Mégafusion bloquéeL’UE est «plus attractive» que le Royaume-Uni, tacle Microsoft
Brad Smith, président du géant technologique américain, a réagi au lendemain du revers sur la fusion de Microsoft avec l’éditeur de jeux vidéo Activision.
Londres se voit en champion post-Brexit de la tech mais «l’Union européenne est un endroit plus attractif pour créer une entreprise que le Royaume-Uni», a taclé jeudi le président de Microsoft Brad Smith dans une interview à la BBC, au lendemain d’un revers sur la fusion avec Activision. L’autorité britannique de la concurrence (CMA) a mis en péril mercredi la mégafusion entre Microsoft et Activision Blizzard en annonçant sa décision de bloquer l’opération – les deux entreprises ont annoncé faire appel dans la foulée.
La décision de la CMA a été «le jour le plus sombre des quatre décennies (de Microsoft) en Grande-Bretagne», a affirmé M. Smith à la chaîne britannique, «mais plus que cela, malheureusement, je pense que c’est mauvais» pour le pays, a-t-il assuré. «Cela ébranle plus que jamais notre confiance dans les opportunités futures pour développer une entreprise technologique en Grande-Bretagne», a-t-il poursuivi, estimant que Londres «doit examiner attentivement le rôle de la CMA».
La CMA avait dit craindre «une innovation réduite et moins de choix pour les joueurs britanniques» sur le marché en pleine croissance des jeux dématérialisés («cloud gaming»), qui offrent aux utilisateurs la possibilité de jouer en flux, notamment sur leur téléphones portable. «Nous voulons créer un environnement dans lequel une multitude d’entreprises différentes peuvent rivaliser efficacement, se développer et innover», a défendu jeudi, également sur la BBC, la directrice générale de la CMA Sarah Cardell.
Enquête aussi dans l’UE et aux Etats-Unis
Les inquiétudes sur cette fusion ne sont pas limitées au Royaume-Uni: l’UE a également ouvert une enquête, pour savoir si elle rendrait les jeux d’Activision exclusifs à la Xbox. La Commission européenne doit se prononcer d’ici au 22 mai. L’opération suscite aussi des craintes outre-Atlantique, où l’autorité américaine de la concurrence (FTC) a lancé en décembre des poursuites pour la bloquer.
Le marché du Royaume-Uni est plus petit que celui des Etats-Unis ou de l’Union européenne, mais si le blocage de Londres est confirmé en appel, il pourrait contraindre Microsoft à renoncer à cette opération. La CMA avait déjà l’an dernier obtenu gain de cause, après une procédure en appel, pour contraindre Meta, la maison mère de Facebook, à vendre la start-up de graphiques animés Giphy.