FootballL’intense mercato dans les coulisses des grands clubs
L’été et l’hiver, ce sont les joueurs qui changent de maillots comme de chemises. Au milieu de tout ça, outre les rumeurs en vue des mercatos suivants, les grandes équipes vont piocher dans les encadrements d’autres formations pour espérer progresser.
- par
- Robin Carrel
Le Bayern Munich, Liverpool, le FC Barcelone ou encore l’Olympique de Marseille, pour ne citer qu’eux, ont connu ou vont connaître des turbulences sur leur banc respectif ces derniers temps ou dans un futur proche. Xavi et Jürgen Klopp sont rincés, Thomas Tuchel ne tient pas en place et Jean-Louis Gasset approche de la Migros Data. Ces plus ou moins grands clubs ont viré ou n’ont pas prolongé leur entraîneur en vue du prochain exercice et prospectent histoire de ne pas se tromper une nouvelle fois pour ce poste clé de n’importe quelle institution.
En moyenne, dans les grands championnats européens, la durée de «vie» d’un coach sur un banc est de 506 jours. Soit à peu près un an et demi. C’est peu, très peu, trop peu pour arriver à installer une vraie culture tactique et des habitudes de management, mais c’est le lot des techniciens de nos jours, suivant l’adage «On ne peut pas remplacer vingt joueurs, alors changer l’entraîneur est la seule solution»… La pression financière sur les clubs et la nécessité de jouer pour le gros prize money de la Champions League fait loi.
Mais un club de football, depuis quelques années et comme le diraient les fans du Barça, c’est bien «plus qu’un club». Ces institutions ont des branches dans à peu près tous les corps de métier et pour devenir meilleur sur le rectangle vert, il faut des gens compétents dans tous les domaines. Des fois, les champs d’action n’ont absolument rien à voir avec le ballon. Forcément, les directeurs sportifs stars ou les meilleurs adjoints sont très recherchés, mais dorénavant, les plus grands clubs du monde vont aussi débaucher des spécialistes des coups de pied arrêtés et même des coaches de touches! Le PSG n’a-t-il pas débauché Jonathan Calderwood, jardinier d’Aston Villa? Un salaire de 20 000 euros par mois pour transformer une pelouse en billard, ça se prend.
À ce petit jeu-là, c’est Manchester United et son nouvel actionnaire Jim Ratcliffe qui a fait le plus fort, cet hiver. Les Red Devils sont allés arracher Dan Ashworth de Newcastle United. Le directeur sportif des Magpies a indiqué à ses dirigeants qu’il voulait relever ce challenge et il a ainsi été placé en «congé jardinage», comme on dit là-bas, le temps que les deux formations s’entendent sur une indemnité de mutation. Man Utd a fini par verser environ 20 millions de francs, soit le prix d’un très bon joueur en France, par exemple, ou plus que l’ensemble des budgets transferts d’une saison de tous les clubs romands réunis (statistique officiellement réalisée avec un doigt mouillé).
Il y a quelques jours, c’est Chelsea qui a fait comme d’habitude quand il ne sait pas quoi faire: acheter un truc à Brighton. Après le coach Graham Potter, engagé en septembre 2022 pour 28 millions de francs et viré en avril 2023 (les Blues avaient aussi attiré cinq membres de son staff, l’assistant Billy Reid, les préparateurs Bjorn Hamberg et Bruno Saltor, l’entraîneur des gardiens Ben Roberts ainsi que l’analyste Kyle Macaulay pour la modique somme de 25 millions), les Londoniens ont cette fois visé le chef recruteur Sam Jewell, placé à son tour en «gardening leave».
À Brighton – où l’entraîneur Roberto de Zerbi est sur les tablettes du Bayern, du Barça et de Liverpool… – on a pu reconstruire tout le centre d’entraînement et un bout du stade grâce aux dollars de Chelsea. Les Blues ont payé en tout près de 300 millions aux Seagulls en quelques mois, parce qu’il faut ajouter à la facture des entraîneurs et de sa suite les achats du gardien Robert Sanchez, du défenseur Marc Cucurella et du milieu Moises Caicedo en l’espace de moins de deux ans, mais c’est encore là un autre problème.
Ces derniers temps, pour occuper les colonnes des médias sevrés de transferts, les rumeurs de transactions dans les bureaux redoublent d’intensité. Et des fois, on se demande bien pourquoi. La presse italienne a assuré que l’AS Roma était sur la piste de Florian Maurice, directeur sportif de Rennes. En Angleterre, les journaux affirment de leur côté que Richard Hughes, directeur technique de Bournemouth, aurait quant à lui des offres de la Louve, mais aussi de Liverpool. Comme Florent Ghisolfi de Nice d’ailleurs, club de la «pyramide Ineos».
Chelsea, de son côté, veut encore gonfler son imposante masse salariale en s’offrant les services du «gourou» de Brentford Bernardo Cueva, qui serait un vrai mage en termes de stratégie du coup de pied arrêté. Le (futur ex-?)coach de Stamford Bridge Mauricio Pochettino avait demandé à sa hiérarchie de trouver un joueur pour améliorer ce domaine. Ses (futurs-ex?) dirigeants semblent avoir répondu par le recrutement d’un préparateur supplémentaire dans le domaine.
Pendant ce temps-là, les supporters du Lausanne-Sport attendent toujours le directeur-sportif qu’on leur a promis depuis des lustres. Et vu le retard qu’a pris ce dossier, l’excuse du quart d’heure vaudois ne tient plus.