FootballTout savoir sur l’Euro féminin
Le tournoi commence ce mercredi, pour s’achever le 31 juillet. Le point sur la compétition et sur les chances de l’équipe de Suisse.
- par
- Daniel Visentini
Initialement prévue à l’été 2021, la phase finale de l’Euro féminin a elle aussi dû composer avec le Covid et ses dégâts collatéraux. Pas de compétition l’année dernière, qui accueillait l’Euro 2020 et les JO eux-mêmes repoussés d’un an. Mais maintenant, tout est prêt pour le grand rendez-vous européen, l’Euro 2022, donc, dans les faits.
L’occasion de faire le point sur ce qui attend les meilleures footballeuses européennes. Eric Sévérac, entraîneur de Servette FCCF, porte son œil d’expert sur les forces en présence et sur l’équipe de Suisse, dans le groupe C.
Le lieu
L’Angleterre. Old Trafford à Manchester, pour le match d’ouverture (Angleterre – Autriche, mercredi soir), le temple de Wembley pour la finale le 31 juillet: c’est peu dire que les petits plats ont été mis dans les grands, dans un pays qui a accordé des moyens pour développer et donner du crédit au football féminin. Au total, cet Euro se jouera dans dix stades, répartis sur neuf villes.
La formule
Seize équipes sont qualifiées pour cette phase finale. Elles sont réparties en quatre groupes de quatre. Les deux premières équipes de chaque groupe seront qualifiées pour les quarts de finale.
Les favorites
Quelles sont les quatre équipes favorites qui pourraient se retrouver en demi-finale? Eric Sévérac donne sa composition du dernier carré.
L’Angleterre. Elle joue à domicile, elle a des ambitions. «J’en fais ma favorite pour la victoire finale, lance Eric Sévérac. La Fédération a mis les moyens pour sa sélection, il y a de fortes individualités dans ce groupe, il y aura le public anglais pour les soutenir. Seul bémol: le poste de gardienne, où je ne vois aucune fille capable de rassurer tout le groupe.»
Les Pays-Bas. Les Néerlandaises sont les championnes d’Europe en titre. «Elles ont été finalistes du dernier Mondial, rappelle Sévérac. Il y a quelque chose d’intéressant avec cette équipe, où plusieurs joueuses savent tout faire. C’est un peu l’esprit du football total de l’Ajax des années 70. À suivre.»
L’Allemagne. Pas de surprise: comme chez les hommes, la Mannschaft répond toujours présente. «C’est une équipe qui a une grosse expérience. Avec une sélectionneuse qui bosse depuis plus de trois ans et que l’on connaît bien: Martina Voss-Tecklenburg, ex-entraîneure de l’équipe de Suisse jusqu’en 2018. C’est solide, comme toujours.»
La France. Les Françaises attendent toujours un premier titre. «C’est une équipe qui regorge de talents, c’est pour cela que je la place dans le dernier carré, explique Eric Sévérac. Maintenant, la sélectionneuse Corinne Diacre s’est privée de joueuses comme Amandine Henry et Eugénie Le Sommer. C’est dommage. Sur le papier, cela reste une belle équipe. Je m’interroge sur certains choix de Diacre au milieu de terrain, dans sa sélection. Après, il faudra voir comment elle pourra gérer son groupe.»
Les outsiders. L’Espagne, belle équipe, très joueuse. La Suède, malgré son jeu carré, presque stéréotypé, mais souvent efficace.
L’équipe de Suisse
La Suisse est dans le groupe C en compagnie des Pays-Bas, de la Suède et du Portugal. Le sélectionneur, depuis 2019, est le Danois Niels Nielsen. Les derniers résultats, dans les matches de préparation en vue de cet Euro, n’invitent pas à l’optimisme: le 24 juin, gifle 7-0 infligée par l’Allemagne; le 30 juin, défaite 4-0 face à l’Angleterre. Soit 11 buts encaissés et aucun de marqué. Il y a mieux pour la confiance avant un grand tournoi.
«Oui, il y a de quoi être inquiet, souffle Eric Sévérac. Malgré ces deux résultats, avec ces buts encaissés, le problème de la Suisse se situe devant. Il y a un gros souci offensif dans cette sélection, avec Ana-Maria Crnogorcevic qui est bien seule devant et qui n’est pas cette joueuse capable de faire la différence toute seule, justement. Ces deux matches de préparation ont rappelé qu’il y a encore un vrai écart entre les meilleures nations et la Suisse. À force, les erreurs se multiplient et les buts tombent après la pause, parce que c’est dur pour la Suisse de tenir sans commettre de fautes durant 90 minutes.»
Quelles chances?
Quelles peuvent être les ambitions de la Suisse? Pour ne pas quitter le tournoi après les trois premiers matches, il faut figurer parmi les deux premières équipes du groupe C: réaliste quand on doit affronter les Pays-Bas et la Suède?
«J’aimerais y croire…, hésite Sévérac. Il faudra commencer par battre le Portugal, ce qui ne sera déjà pas simple. Et après envisager un exploit contre la Suède, ou les Pays-Bas. La Suisse en quart? Ce serait extraordinaire. Il faut surtout espérer que la sélection helvétique fasse de bonnes performances. Parce que c’est important pour le foot féminin en Suisse. Nous sommes un peu dans le dur actuellement, les choses ne se développent pas assez professionnellement en Suisse, je pense. Ce n’est pas encore suffisant. Alors si la sélection pouvait briller à l’Euro, ce serait bien.»