FootballLes discrets architectes du miracle napolitains
Qui aurait misé sur Naples en juillet dernier lorsque le club vendait ses cadres? Coup de projecteur sur la direction sportive qui a fait des Azzurri le champion des bonnes affaires.
- par
- Mathieu Aeschmann
Alors que Naples vient de basculer dans une liesse générationnelle, qui se souvient des tourments de l’été dernier? Déterminé à équilibrer ses comptes et rajeunir son effectif, le président De Laurentiis vendait alors ses cadres, Koulibaly (Chelsea), Ruiz (PSG), Ospina, Mertens et Insigne, sous les quolibets des tifosi inquiets. L’heure était à la restructuration et aux bonnes affaires. Des semaines incertaines qui, dix mois et un Scudetto plus tard, resteront dans l’histoire du club comme «le miracle napolitain».
Alors qu’au cœur de l’été 2022 les gazettes imaginent voir Cristiano Ronaldo et Keylor Navas débarquer au pied du Vésuve, les recrues déjà présentées se nomment Kvicha Kvaratskhelia, en provenance du championnat géorgien, Min-jae Kim (payé 18 millions à Fenerbahçe), Mathias Olivera (Getafe) ou encore Tanguy Ndombélé (prêt) et Giovanni Simeone (prêt). Ils sont les choix de deux hommes qui pensent au-delà du glamour et des garanties marketing: le directeur sportif Cristiano Giuntoli et le responsable du recrutement Maurizio Micheli.
Leur bilan 2022/2023? Une équipe qui gagne et qui séduit, 250 millions de plus-values marchande (selon le site transfermarkt), la création du mythe «Kvaradonna» par les tifosi et un Victor Osimhen promu deuxième avant-centre le plus cher d’Europe (derrière Haaland). Leur méthode? Plutôt œil que data, les réseaux avant les algorithmes. «Les qualités de «Kavara» étaient visibles depuis longtemps. Nous le suivions depuis trois ans, comme on le fait avec toute la génération 2004 aujourd’hui, expliquait en mars Cristiano Giuntoli au micro de Sky Italia. Il faisait des choses incroyables mais un peu comme un gamin. On espérait que les fenêtres de transfert passeraient et que personne ne s’en apercevrait.»
Déjà un miracle à Carpi
L’invasion russe en Ukraine et le retour précipité du prodige en Géorgie (depuis le Rubin Kazan) fera office de point de bascule. Naples était prêt alors que le reste de l’Europe regardait ailleurs. «Nous savions que c’était un grand footballeur. Et nous espérions qu’il puisse devenir encore plus fort que ce nous estimions. Après, nous avons malheureusement profité de l’éclatement de la guerre pour ramener ce garçon à la maison.» Aujourd’hui, «Kvaradonna» vaut 85 millions, soit huit fois le pari tenté par le staff napolitain.
Or ce coup de maître n’est pas un exemple isolé. Le prêt à 600 000 francs négocié avec Fulham à l’été 2021 pour le Camerounais Zambo Anguissa (définitivement acheté en 2022) s’est révélé un cadeau. Quant à l’impeccable défenseur central coréen Min-jae Kim – acheté seulement 16 millions à Fenerbahçe – sa clause libératoire fixée autour de 45 millions ne serait valable que lors des deux premières semaines de juillet. Une preuve de plus qu’à Naples, la direction sportive aime garder un temps d’avance.
Forcément, un tel savoir-faire attire les convoitises. Si bien qu’à l’instar de Kvaratskhelia et Osimhen, le duo Giuntoli – Micheli ferait tourné la tête de la Juventus. Il faut dire que le CV de Cristiano Giuntoli commence à ressembler à celui d’un prestidigitateur. Avant de rejoindre Naples en 2015, le Toscan avait en effet été l’homme de l’incroyable ascension de l’AC Carpi (Émilie-Romagne): quatre promotions en cinq saison dont une accession historique en Serie A au printemps 2015. À force, peut-on toujours appeler ça un miracle?