Barrage éthiopienL’Égypte cherche un soutien américain pour relancer les négociations
Abdel Fattah al-Sissi, le dirigeant égyptien, a réclamé l’aide des États-Unis pour négocier avec l’Éthiopie au sujet du mégabarrage sur le Nil-bleu
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a requis mercredi l’aide américaine en vue d’accroître la pression sur l’Éthiopie afin de trouver un accord quant au mégabarrage sur le Nil-bleu, vu comme une menace existentielle pour l’Égypte.
En visite à Washington pour un sommet États-Unis-Afrique, le président égyptien a soulevé cette question auprès du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui s’était entretenu la veille avec le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. «C’est une question cruciale et existentielle pour nous. Et nous remercions les États-Unis pour leur soutien», a déclaré Abdel Fattah al-Sissi. «Trouver un accord juridiquement contraignant peut réaliser quelque chose de bon conformément au droit international. Nous ne demandons rien d’autre», a-t-il dit. «Nous avons besoin de votre soutien sur cette question».
Le chef de la diplomatie américaine a pour sa part «insisté sur l’importance d’un règlement diplomatique qui protégerait les intérêts de toutes les parties», selon un communiqué du département d’État diffusé à l’issue de la réunion. Antony Blinken a également abordé lors de cet entretien, le respect des droits humains en Égypte, affirmant que «la relation bilatérale sort renforcée par des progrès tangibles» en la matière, selon la même source.
Un projet de barrage lancé en 2011
Le projet de mégabarrage, lancé en 2011 pour un coût de quatre milliards de dollars, doit permettre de doubler l’actuelle production éthiopienne d’électricité, à laquelle environ la moitié seulement des quelque 120 millions d’habitants ont accès. L’Éthiopie estime que le barrage est essentiel à son développement, tandis que l’Égypte le considère comme une menace «existentielle» et que le Soudan a mis en garde contre des «grands risques» pour la vie de millions de personnes.
Abiy Ahmed a promis de poursuivre les négociations pour un accord tripartite, mais son pays a par ailleurs commencé à remplir le réservoir et démarré deux des 13 turbines. Le gouvernement de l’ex-président Donald Trump avait adopté une posture de fermeté vis-à-vis d’Addis Abeba, mais l’administration Biden a choisi une approche plus souple.
Joe Biden a pris ses fonctions en souhaitant prendre ses distances avec le président al-Sissi, accusé de violations des droits humains, mais a salué son rôle dans l’obtention d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza l’an dernier et s’est rendu à la COP27 organisée en novembre à Charm el-Cheikh.