Mostra de Venise«Pauvres créatures» remporte le lion d’or
Le lion d’or a été décerné au film du réalisateur grec Yorgos Lanthimos, samedi soir à la Mostra de Venise. Les prix d’interprétation féminin et masculin ont été remis.
La Mostra de Venise a couronné un Frankenstein au féminin avec Emma Stone, au terme d’un festival marqué par la grève à Hollywood et l’invitation de cinéastes visés par le mouvement #MeToo. Avec «Pauvres créatures», le cinéaste grec Yorgos Lanthimos («The Lobster», «La Favorite»), habitué des festivals, arrive enfin à la consécration.
Le film est une sorte de Frankenstein au féminin, fantastique et baroque, en grande partie en noir et blanc. Parfois cru, «Pauvres créatures» est tout à la fois un divertissement et un message sur la façon dont les normes pèsent sur les femmes.
La star américaine Emma Stone, qui produit aussi le film, y incarne une créature candide qui fait son éducation sentimentale et sexuelle. Elle n’a pas pu faire le déplacement à la Mostra en raison de la grève qui paralyse Hollywood. Le film et Bella Baxter, son personnage principal, «une créature incroyable, n’existeraient pas sans Emma Stone, une autre créature incroyable», a déclaré Yorgos Lanthimos en recevant son prix.
Prix d’interprétation
L’acteur américain Peter Sarsgaard a remporté samedi le prix du meilleur interprète masculin à la Mostra de Venise. À 52 ans, Sarsgaard a remporté le prix pour son rôle d’un homme souffrant de démence, donnant la réplique à Jessica Chastain, dans «Memory» de Michel Franco.
Si les acteurs et scénaristes en grève à Hollywood perdent la bataille pour encadrer l’intelligence artificielle, le cinéma «ne sera que le premier de nombreux secteurs à tomber», a mis en garde l’acteur américain Peter Sarsgaard en recevant son prix d’interprétation.
L’utilisation de «l’intelligence artificielle» est une perspective «terrifiante», a-t-il déclaré en recevant son prix pour «Memory» de Michel Franco. Si la bataille est perdue dans le cinéma, l’intelligence artificielle sera utilisée dans d’autres domaines comme la médecine ou la guerre, ce qui «ouvre la voie à des atrocités», a-t-il ajouté.
Une «expérience magique»
La jeune actrice américaine Cailee Spaeny, encore peu connue du grand public, a remporté samedi soir le prix d’interprétation féminine pour son rôle de la femme d’Elvis Presley dans «Priscilla» de Sofia Coppola. «C’est une expérience magique et complètement inattendue», a réagi en recevant cet «honneur incroyable» l’actrice de 25 ans, qui réussit à incarner Priscilla Beaulieu-Presley de 14 à 29 ans, permettant à ce personnage jusqu’ici resté dans l’ombre de donner sa version sur sa vie au côté d’Elvis, avec qui elle fut mariée de 1967 à 1973.
Née le 24 juillet 1998 à Springfield (Missouri), Cailee Spaeny a décroché son premier rôle important dans le film de science-fiction «Pacific Rim Uprising» (2018) de Steven S. DeKnight, suivi par des apparitions la même année dans le thriller «Sale temps à l’hôtel El Royale» de Drew Goddard avec Chris Hemsworth, «Une femme d’exception» de Mimi Leder et «Vice».
Message de solidarité
La Mostra de Venise a envoyé samedi un message de solidarité avec les migrants lors de son palmarès, décernant trois de ses prix à des films centrés sur les drames liés à la crise migratoire. Le jury présidé par le réalisateur américain Damien Chazelle («La La Land»), a décerné son prix spécial à «Green Border», un film choc de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland sur le sort de migrants ballottés entre la Pologne et le Bélarus en 2021.
Le prix de la mise en scène est allé à l’Italien Matteo Garrone pour «Moi, capitaine», qui raconte l’odyssée périlleuse de deux jeunes cousins sénégalais à travers l’Afrique et la Méditerranée pour gagner l’Italie. Son jeune protagoniste, Seydou Sarr, a reçu le prix du meilleur espoir. Matteo Garrone, réalisateur de «Gomorra», a affirmé sur scène avoir «cherché à donner la parole à ceux qui ont vraiment vécu ce voyage».