États-UnisLes nominations au Pentagone bloquées par un élu anti-avortement
Le corps des Marines aura-t-il un commandant lundi? Pas sûr! Un sénateur républicain opposé à l’avortement a décidé le blocage généralisé des nominations de hauts responsables militaires.
Le sénateur républicain Tommy Tuberville soutient qu’il continuera jusqu’à ce que le Pentagone fasse marche arrière sur sa politique d’assistance aux soldates qui doivent se déplacer au sein des États-Unis pour obtenir un avortement.
Si le Sénat peut quand même approuver ces nominations au cas pas cas en assemblée plénière, le blocage de cet élu, en tant que membre de la commission des forces armées, empêche de les entériner directement et de façon groupée au sein de cette commission. Selon son équipe, il empêche ainsi l’approbation de plus de 200 nominations depuis des mois.
Élu de l’Alabama, État très conservateur du sud des États-Unis, Tommy Tuberville juge illicite la politique du Pentagone de soutien aux militaires souhaitant avorter.
Pour le ministre de la Défense, Lloyd Austin, elle repose au contraire sur un solide fondement légal. En outre, estime le ministre, retarder l’entrée en fonction de ces hauts responsables militaires «met en péril la sécurité nationale de l’Amérique et entrave les opérations normales du Pentagone».
À la fin de son mandat à la tête des Marines lundi, le général David Berger sera remplacé par intérim par son adjoint, le général Eric Smith. Pour Colin Smith, expert sur les questions de défense au sein du cercle de réflexion Rand, le général Smith va devoir «assumer une double casquette», cumulant son rôle actuel avec celui de commandant par intérim.
Risque «inutile»
D’autres hauts responsables militaires doivent quitter leur poste dans les prochains mois, dont le chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley, ou encore le chef des opérations navales, l’amiral Mike Gilday.
«Sans ces dirigeants en place, les forces militaires américaines subiront un degré inutile et sans précédent de risque, au moment où nos adversaires pourraient mettre à l’épreuve notre détermination», a écrit début mai le ministre Lloyd Austin dans une lettre à la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.
En juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a annulé la garantie constitutionnelle du droit des Américaines à avorter, laissant le choix à chaque État de légiférer sur la question. Certaines soldates, basées dans les États où l’avortement est désormais illégal dans la plupart des situations, doivent désormais se rendre dans des États où la procédure est toujours légale.
En réponse à la décision de la Haute Cour, Lloyd Austin a émis une directive afin que le Pentagone mette en place des mesures facilitant la prise de congés administratifs par les membres des forces armées dans le but de «recevoir des soins de santé reproductive non couverts» et établissant des allocations pour aider ces militaires à couvrir les coûts de déplacement.
Tommy Tuberville a dénoncé mi-février un «projet radical visant à faciliter des milliers d’avortements chaque année grâce à l’argent du contribuable», raison pour laquelle il bloque les nominations au Sénat. Selon lui, son blocage «n’a aucun effet» sur le degré de préparation opérationnelle des forces armées américaines.
L’élu de l’Alabama a déjà prévenu que sa position demeurerait inchangée «jusqu’à ce que le Pentagone respecte la loi ou change la loi». «C’est aussi simple que cela.»