Redevances SSR: les cinq reproches faits au service public

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Initiative à 200 francsRedevances SSR: les cinq reproches faits au service public

Train de vie des dirigeants ou orientation politique, la nouvelle initiative contre la SSR fait resurgir les mêmes griefs qu’avec No Billag en 2018.

Eric Felley
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Eric Felley
Avec son salaire qui dépasse les 500 000 francs par an, le patron de la SSR est la cible des initiants.

Avec son salaire qui dépasse les 500 000 francs par an, le patron de la SSR est la cible des initiants.

20 minutes

Le dépôt de l’initiative pour faire baisser la redevance SSR à 200 francs a réveillé les commentateurs, cinq ans après la votation sur No BIllag pour la suppression de cette redevance. Après une campagne particulièrement hargneuse, l’initiative No Billag, qui partait gagnante dans les sondages, avait fini par être rejetée en 2018 par 71,6% des votants. Les Suisses n’avaient pas voulu supprimer la SSR. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de la supprimer, mais de la faire maigrir de moitié. Dans les commentaires qui ont suivi l’article «Redevance SSR à 200 francs: éviter que cela dégénère», on distingue cinq catégories de reproches.

Le train de vie

Les partisans de la nouvelle initiative ironisent sur le train de vie des dirigeants de la SSR qui ont «un parc de voitures de luxe, et se partagent le pactole entre leurs petits copains…» Ils dénoncent les «journalistes, qui se baladent dans le monde entier pour aller faire des reportages sans intérêt», ou critiquent le déménagement à Lausanne: «Quand on n’a pas d’argent, on ne transfère pas de Genève à Lausanne. Faut pas jouer les riches quand on n’a pas de sous!» Enfin Gilles Marchand, avec ses 500’000 francs de salaire annuel, est «surpayé»: «Si on le divise par deux, ça fait 250’000 d’économies, soit 3 ct. par habitant», conclut untel.

La qualité des programmes

Ensuite, l’argument qui n’a pas changé depuis 2018 concerne la qualité des programmes «quand on voit certains programmes, c’est compréhensible de pas payer autant pour de la niaiserie». Un autre dénonce «des commentaires sportifs qui font de l’audiodescription». Finalement, la redevance sert à payer «la soupe qu’ils nous servent tous les jours», ou «la piètre qualité des émissions et les séries US» ou encore à «financer des gens qui sont incapables d’être inventifs, ne savent pas se renouveler».

L’orientation politique

Mais c’est sur l’orientation politique de la SSR que les critiques sont les plus récurrentes: «La prise en otage de l’information par les minorités agissantes est patente» ou «Les Suisses veulent de l’information et non de la propagande». Untel observe: «Le fait d’adopter l’écriture inclusive révèle l’orientation de la SSR/RTS». Pour un autre: «Chaque fois que je paie ma redevance Serafe, j’ai la désagréable impression de payer ma cotisation au Parti socialiste». Enfin, la RTS est composée d’une «bande de gauchistes issus de l’Uni de Genève», qui fait de «la propagande LGBT-woke-écolo-bobo et autres théories du genre» ou «la promotion de l’immigration», voire encore de la «propagande vaccinale».

Les journalistes

Enfin, il en faut pour les journalistes aussi. L’initiative permettrait de réduire «le nombre de journalistes imbus de leur personne, convaincus d’être plus subtils que leurs interlocuteurs et prêts à mordre tout ce qui représente notre cohésion sociale». Les commentateurs dénoncent «la cooptation de journalistes issus du même moule wokisme» ou qui «coupent sans cesse la parole aux représentants de droite».

Le coût de la redevance

Le principe de la redevance lui-même est contesté: «C’est un servage des temps anciens». Un autre estime: «C’est au fournisseur de contenu de mettre en place un système, tu paies tu regardes, tu paies pas tu regardes pas». Pour un autre: «Vu la soupe que nous sert la SSR, même gratuit ce serait encore trop cher». Enfin, la société qui est en charge d’encaisser la redevance, Serafe, est pointée du doigt pour «sa nonchalance et ses moyens pour recouvrir jusqu’à parfois 3 ans d’un coup et sans arrangements de paiement possible».

Le calendrier

Après le dépôt de l’initiative jeudi, le conseiller fédéral Albert Rôsti, chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), dispose de trois mois pour faire une proposition au Conseil fédéral concernant le destin du texte déposé jeudi. Soit il ne fait pas l’objet d’un contre-projet indirect (modification de la loi) et le Conseil fédéral a douze mois pour présenter son message au Parlement. En cas de contre-projet, le délai est de dix-huit mois. Les Commissions des transports et des télécommunications (CTT) des deux Chambres fédérales ont également la possibilité de présenter des propositions de contre-projet.

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