Transport aérienRome et Ryanair divisés sur le plafonnement des prix des billets
Le gouvernement italien veut limiter les prix des vols vers la Sardaigne et la Sicile, pendant les pics de la demande. La compagnie low-cost dénonce une mesure «illégitime et illogique».
Le gouvernement italien, qui a décidé de plafonner le prix des billets d’avion sur certains vols nationaux, a assuré, jeudi, respecter la législation européenne, la compagnie irlandaise Ryanair, premier transporteur aérien de la Péninsule, fustigeant de son côté une mesure «illégitime».
La polémique est née de la décision, lundi, du gouvernement d’extrême droite, dirigé par Giorgia Meloni, de limiter les prix des billets à destination de la Sardaigne et de la Sicile, «pendant les périodes de pic de la demande», c’est-à-dire pendant l’été essentiellement, à un maximum de «200% du prix moyen du billet», ce qui inclut donc les périodes creuses de l’année.
«Nous sommes intervenus dans le respect des règles européennes. L’État doit intervenir quand le citoyen est soumis à une action qui ne correspond pas aux règles du marché», s’est justifié, jeudi, le ministre des Entreprises, Adolfo Urso. «Il n’y a pas vraiment d’alternative pour les vols à destination des îles.»
Moins de vols?
Le PDG de Ryanair, Eddie Wilson, a, lui, dénoncé une mesure «illégitime et illogique», dans une interview au quotidien «La Repubblica» publiée jeudi. Ryanair, premier transporteur aérien en Italie, avec 56 millions de voyageurs au départ et à l’arrivée de la Péninsule, «se base sur un principe fondamental: augmenter les places à disposition dans les avions de manière à maintenir des prix bas», a assuré Eddie Wilson.
«En liant nos prix d’été au prix moyen de chaque vol», le gouvernement italien «nous incite à réduire le nombre de nos vols», dit-il. «Moins de vols et moins de places entraîneront une hausse des prix, pas une baisse. Vous savez où ils exultent après cette décision? À Malte, à Chypre et aux Canaries, ils savent que nous aurons davantage de vols chez eux, plutôt que de rester prisonniers en Italie», a-t-il assuré, annonçant un recours devant la Commission européenne.
Critique voilée
Cette dernière a d’ailleurs indiqué, jeudi, avoir demandé à Rome des éclaircissements sur ce décret-loi. «D’une manière générale, la commission soutient les mesures visant à promouvoir la mobilité à un prix raisonnable, conformément aux règles du marché intérieur de l’UE», a déclaré le porte-parole Adalbert Jahnz.
«Et, à cet égard, la concurrence durable permettant de fixer librement les prix est généralement le meilleur garant de prix raisonnables», a-t-il ajouté dans une critique voilée, rappelant que les États ne peuvent intervenir dans ce domaine que dans de rares cas très spécifiques.