Escapade en avionAlain Berset risque de voir son élection à la présidence chahutée
Le Fribourgeois doit succéder à Ignazio Cassis à la tête de l’État en décembre. Il pourrait faire un mauvais score en raison de ses affaires privées.
L’escapade en France d’Alain Berset à bord d’un petit avion est-elle la goutte d’eau qui va faire déborder le vase fédéral? Plusieurs parlementaires bourgeois commencent à en avoir assez des affaires privées et de la manie du secret du conseiller fédéral fribourgeois. Ils pourraient bien le lui faire payer en décembre, lorsqu’il devra succéder à Ignazio Cassis à la présidence de la Confédération.
Manque de transparence
Ce qui les fâche surtout, c’est le manque de transparence du ministre fribourgeois. Car selon le SonntagsBlick, le ministre, qui ne voulait en outre pas que le public sache qu’il était pilote, n’aurait rien dit à ses collègues de son atterrissage forcé escorté par les avions de chasse français le 5 juillet dernier. Les autres conseillers fédéraux auraient appris l’affaire par les médias. Interrogé, le porte-parole d’Alain Berset, Christian Favre, confirme: «Aucune procédure judiciaire n’a été engagée. La situation ne justifiait pas une information du Conseil fédéral.»
Le SonntagsBlick rappelle qu’Alain Berset n’avait déjà rien dit à ses collègues, lors de la séance du Conseil fédéral du 18 mai dernier, de la détention préventive depuis vingt-quatre heures de son chef des médias, Peter Lauener, soupçonné de violation du secret de fonctions dans l’affaire Crypto, et qui avait dû quitter ses fonctions deux semaines plus tard. Un ministre aurait du coup été très fâché d’avoir dû l’apprendre par la presse, selon le journal dominical.
Un blâme dans les urnes?
La réticence du Fribourgeois à informer ses collègues se heurte à l’incompréhension de nombreux politiciens. Cela en dit long sur l’état d’esprit d’un gouvernement dont les membres se dispersent de plus en plus après le resserrement des rangs imposé par la pandémie, estime ainsi Roland Rino Büchel (UDC/SG). «On voit bien que les conseillers fédéraux n’ont plus confiance les uns dans les autres, indique-t-il. Ce qui est grave, c’est que cette méfiance semble justifiée. Ce Conseil fédéral traverse une phase difficile.»
Pour le conseiller aux États Damian Müller (PLR/LU), les affaires privées d’Alain Berset prennent désormais un aspect politique. «Il aurait dû mettre ses collègues au courant», estime-t-il. Une chose est sûre: tout comme Roland Rino Büchel, il ne l’élira pas à la présidence de la Confédération en décembre. D’autres parlementaires de droite devraient en faire de même, selon les deux politiciens – et infliger ainsi symboliquement un blâme au ministre socialiste via un mauvais résultat.