CyclismeLa Chine se met en selle pour les JO 2024
China Glory Nation va disputer le Tour de Poitou-Charentes dans un anonymat quasi total cette semaine. Cette nouvelle équipe de 3e division a un objectif bien précis: emmener des coureurs chinois aux Jeux olympiques 2024.
- par
- Sylvain Bolt
Dépossédé de son titre de champion d’Europe du chrono pour une demi-seconde par son compatriote Stefan Bissegger, Stefan Küng aura l’occasion de se refaire le moral du 23 au 26 août au Tour du Poitou-Charentes. Le Suisse est l’une des têtes d’affiche de cette course de quatre jours qui se joue généralement lors du contre-la-montre du jeudi après-midi. En France, Küng aura pour principaux adversaires le Français Benjamin Thomas et le Britannique Connor Swift, vainqueur l’an passé.
L’effort solitaire du jeudi sera en revanche une première pour l’une des équipes participantes à cette épreuve du circuit UCI continental (2.1). Car Glory Nation Cycling, qui est la première équipe chinoise au sein du peloton n’a encore jamais disputé de chrono sur sol européen. Créée en début d’année 2022, l’équipe continentale (3e division) a un objectif bien précis: aligner des cyclistes chinois aux Jeux olympiques de Paris 2024.
«C’est un projet hyperexcitant qui a démarré avec une page blanche, s’enthousiasme Lionel Marie, directeur sportif de Glory Nation Cycling. Il y a une douzaine d’équipes continentales en Chine, on fait des tests pour recruter les meilleurs au sein de notre équipe et nous disputons des courses en Europe. Actuellement, nous avons six cyclistes chinois, on essaie d’en aligner un ou deux par épreuve sur les épreuves européennes. Ils ont encore beaucoup à apprendre.»
Le Français, ancien directeur sportif de l’équipe Israël Start-Up Nation, fait partie d’un team international actuellement basé à Nice. Des coureurs étrangers ont été engagés par China Glory Cycling pour encadrer les «locaux» et leur inculquer la «culture cycliste». Ce sera notamment le cas du sprinteur italien Matteo Malucelli, qui s’est illustré en se frottant aux meilleurs mondiaux lors des sprints massifs de l’Artic Race en Norvège récemment. Le Transalpin encadrera le Chinois Changquan Xu, unique représentant de son pays sur le Tour du Poitou-Charentes.
Les Champs-Elysées en 2025?
Non aligné sur l’épreuve française, Lucas de Rossi fait également partie des coureurs étrangers engagés par la formation chinoise pour «encadrer» les cyclistes du pays asiatique. Des cyclistes souvent sans contrats, délaissés par les managers du Vieux-Continent.
«Je trouve mon rôle de formateur intéressant et l’idée de conduire les coureurs chinois pour les faire progresser dans l’optique des Jeux de Paris me plaît, souligne le Marseillais. Représenter un pays ne change pas grand-chose pour nous, mais nos coéquipiers chinois sont investis d’une sorte de mission. Au final, ce sont eux qui représenteront leur pays!»
Soutenue par le gouvernement chinois, l’équipe ambitionne de monter les échelons de la hiérarchie du cyclisme mondial. «Il y a un regard réel de la Chine sur les performances de notre équipe lors des courses, souligne Lionel Marie. Sauf erreur, nous sommes la seule formation sportive chinoise évoluant hors de Chine. On est fiers de les aider et l’objectif d’atteindre le World Tour est envisageable à terme.»
Les dirigeants de l’équipe ne le cachent pas. Ils visent une participation aux Jeux olympiques, mais aussi au Tour de France 2025. Les six coureurs chinois de «CGC» rêvent d’imiter Cheng Ji, premier coureur chinois à avoir disputé le Tour de France en 2014. Depuis Meiyin Wang, passé chez Bahrain Merida entre 2017 et 2019, l’Empire du Milieu n’a plus jamais aligné de coureurs au sein du peloton du World Tour, ni même en Continentale Pro (2e division). L’heure de gloire du cyclisme chinois va-t-elle bientôt sonner?