CandidaturesSuccession d’Alain Berset: quand, qui et comment?
Le siège d’Alain Berset sera revendiqué par un Alémanique. Parmi les papables: le Bernois Matthias Aebischer et le Zurichois Daniel Jositsch. Tandis que les Vert.e.s veulent aussi entrer au Conseil fédéral.
- par
- Eric Felley/lhu
Annoncé partant pour la fin de la législature, Alain Berset laisse son fauteuil à repourvoir d’ici les élections qui se tiendront début décembre, devant l’Assemblée fédérale. Une chose est certaine, après l’élection de la Jurassienne Élisabeth Baume-Schneider, à la place de Simonetta Sommaruga, ce sera au tour d’un socialiste alémanique de revendiquer le siège au Conseil fédéral.
Sur la RTS, le conseiller aux États Carlo Sommaruga (PS/GE) a salué mercredi le fait qu’Alain Berset ait annoncé son retrait suffisamment tôt et en fin de législature: «Le faire maintenant permet d’ouvrir la discussion au sein du parti, de préparer la succession durant l’été, de préparer des candidatures. Mais cela pourrait provoquer une autre dynamique, un appel à ce qu’un autre conseiller fédéral ne se représente pas. Guy Parmelin, après huit ans, pourrait le faire aussi».
Le PS sur le devant de la scène
Un éventuel retrait de l’UDC vaudois Guy Parmelin ouvrirait davantage le jeu, car là aussi, son fauteuil devrait retrouver une couleur alémanique. Quoi qu’il en soit, pour le conseiller aux États Charles Juillard (C/JU), le départ d’Alain Berset en pleine année électorale met le PS sur le devant de la scène: «Pour le PS c’est une aubaine, car on va parler de cette succession. Mais il faudra attendre aussi les résultats des élections fédérales de cet automne».
Actuellement les deux sièges du PS ne sont pas menacés au Conseil fédéral. Si le parti conserve la même force, il obtiendra un successeur à Alain Berset. Les figures les plus en vue sont au Conseil national Mathias Aebischer (PS/BE), 56 ans, et Jon Pult (PS/GR), 39 ans, et au Conseil des États Daniel Jositsch (PS/ZH), 58 ans. Ce dernier fait toutefois partie de la commission d’enquête parlementaire sur la reprise du Credit Suisse. Le cas échéant, le PS devra trouver une solution.
Interrogé en conférence de presse sur sa succession, s’il voyait un homme ou une femme, un Alémanique ou un Romand, Alain Berset a botté en touche: «Il faut que ce soit un être humain».
«Un homme socialiste et germanophone»
Pour Sean Müller, professeur en sciences politiques à l’Université de Lausanne, pas de doute, la personne qui succédera à Alain Berset devrait être «un homme socialiste et germanophone. Lors de la précédente élection, le genre était au cœur des discussions. Il fallait une femme pour atteindre une certaine parité. Cette fois, la pression va dans le sens d’un profil alémanique, pour rééquilibrer les choses (pour l’heure il y a 3 Romands, un Tessinois et trois Suisses allemands, ndlr). Ce d’autant plus qu’il y a des candidats très intéressants outre-Sarine, comme le socialiste Jon Pult, originaire des Grisons, qui parle romanche et vient de la Suisse orientale, actuellement sous-représentée», analyse le politologue.
Quant à un éventuel changement de parti, le spécialiste évoque l’hypothèse d’une percée des Verts ou des Vert’libéraux en cas de très bons scores aux élections en octobre, mais sans vraiment y croire. «Généralement, un parti accède à un siège après avoir passé la rampe trois élections de suite». La formule magique (règle tacite concernant la répartition des sièges entre les quatre grands partis suisses PLR, PDC, PS et UDC) devrait donc encore être respectée cette année, selon lui.
Les Vert.e.s en embuscade
Pendant ce temps, les Vert.e.s demeurent en embuscade, car ils revendiquent un siège au Conseil fédéral depuis leur progression aux dernières élections de 2019. La vice-présidente du parti, Isabelle Pasquier-Eichenberger (V/GE), l’a rappelé ce mercredi, après l’annonce du retrait d’Alain Berset: «Nous sommes convaincus que les Verts doivent être représentés au Conseil fédéral. Le PLR, qui a une force à peine plus grande que la nôtre, a droit à deux représentants. La formule magique actuelle n’est plus représentative de la population».
Cependant les Vert.e.s ne veulent pas prendre un siège au PS, en l’occurrence celui laissé par Alain Berset. Ils visent l’un des deux sièges du PLR. Tout dépendra du résultat des élections d’octobre prochain, pour lesquelles on n’annonce pas pour l’instant à Berne de grands bouleversements dans les rapports de force.