FootballMegan Rapinoe en quête d’un dernier trophée
La star américaine de 38 ans dispute dans la nuit de samedi à dimanche le dernier match de sa carrière à l’occasion de la finale du championnat nord-américain. Retour sur une carrière hors-norme.
- par
- Florian Paccaud
Le football va perdre une de ses légendes. Ce samedi soir à San Diego, Megan Rapinoe disputera le dernier match de sa carrière professionnelle à l’occasion de la finale du championnat nord-américain (NWSL), où son équipe, l’OL Reign, va affronter le NJ/NY Gotham FC (coup d’envoi à 2h du matin dimanche en Suisse). «Ça va vraiment être mon tout dernier match», a affirmé celle qui a pris sa retraite internationale avec le Team USA en septembre dernier (203 sélections, 63 buts).
L’Américaine de 38 ans va tenter de soulever un trophée qui manque encore à son palmarès. La Ballon d'or 2019 a notamment remporté la Coupe du monde en 2015 et 2019. Elle a également été championne olympique en 2012. En club, l’athlète a réalisé le doublé Coupe-championnat lors de son passage à Lyon en 2013/14. Et, à trois reprises, elle a fini en tête de la saison régulière de NWSL avec l’OL Reign, la franchise basée dans la banlieue de Seattle. «C’est la fin rêvée, il ne reste plus qu’à gagner», s’est réjouie la footballeuse de l’année 2019, qui n’a encore jamais triomphé en play-off.
Une footballeuse et une militante
Megan Rapinoe n’est pas qu’une footballeuse. Militante féministe et défenseuse des droits LGBTQIA+, elle a souvent, grâce au sport, pris position pour tous les combats visant l’égalité. «Il serait irresponsable de ne pas utiliser cette tribune à portée internationale pour essayer de faire bouger les choses», avait-elle notamment déclaré. Présente dans la liste pour le titre de «Femme de l’année 2023» du magazine américain Time, la star américaine a dédié son titre aux personnes trans. «La façon dont ces personnes refusent de vivre leur vie autrement que pleinement est tellement inspirante. Ce vœu d’être entièrement soi-même m’inspire.»
En 2016, la Californienne suscite la polémique en posant le genou à terre avant les matches, en solidarité avec le joueur de football américain Colin Kaepernik. Un geste pour protester contre les violences policières et le racisme dans la police. Si Kaepernik n’a pas pu continuer sa carrière à la suite de cette affaire, le genou au sol est aujourd’hui devenu un geste très courant pour marquer le soutien au mouvement «Black Lives Matter». «Cela me semblait être un impératif plutôt qu’un choix», a résumé Rapinoe dans son autobiographie «One Life».
Tensions avec Trump
Rapinoe et ses coéquipières avaient aussi connu des tensions avec Donald Trump. En 2019, pour montrer leur désaccord avec l’ancien président, qu’elles qualifiaient de raciste et misogyne, elles refusaient de chanter l’hymne des États-Unis avant les matches de la Coupe du monde en France. Après avoir conservé leur trophée, les Américaines avaient par ailleurs décliné l’invitation à la Maison-Blanche.
La star américaine a en outre beaucoup œuvré pour l’égalité salariale entre hommes et femmes. Le 8 mars 2019, la sélection américaine décide de poursuivre en justice la Fédération américaine de football pour «discrimination de genre institutionnalisée», réclamant l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.
En mars 2021, invitée au Capitole, elle avait affirmé: «J’ai été dévaluée parce que je suis une femme. Il est tout simplement inacceptable que nous nous battions encore pour l’égalité salariale. Si cela nous arrive à nous, si cela m’arrive à moi, alors que nous sommes sous les projecteurs tout le temps, cela arrive bien entendu à toutes les femmes.»
Une nouvelle ère
Un combat qui a porté ses fruits. En 2022, les joueuses américaines obtiennent 24 millions de dollars de la Fédération pour discrimination salariale. Avec un changement de loi: désormais, les sportives américaines prenant part à des événements internationaux touchent les mêmes montants que les athlètes masculins.
Cette amélioration des conditions des footballeuses s’est même répercutée au championnat national. La NWSL a annoncé jeudi dernier avoir vendu ses droits de diffusion pour 240 millions de dollars (environ 225 millions d’euros) sur quatre ans à plusieurs partenaires (ESPN, CBS, Prime Video et Scripps), soit quarante fois plus d’argent que le contrat actuel. 118 matches par saison seront diffusés, au lieu de 30.
Deux légendes vont tirer leur révérence ce soir, puisque Ali Krieger (39 ans), capitaine de Gotham, 108 sélections et deux victoires en Coupe du monde, dispute aussi son dernier match. Une nouvelle ère s’ouvre.