qui unit tout un canton à une compétition ayant permis à Sion de façonner sa légende. 

Un exploit qui pourrait coûter cher

Or si personne n’a oublié l’exploit retentissant qu’a signé l’équipe de Didier Tholot en éliminant récemment Young Boys, tenant du trophée faut-il le rappeler, cet exploit est peut-être en train de lui coûter très cher dans la mesure où la prochaine demi-finale contre Lugano, prévue pourtant dans six semaines, accapare déjà bien des esprits en Valais.

Les joueurs peuvent raconter ce qu’ils veulent, (nous) assurer qu’ils savent faire la part des choses, la réalité est telle que la Coupe est toujours là, bien présente sinon trop parce que logée au fond d’eux-mêmes, jusqu’à les éloigner de leur mission première: la remontée dans l’élite helvétique.

Si la Coupe est autant vénérée dans le Vieux-Pays, c’est parce qu’elle correspond historiquement au caractère valaisan. Pour Sion, qui n’aime rien moins que ces coups-là, ce sont assurément des rendez-vous différents que le club sait préparer autrement, en y mettant l’intensité émotionnelle qu’il convient. Un championnat, en comparaison, récompense la régularité sur la durée d’une saison. Mais lors de la réception du FC Thoune, Sion n’est jamais parvenu à enflammer Tourbillon, ce qu’il avait pourtant réussi à faire contre YB.

Inversion des priorités

On est convaincu que le club valaisan joue là un jeu dangereux à vouloir gagner sur les deux tableaux - seul doit compter la promotion directe ce printemps, passer par les barrages s’avérant une option bien trop risquée.

L’ennui, c’est que l’on est en train d’assister à une inversion des priorités, inversion certes inconsciente mais qui est en train d’infuser dans la réalité valaisanne où les fans de Tourbillon ne jurent déjà plus que par la perspective d’un nouveau pélerinage au Wankdorf le 2 juin.

Or avant la demi-finale tessinoise du 27 avril, six matches de Challenge League attendent Sion, à commencer par celui qui l’emmenèra à Colovray le 29 mars pour y affronter le Stade Nyonnais, l’une des équipes en forme du moment. Six matches, cela fait beaucoup de points en jeu – et peut-être à perdre - pour une formation qui doit retrouver la fluidité et l’insouciance qui la caractérisait en ce début d’année, quand tout semblait encore couler de source naturellement.

S’il ne veut pas courir le risque de se saborder lui-même, le leader du championnat doit donc absolument modifier son focus et son approche jusqu’à recentrer celle-ci sur son seul objectif ouvertement déclaré: la remontée immédiate en Super League. Cela doit être là son unique amibition - tout le reste étant bien trop aléatoire.

Pour cela, il lui faut impérativement mettre entre parenthèses la Coupe et ses rêves européens afin de concentrer toute son énergie sur le train-train du championnat. Il sera toujours assez tôt pour parler de Lugano. C’est peut-être beaucoup moins glamour mais, dès l’instant où les positions se sont resserrées en tête, c’est la seule chose qu’il convient de sauver au moment de l’emballage final.

Sion peut certes toujours espérer rééditer le formidable exploit de 2006 lorsque les joueurs de Christophe Moulin avaient été promus tout en devenant la première (et toujours seule) équipe de ligue inférieure à remporter une Coupe de Suisse. Dix-huit ans plus tard, le club de Tourbillon pourrait d’autant plus essayer d’emprunter le même chemin s’il parvenait à oublier «sa» Coupe le temps de blinder sa promotion.

Faute de quoi, Sion, toujours le mieux placé pour retrouver la Super League moins d’une année après l’avoir quittée, pourrait tout perdre à l’arrivée.

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