L’échantillon de l’astéroïde Bennu contient de l’eau et du carbone

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Les scientifiques espéraient trouver cela, car cela pourrait expliquer comment la vie a été possible sur une Terre ensemencée par des astéroïdes.

C’est le matériel trouvé à l’extérieur de la capsule qui a été analysé, l’échantillon principal n’a pas encore été ouvert.

C’est le matériel trouvé à l’extérieur de la capsule qui a été analysé, l’échantillon principal n’a pas encore été ouvert.

AFP

L’échantillon de l’astéroïde Bennu rapporté sur Terre par la NASA contient de l’eau et du carbone en grande quantité, a annoncé mercredi l’agence spatiale américaine. Une découverte qui devrait permettre de mieux comprendre si les astéroïdes ont effectivement apporté sur Terre les composés ayant permis la naissance de la vie, comme le pensent certains scientifiques.

«Les molécules d’eau et de carbone sont exactement le genre de matière que nous souhaitions trouver», a déclaré le patron de la NASA, Bill Nelson, lors d’un événement organisé à Houston, au Texas. «Il s’agit d’éléments cruciaux dans la formation de notre propre planète, et ils vont nous aider à déterminer l’origine des éléments qui pourraient avoir mené à la vie», a-t-il ajouté.

Les premières images du plus gros échantillon d’astéroïde jamais rapporté sur Terre ont été projetées: de la poussière et des morceaux noircis. La mission Osiris-Rex avait prélevé cet échantillon en 2020 sur Bennu, un astéroïde de 500 mètres de diamètre situé alors à plus de 300 millions de kilomètres de la Terre. La capsule contenant la précieuse cargaison est revenue avec succès sur Terre il y a un peu plus de deux semaines, en atterrissant dans le désert américain.

Depuis, le méticuleux processus d’ouverture de la capsule se déroule dans une chambre blanche au centre spatial Johnson de la NASA à Houston. Selon les premières analyses, il s’agit de l’échantillon spatial le plus riche en carbone jamais rapporté sur Terre.

«Nous avons choisi le bon astéroïde!» s’est réjoui Daniel Glavin, scientifique à la NASA, parlant d’un rêve pour les astrobiologistes. «Le carbone est essentiel pour la vie sur Terre, nous sommes tous façonnés de carbone», a-t-il expliqué. En frappant la Terre, les astéroïdes comme Bennu auraient ainsi pu «ensemencer» notre planète. L’eau est, elle, présente sur Bennu emprisonnée dans ce que l’on appelle des minéraux hydratés.

«Nous pensons que c’est comme cela que l’eau est arrivée sur Terre», a expliqué Dante Lauretta, principal responsable scientifique de la mission. «La raison pour laquelle la Terre est un monde habitable, pour laquelle nous avons des océans, des lacs, des rivières, est parce que ces minéraux hydratés ont atterri sur Terre il y a entre 4 et 4,5 milliards d’années.»

De la matière bonus

Avant l’atterrissage de la capsule, l’agence spatiale américaine estimait avoir réussi à ramasser environ 250 grammes de matière sur Bennu, soit bien plus que deux précédentes missions japonaises vers d’autres astéroïdes. La NASA, pour qui une telle manœuvre était une première, devra encore confirmer cette estimation.

Peut-être d’ici «deux semaines», lorsque les équipes de la NASA auront réussi à appréhender l’échantillon entier, a dit à l’AFP Dante Lauretta. Car l’opération d’ouverture de la capsule a réservé des surprises. À cause de l’abondance de matière retrouvée à l’extérieur même du mécanisme de collecte, l’échantillon principal n’a pas encore été ouvert.

«Nous prenons notre temps pour réaliser un traitement méthodiquement, et nous occuper comme il faut de chaque morceau de Bennu», a expliqué Eileen Stansbery, scientifique en cheffe au centre spatial Johnson.

L’heureuse surprise de cette matière «bonus» s’explique par un incident survenu au moment du prélèvement de l’échantillon: juste après l’opération, la NASA s’était rendu compte que le clapet du compartiment de collecte ne parvenait pas à se refermer. La cargaison avait réussi à être sécurisée en étant transférée comme prévu jusque dans la capsule, mais à cause de cette fuite, les scientifiques s’attendaient à retrouver des résidus à l’extérieur du compartiment.

La matière déjà récupérée a été confiée à une équipe d’analyse rapide, afin d’obtenir une première idée de la composition de Bennu, révélée mercredi. L’échantillon a été passé au crible à l’aide d’un microscope électronique à balayage, de la diffraction de rayons X, et de mesures infrarouges.

Prévenir un risque de collision avec Bennu

Durant les six prochains mois, une équipe de la NASA va établir «un catalogue d’échantillons», a expliqué Francis McCubbin, responsable adjoint de cette équipe. Des scientifiques du monde entier pourront «demander de la matière pour étudier Bennu dans leur propre laboratoire», a-t-il souligné.

La majorité de l’échantillon sera conservée pour être étudiée par des générations futures, avec de nouveaux instruments plus performants et pour répondre à de nouvelles questions scientifiques. C’est ce qui avait été fait pour les roches lunaires rapportées lors du programme Apollo.

L’analyse de Bennu pourrait en outre se révéler très directement utile à l’avenir. Il existe un faible risque (1 chance sur 2700) que l’astéroïde frappe la Terre en 2182, une collision qui serait catastrophique. Connaître sa composition exacte pourrait ainsi aider à mieux comprendre sa trajectoire, et peut-être même, si besoin un jour, à calculer l’impact nécessaire pour la dévier.

(AFP)

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