France – Un procès pour la postière enceinte tuée de  28 coups de couteau

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FranceUn procès pour la postière enceinte tuée de  28 coups de couteau

Florence Aubenas en a tiré un livre. Ce lundi s’ouvre l’audience pour déterminer qui a lâchement  assassiné la mère de deux enfants en 2008 pour… 2600 euros.

L’office de poste de Montréal-la-Cluse où a été retrouvé le corps de Catherine B., lardé de 28 coups de couteau.

L’office de poste de Montréal-la-Cluse où a été retrouvé le corps de Catherine B., lardé de 28 coups de couteau.

AFP

Un meurtre sanglant, une enquête à rebondissements, un acteur un temps soupçonné et depuis porté disparu, et un suspect qui nie: la justice française se penche à partir de ce lundi sur le meurtre d’une postière en 2008, espérant lever les nombreuses zones d’ombre.

Les faits remontent au 19 décembre 2008: le corps de Catherine B. est découvert, lardé de 28 coups de couteau, dans l’agence postale où elle travaille comme guichetière, dans le village de Montréal-la-Cluse (est de la France). La quadragénaire, mère de deux enfants, était enceinte de cinq mois. Selon l’accusation, le mobile serait crapuleux, et le butin de 2600 euros.

L’enquête s’oriente rapidement vers un marginal, habitant en face de la Poste: Gérald Thomassin. Ce trentenaire est un ancien acteur ayant reçu en 1991 le César (la plus importante récompense du cinéma français) du «meilleur espoir» pour son rôle dans «Le petit criminel», un film de Jacques Doillon.

Le profil de ce cabossé de la vie et ancien toxicomane intrigue, tout comme son comportement. Il est vu un mois après les faits pleurant sur la tombe de Catherine B.: au cimetière, il confie à deux femmes des détails troublants sur la scène de crime. En juin 2013, il appelle son frère et, très alcoolisé, lui avoue être l’auteur du meurtre, avant de se rétracter le lendemain. L’ancien acteur, qui clame son innocence, est alors inculpé et écroué, avant d’être relâché en juin 2016.

En 2017, coup de théâtre: le fichier national automatisé des empreintes génétiques signale aux juges d’instruction une correspondance entre l’ADN prélevé sur un sac trouvé près du corps de la victime et un homme, Mamadou Diallo, mis en cause quelques mois plus tôt dans un vol de carte bancaire – une affaire classée sans suite. Cet ambulancier, lycéen au moment des faits, effectuait en décembre 2008 un stage en entreprise à cinq kilomètres de Montréal-la-Cluse.

«Il s’en veut» 

Devant les juges, ce nouveau suspect reconnaît s’être rendu le matin du meurtre dans l’agence postale où il affirme avoir découvert le corps de la quadragénaire. Il dit avoir paniqué et pris la fuite, après s’être emparé d’une liasse de billets. Décrit unanimement comme non violent, il nie être l’auteur du crime. «Il s’en veut énormément d’avoir pris les billets et de ne pas avoir dénoncé ce crime mais il avait peur d’être accusé», a expliqué à l’AFP son avocate Me Sylvie Noakovitch, «absolument convaincue de son innocence».

Elle relève que son ADN est retrouvé «sur un sac et sur le monnayeur mais il a reconnu le vol et s’être essuyé les mains sur ce sac». En revanche, aucune trace de son ADN n’est découverte ni «sur le corps ni sur le coffre-fort» retrouvé ouvert, ajoute-t-elle, en estimant que l’enquête a négligé «d’autres pistes». Fin août 2019, une confrontation est organisée entre Mamadou Diallo et Gérald Thomassin, qui ne se présente pas.

Enigme judiciaire

La trace de l’ancien acteur se perd après un contrôle dans un train de l’ouest de la France. Une information judiciaire pour «enlèvement et séquestration» a été ouverte en octobre 2019. Il reste depuis introuvable. Un non-lieu a été prononcé concernant sa possible implication dans le meurtre de la postière. Cette énigme judiciaire a fait l’objet d’un livre signé par la journaliste Florence Aubenas, «L’Inconnu de la Poste», paru en 2021, après plusieurs années d’enquête.

Malgré les nombreuses zones d’ombre, Mamadou Diallo comparaît seul devant la cour d’assises à Bourg-en-Bresse (est). Pour Me Noakovitch, «on prend Diallo parce que c’est le seul qui reste mais il n’y a rien contre lui à part de l’ADN sur lequel il s’est expliqué». Les experts psychiatres ne relèvent aucun trouble chez cet homme de 32 ans, son casier judiciaire fait uniquement mention d’un excès de vitesse.

(AFP)

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