Fanny Leeb: «J’ai écrit cette BD pour donner de la force aux gens»

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InterviewFanny Leeb: «J’ai fait cette BD pour donner de la force aux gens»

Guérie d’un cancer du sein, la chanteuse raconte sa vie dans «Face au vent». Un beau projet qui permet d’aborder sa reconstruction et son évolution après la maladie.

Fabio Dell'Anna
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Fabio Dell'Anna
La bande dessinée «Face au vent» de Fanny Leeb et Cyrielle Pisapia est disponible depuis le mardi 10 octobre.

La bande dessinée «Face au vent» de Fanny Leeb et Cyrielle Pisapia est disponible depuis le mardi 10 octobre.

Fanny Leeb

Fanny Leeb décide de transformer une période traumatisante en un sublime projet. La chanteuse sort le mardi 10 octobre une BD autobiographique. Fin 2018, l’artiste de 37 ans a annoncé souffrir d’un cancer du sein agressif. Aujourd’hui guérie, elle a retrouvé le sourire notamment grâce à sa famille, à ses proches, mais aussi à sa rage de vivre et à son courage.

Celle qui habite désormais à La Tour-de-Peilz (VD) nous confie au bout du fil qu’elle va très bien. «C’est le paradis où je vis. Tous les matins, je fais ma baignade dans le lac. Même l’hiver. Cela a des bienfaits incroyables sur la peau et le moral», dit-elle. Elle a cette nouvelle habitude depuis la fin de son combat contre la maladie.

Dans la bande dessinée intitulée «Face au vent», Fanny Leeb raconte la découverte de son cancer, mais surtout sa reconstruction et son évolution. D’une voix calme et sereine, elle nous explique comment elle a tenté de «dédramatiser le sujet».

Comment est venue l’idée de créer une BD?

J’avais commencé à écrire un livre, puis plusieurs signes sont venus à moi. Je n’avais jamais pensé à l’idée de faire une bande dessinée. À part «Tintin», je ne connais pas beaucoup ce monde. Un jour, une maison d’édition m’a contactée et m’a dit: «Vous ne pensez pas que ce serait un bon choix de faire une BD?» J’ai dit que j’allais y réfléchir et j’ai compris que c’était un projet génial. Avec les dessins, on peut dédramatiser le sujet. Cela rend la lecture plus légère. De plus, ce genre de thématique a déjà été abordée via le livre classique. Les images permettent de transmettre encore plus d’émotions. Au fur et à mesure que le bouquin prenait vie, je devenais de plus en plus heureuse du résultat.

Comment avez-vous abordé le sujet du cancer?

C’est mon histoire de A à Z. Il y a une mise à nu complète et sincère. Cela parle de l’annonce de mon cancer, mais j’aborde aussi ma reconstruction et mon évolution. La bande dessinée ne parle que de la maladie. J’axe surtout sur ce que j’ai appris durant cette période et de la manière dont je me suis relevée.

Sur la couverture, il y a plusieurs clins d’œil à votre vie. Comme le mot «Fearless» écrit sur votre veste, qui est le titre de l’un de vos singles.

Oui. D’ailleurs, dans toute la BD, il y a des QR Codes en fonction des images. Par exemple, lorsque l’on me voit écrire le mot «Fearless» avec mon frère Tom, on peut scanner le code et cela vous emmène directement sur la chanson pour l’écouter. Plus loin, on retrouve aussi une méditation avec ma voix. J’en ai fait beaucoup pour ma reconstruction. Dans notre société, on se sent parfois perdu et on doit faire face à beaucoup de pensées négatives, au stress, à l’anxiété… Je ne voulais pas retomber là-dedans. La méditation m’a permis d’être alignée avec moi-même et de m’apaiser. Je pense que mon cancer n’est pas arrivé par hasard. C’était un avertissement. Depuis cette expérience, je prends soin de mon bien-être. Maintenant, j’ai envie de vivre ma vie pleinement.

«Face au vent» est une ode à la vie et une prise de conscience que celle-ci est précieuse.»

Fanny Leeb, chanteuse

Quel but cherchez-vous à atteindre avec «Face au vent»?

Lorsque l’on vit une expérience très marquante et qu’on a envie de la partager, le but est d’aider les autres. Avec tous les messages bienveillants que j’ai reçus, notamment durant mes traitements, j’ai envie de donner de la force à ceux qui liront cette BD. Peu importe leur combat. «Face au vent» est une ode à la vie et une prise de conscience qu’elle est précieuse.

Votre entourage vous a beaucoup aidée pendant votre traitement. Votre frère, Tom, et votre sœur, Elsa, signent d’ailleurs la postface de la BD. C’était important qu’ils participent au projet?

Hyperimportant. Ils ont été deux piliers extraordinaires à mes côtés. J’ai été merveilleusement bien entourée par mes proches, par mon compagnon Oliver et sa famille, aussi. Mais c’est vrai que mon frère et ma sœur sont exceptionnels. Tom a coécrit une grande partie de mon dernier album, comme s’il vivait complètement ce que je traversais. Et ma sœur, c’est une combattante. C’est une petite cheffe qui a fait en sorte que tout se passe bien. Elle était extrêmement présente et impliquée. Naturellement, j’ai pensé qu’ils étaient le meilleur choix pour écrire cette postface.

Comment avez-vous choisi Cyrielle Pisapia, qui a fait les dessins?

On m’a envoyé pas mal de travaux d’illustratrices et illustrateurs. Je n’arrivais pas à m’y retrouver. Un jour, je reçois la BD de Cyrielle Pisapia. Elle est atteinte de sclérose en plaques et a sorti une œuvre sur l’acceptation de la maladie intitulée «Le Passager». J’ai trouvé ça formidable et j’ai pris contact avec elle. J’ai adoré son énergie et je me suis dit qu’il fallait absolument qu’on travaille ensemble. Elle est venue me rejoindre dans la maison que ma famille a dans le sud de la France – elle habite Marseille, ce n’était pas loin. Elle a su parfaitement retranscrire en images ce que je décrivais par les mots. Tout était tellement fluide. Cette nana est devenue aujourd’hui mon amie. C’est une très belle rencontre et je suis heureuse que ce projet se soit concrétisé avec elle.

Vous parlez de rencontre, allez-vous aussi voir vos fans pour la sortie de la BD?

Oui, je suis au taquet! Je pars le 16 octobre en van avec mon chien pour sillonner une partie de la France et dédicacer ma BD dans différentes villes. Je serai aussi à la librairie Payot de Morges le 13 octobre et à celle de Lausanne le 14. Un peu plus tard, je partirai au Maroc, car je suis marraine du trek rose. Il s’agit d’une aventure pédestre réservée aux femmes en quête d’aventures et de dépassement de soi. L’événement aidera à financer la recherche pour le cancer du sein. Je prépare également un documentaire et un album.

«Face au Vent» est disponible depuis le 10 octobre aux Éditions Leduc. Fanny Leeb dédicacera son livre le vendredi 13 octobre à Payot Morges, dès 18 h, et samedi 14 octobre à Payot Lausanne de 15 h à  16 h 30. Commandez ici.

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