Dialecte: Les élus ne pourront pas débattre en schwyzerdütsch au National

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DialecteLes élus ne pourront pas débattre en schwyzerdütsch au National

Les conseillers nationaux ont refusé à une large majorité une motion d’un élu UDC qui demandait d’inscrire le suisse allemand parmi les langues de délibération.

Christine Talos
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Christine Talos
Le dialecte n’a pas sa place au parlement, selon une majorité d’élus.

Le dialecte n’a pas sa place au parlement, selon une majorité d’élus.

@ Parlamentsdienste

Les élus ne pourront pas débattre en suisse allemand au National. Les députés ont en effet refusé, mardi, par 164 voix contre 20, d’inscrire le dialecte aux côtés du hochdeutsch, du français, de l’italien ou du romanche, comme l’aurait voulu Lukas Reimann (UDC/SG) dans une motion. Seule une minorité UDC l’a soutenue.

«Le dialecte est la langue de toute la population. Il est indépendant du statut social. Il est parlé et compris par tous, et c’est finalement pour nous, Suisses alémaniques, la langue avec laquelle nous avons des relations émotionnelles étroites et dans laquelle nous pouvons nous exprimer de la manière la plus différenciée», a-t-il argumenté. Et de rappeler que plusieurs parlements cantonaux alémaniques permettaient déjà des débats en schwyzerdütsch et que celui-ci avait en plus les faveurs des jeunes et des réseaux sociaux. «Des élus proches du peuple se devraient de renforcer le dialecte en l’utilisant eux-mêmes», a-t-il lancé.

«Le suisse allemand est plus facile que le français»

Dans l’hémicycle, Lukas Reimann a également provoqué ses collègues romands. «Le suisse allemand est plus facile que le français! Il n’y a que deux temps», a-t-il lancé. Mieux vaudrait apprendre le suisse allemand que l’allemand standard, selon lui.

Ses propos n’ont pas manqué de faire réagir les parlementaires francophones. «Ne croyez-vous pas que les Suisses alémaniques devraient apprendre le français?» a ainsi rétorqué Ada Marra (PS/VD). «Je suis d’accord. Nous devrions comprendre le français, mais je ne veux pas le parler, parce que ce n’est pas joli», a répondu le Zurichois en suscitant l’hilarité. Céline Weber (Vert’lib/VD) a également ironisé en demandant à l’élu quel dialecte les Romands devaient apprendre: «le bärndütsch ou l’oberwalliserditsch»?

La motion n’avait pas les faveurs de la commission, présidée par Philip Bregy (Centre/VS), qui a estimé que le texte était impossible à mettre en œuvre et qu’il compliquerait la compréhension et les échanges entre les communautés linguistiques. «Et je vous en donne la preuve», a-t-il lancé en récitant un poème en haut-valaisan incompréhensible. «J'aime les dialectes - mais le soir autour d'une bière. Si nous voulons faire un travail sérieux ici, nous devons nous mettre d'accord sur un dénominateur qui permette à tous de suivre les débats. C'est aussi une question de respect que d'adapter sa langue de manière à ce qu'elle ne soit pas seulement belle, mais aussi compréhensible pour tous», a-t-il conclu. 

Travail des interprètes trop compliqué

Le Conseil fédéral n’était pas non plus favorable à la motion. Il soulignait que des débats en suisse allemand compliqueraient le travail des interprètes du parlement et rendrait difficile la publication écrite des prises de parole des élus. Il rappelait que dans les écoles d’interprétation, on enseigne et on s’exerce exclusivement sur la base de l’allemand standard. «Contrairement aux parlements cantonaux – où l’on parle un seul dialecte –, les interprètes du National devraient maîtriser chaque dialecte alémanique, chacun ayant ses spécificités et sa terminologie», critiquait-il.

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